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Le combat de Sophie Fabre pour un café de qualité

Aujourd’hui, il ne reste en France que 600 torréfacteurs. Un métier en voie de disparition qui nécessite de lourds investissements et subit la concurrence de grands groupes. Rencontre avec Sophie Fabre, 4e génération à la tête des Cafés La Tour à Perpignan (66), une TPE familiale indépendante qui se bat pour des cafés de grande qualité.

Entreprendre - Le combat de Sophie Fabre pour un café de qualité

Aujourd’hui, il ne reste en France que 600 torréfacteurs. Un métier en voie de disparition qui nécessite de lourds investissements et subit la concurrence de grands groupes. Rencontre avec Sophie Fabre, 4e génération à la tête des Cafés La Tour à Perpignan (66), une TPE familiale indépendante qui se bat pour des cafés de grande qualité.

Racontez-nous l’histoire des Cafés La Tour…

Sophie Fabre : L’histoire des Cafés La Tour a débuté en 1925 sur le pas-de-porte d’une petite épicerie située rue Grande-la-Réal à Perpignan dans les Pyrénées-Orientales. C’est dans cette première petite boutique que Jacques Murville et son épouse ont commencé à torréfier eux-mêmes des grains de café pour leur commerce. Devant le succès, Jacques et son fils Louis décident alors de se spécialiser dans la torréfaction et déposent la marque Cafés La Tour en 1933. Ils ont ensuite passé le relais à leur beau-fils Robert Fabre, mon père, qui a perpétué l’activité de torréfacteur indépendant. 

Vous êtes donc la 4e génération à la tête de l’entreprise familiale. Qu’est-ce qui vous a poussée à reprendre le flambeau ?

S.F. : En fait, ça s’est fait de façon naturelle, même si ce n’était pas un choix de départ. Après ma maîtrise en sciences économiques et mon DESS à l’Université de Toulouse, et vu que ma sœur était déjà bien installée dans son métier dans le stylisme à Paris, mon père a eu besoin d’aide. Je suis d’abord venue le rejoindre pour un stage en 1994, et… je suis restée ! J’ai commencé  à l’accompagner sur toute la partie commerciale, et comme il était à l’âge d’une retraite bien méritée, il a mis en place une transmission progressive, de façon très intelligente. Un an plus tard, j’ai pris les rênes. J’ai d’abord conforté puis développé l’activité commerciale au sein des Pyrénées-Orientales, que ce soit dans les CHR, GMS et commerces de proximité. Puis j’ai commencé à élargir notre zone de chalandise, avant d’ouvrir la boutique de l’usine au grand public.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

S.F. : Nous sommes toujours une TPE familiale indépendante qui exerce son métier de torréfacteur avec passion. Avec une équipe de 8 permanents et des agents commerciaux, nous distribuons 100 tonnes de cafés par an pour un chiffre d’affaires de un million d’euros. Notre stratégie en tant que torréfacteur indépendant est celle de l’escargot. On produit notre matière première qu’on distribue à un échelon très local que nous élargissons d’année en année. En plus du département où nous sommes évidemment très bien implantés auprès des particuliers, des entreprises, des collectivités, des CHR et de la grande distribution, nous sommes présents dans l’Aude mais aussi peu à peu dans toute l’Occitanie. Nous avons également choisi d’ouvrir au grand public notre boutique d’usine en décembre 2018, afin d’être au contact direct des consommateurs. Enfin, nous avons également un site internet qui permet aux particuliers de la France entière de découvrir nos différentes variétés de cafés.

Quels sont vos forces face aux grands groupes et à la vague Nespresso notamment ?

S.F. : C’est incontestablement la qualité, la traçabilité et la fraîcheur de nos produits ! On torréfie le matin, on met en poche et on vend dès l’après-midi, le jour-même ! Ce sont cette fraîcheur et cette réactivité qui plaisent tant aux amateurs de vrai café. Afin de proposer à nos clients une gamme variée de cafés de caractère, nous sommes partis à travers le monde, à la recherche des meilleurs crus. Nous travaillons de façon subtile les origines, les variétés et les assemblages, afin de restituer au consommateur le meilleur des arômes. Après la torréfaction, nos cafés sont immédiatement emballés – conditionnés en grains ou moulus – en sachet sous vide à valve unidirectionnelle. Une étape importante qui permet de conserver la qualité optimale de nos produits. Nous proposons également toute une gamme en bio équitable, sans pesticides, s’appuyant sur des cahiers des charges strictes au niveau de l’approvisionnement et de la fabrication, et qui a obtenu la certification Ecocert. Les meilleures sélections sont issues du Guatemala, du Pérou et d’Ethiopie. Des cafés « pures origines » certifiés et labellisés qui offrent des caractéristiques gustatives allant du doux au fruité acidulé.

Vous bénéficiez également de l’appui de grands chefs étoilés Michelin comme Gilles Goujon ?

S.F. : Oui, et nous en sommes très fiers. Dès son lancement, sous la dénomination « Premium », notre sélection issue des meilleurs assemblages d’arabicas de régions a été choisie par des étoilés Michelin (L’auberge du Vieux Puits à Fontjoncouse, L’Auberge du Cellier à Montner, etc…) mais également par de nombreuses Toques Blanches du Roussillon.

Vous avez également initié la création du réseau « Emeraude, Les torréfacteurs de valeurs ». Pourquoi ce regroupement ?

S.F. : Oui en effet, parce que nous ne sommes plus que 600 torréfacteurs indépendants en France, 1000 si on compte les boutiques. La profession est en voie de disparition, puisqu’il n’existe plus qu’un ou deux torréfacteurs dans certains départements. Je me suis rendue compte qu’on était tous isolés, mais qu’on avait pourtant tous les mêmes problématiques. Alors, en échangeant avec d’autres torréfacteurs, on s’est dit pourquoi ne pas mailler le territoire français avec des torréfacteurs indépendants pour mutualiser certaines actions et fonctionner comme un groupement d’achats ? On s’est réuni au Salon du café à Milan en janvier 2019 et on a décidé de se voir au moins deux fois par an. Nous sommes déjà 26 aujourd’hui à faire partie du Réseau Emeraude, et à défendre les mêmes valeurs. Cette mise en commun nous permet de nous positionner sur de nouveaux marchés, notamment de répondre à des appels d’offres nationaux.

Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?

S.F. : Déjà, avant toutes choses, de continuer avec la plus grande rigueur, à respecter le client et le produit, en proposant des cafés d’exception. Mais aussi de continuer à surprendre les consommateurs avec de nouvelles qualités gustatives. Enfin, bien entendu, de poursuivre notre développement bien au-delà de notre région, et je l’espère même hors de nos frontières. 

De l’humour dans les packagings

Pour se différencier des autres marques, les Cafés La Tour ont innové avec des packagings originaux et pleins d’humour, mettant en exergue l’identité de chaque café au travers de dessins artistiques et colorés, réalisé par Les Pritchard’s, un couple d’artistes catalans renommés.

Propos recueillis par Valérie Loctin


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