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L’avenir des retraites : chronique d’une mort annoncée, celle de notre société

Elisabeth Borne (Photo by Eliot Blondet/ABACAPRESS.COM)

La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

Voilà plusieurs semaines que les organisations syndicales rassemblent, unitairement et progressivement des millions de manifestants qui s’opposent au projet du président de la République visant à réformer le système historique des retraites par répartition.

À défaut que la question soit enfin évoquée par les médias d’opinion et les commentateurs politiques, il convient de constater que la seule approche de ces derniers soit de spéculer sur l’avenir du gouvernement et sur les risques de désordres institutionnels. La question qui les occupe tous est-elle réellement celle de la réforme du système de retraite par répartition ?

Le constat est pourtant relativement clair. Aujourd’hui, le financement du budget des retraites se fonde sur la base d’un cotisant pour 2,5 inactifs. Pas besoin d’être issu de l’Inspection Générale des Finances pour en conclure que, contrairement à ce que nous avons connu dans la seconde moitié du XXe siècle, il est mathématiquement impossible de financer « décemment » les retraites à venir. Encore aurait-il fallu user d’une pédagogie plus respectueuse des citoyens et surtout plus convaincante ! Encore aurait-il fallu avoir recours à des procédures politiques consensuelles, ce qui était sans doute délicat après le résultat incertain des dernières élections présidentielles et législatives de 2022. Pour parachever cette chronique d’une révolte populaire annoncée, le recours à une dizaine de votes successifs en application de l’article 49-3 de la Constitution, notamment en cette soirée du 16 mars 2023, était certainement la décision qu’il convenait d’éviter de prendre. Cruel manque de clairvoyance de la part d’une équipe qui ne manque pas de juristes, quand on sait, qui plus est, que le Conseil Constitutionnel va certainement rejeter le texte !

Par ailleurs, on aura compris que le projet avait initialement pour ambition de trouver environ 15 Mds d’euros pour financer les retraites à échéance de 2030, somme qui a largement été revue à la baisse après les diverses tractations de ces dernières semaines. N’aurait-il pas été plus opportun, et plus efficace de contribuer à augmenter les ressources en augmentant le nombre de cotisants. Personne n’ignore, en effet, que plus d’1 million d’emplois ne sont pas pourvus en France, au grand dam des entrepreneurs qui cherchent à recruter. Qu’il y a, en miroir des 3,5 millions de chœurs recensés, plus de 6 millions de chômeurs réels et plus de 10 millions de personnes (familles comprises) qui sont en marge de la misère sociale. Oui, il serait possible de trouver au moins 1 million de cotisants supplémentaires. Mais il faudrait le vouloir politiquement et mettre en place les politiques adéquates. Par exemple en développant des incitations crédibles, beaucoup de chômeurs seraient prêts à se reconvertir ou à faire le choix d’un travail même partiel, à condition que l’État prenne en charge et finance le delta entre le salaire du nouveau poste et celui de l’ancien. C’est l’une des pistes à suivre, redonner du pouvoir d’achat à ce million (a minima) de personnes, retrouver un million de cotisants supplémentaires et faire baisser drastiquement le cout global du chômage.

Une réforme qui sera nécessaire à terme

Il n’est pas question, à l’occasion de cette chronique, de prétendre que le niveau de chômage, l’évolution de la pyramide des âges, les progrès en matière de santé, etc. ne justifient pas de faire évoluer le système existant. Une réforme est nécessaire. La méthodologie aurait sans doute mérité d’être plus subtile et sans doute mieux expliquée. Réformer les retraites est sans doute, dans l’esprit de l’intéressé, le grand chantier social du président Macron depuis son arrivée à l’Élysée après le scrutin de 2017.

 Mais il faut se souvenir que sa première tentative qui était, lors de son premier quinquennat, de créer un système universel à points a été stoppé net dans son parcours parlementaire par l’épidémie de Covid.

Aujourd’hui, on ne parle plus aussi clairement de faire disparaitre le système français par répartition pour l’offrir aux appétits des fonds de pension américains, mais on espère enfin voir disparaitre tous les régimes spéciaux. Le système qui en sortira à termes sera relativement complexe et multiforme. Comme je le disais en préambule, la méthodologie aurait mérité d’être plus claire et plus didactique et qu’elle n’évoque pas, de façon autocrate, des objectifs ressentis comme inégalitaires. Il s’agit d’une réforme qui devra prendre en compte les cas d’espèce, que ce soit dans un sens (avantages éhontés de certains, surprofits des capitalistes, etc.) ou dans un autre (pénibilité de certains métiers, injustices subies par les femmes, etc.).

Les futurs retraités sont assez divisés sur cette question, car, outre les questions de pénibilité, chacun a sur la question un ressenti personnel. On ne peut pas traiter une population entière selon des abaques mathématiques. Les problèmes sont à traiter au cas par cas, et avant de se préoccuper de la façon de vivre avec moins d’un SMIC mensuel, on pourrait, dans un monde moderne et plutôt riche, mieux répartir les fruits globaux de la croissance nationale. Que dire, en pleine crise énergétique, des supers profits de nos géants du monde pétrolier ?

La dernière enquête du CEVIPOF (février 2023) est sans appel sur le niveau de confiance des Français dans leurs institutions. 26 % d’entre eux font confiance au gouvernement, 28 % aux députés, 30 % à l’institution présidentielle et 32 % aux sénateurs. S’agissant du fonctionnement de notre démocratie, le ressenti des citoyens est dans des proportions similaires, puisqu’environ 35 % seulement d’entre eux s’estiment satisfaits.

Voilà des semaines que les médias ne parlent que du rejet populaire du projet de réforme des retraites. Je suis surpris que les commentateurs politiques tournent en rond sur cette question sans ouvrir les débats sur un problème plus large et tout à fait fondamental, les Français sont, d’abord et avant tout, mécontent de la façon dont les institutions gouvernent le pays, méprisent la population, contribuent à rendre notre société de plus en plus inégalitaire et injuste et n’entendent rien de ce qui vient de la « rue ».

Il faut effectivement se demander si les manifestants qui se rassemblent désormais chaque semaine dans toute la France sont uniquement motivés par la seule question des retraites. Je serais assez tenté de dire que c’est plutôt un faisceau de mécontentements multiples qui fédère les Français contre le mode actuel de l’exercice du pouvoir par un seul homme qui tire de sa légitimité électorale (pourtant fragile) le sentiment qu’il peut tout faire, tout entreprendre, tout décider.

Depuis 3 ans, la situation en France est facteur d’inquiétudes pour une majorité de citoyens. Quel que soient les statuts sociaux, les niveaux de revenus, les états de santé, etc. nos concitoyens ont été frappés par une succession d’événements déstabilisants, la maladie, la guerre et la crise économique.

S’agissant de la pandémie de la Covid, les Français ont très mal vécu les confinements, le blocage de l’économie et les changements profonds des habitudes de travail, par peur des risques morbides réels induits par cette et des morts plus nombreuses qu’on ne le croit. Par la suite, alors que la reprise économique semblait se profiler dès l’été 2021, dès février 2022, la Russie s’est engagée dans une « opération spéciale » en Ukraine. Nouvelles peurs, avec les espoirs perdus de la reprise économique dans le bruit des bombes, la destruction des villes rasées et les assassinats de civils par des milices incontrôlables.

La mise en place des sanctions contre la Russie a provoqué une inflation des prix à la consommation et un appauvrissement global des européens les moins favorisés. En toute logique, la misère sociale va aller grandissante, les classes moyennes, hautes et basses, paieront des impôts de plus en plus disproportionnés, et les capitalistes les plus fortunés sauront échapper par tous moyens au nécessaire besoin de financement de notre démocratie. La problématique que révèlent les manifestations sociales, ce n’est pas celle de la réforme des retraites. L’âge de départ à la retraite est une affaire très personnelle. En dehors des choix justifiés par la maladie, la pénibilité ou la simple envie de faire autre chose de sa vie, pourquoi fixer l’âge limite à 64 ans et pas 60, mais aussi pourquoi pas à 75 ans pour ceux qui le souhaitent.

Une question centrale

Les raisons qui motivent les manifestants ne sont guère aujourd’hui différentes de celles qui avaient en leur temps susciter l’occupation des ronds-points par les « Gilets Jaunes » ! Elles sont liées à trois points précis, le prix des énergies, fuel domestique et carburants pour les automobiles, la hausse des prix des denrées alimentaires, et un fort sentiment d’injustice entre ceux qui vivent des fruits de leur travail et ceux qui ne s’en sortent qu’en faisant appel aux différentes aides alimentaires.

Il y a désormais une fracture visible au sein de notre corps social. La société de 2023 est fondamentalement de plus en plus injuste et inégalitaire et les contribuables s’interrogent sur l’utilisation de leurs impôts. Une des raisons principales est que l’État vit au-dessus de ses moyens. Je n’y reviens pas, tout le monde a conscience de ce que coûte cette démocratie en laquelle les Français n’ont plus grande confiance. On trouve aisément sur Internet les coûts induits par le fonctionnement du parlement, des cabinets ministériels et des partis politiques. Et si l’État vit au-dessus de ses moyens, il en est de même, de plus en plus, dans les collectivités locales dont les effectifs ont explosé et qui ont fait en quelques années de nos élus municipaux de petits potentats locaux.

Rajoutons au sentiment d’injustice qui se développe chez les citoyens la certitude que les plus riches d’entre eux ne participent pas à l’effort national à hauteur des avantages qu’ils retirent du système. Les superprofits inacceptables qui sont engrangés par certains (pétroliers, transporteurs, laboratoires, etc.) proviennent de la hausse des prix générée par l’inflation et le versement d’aides publiques et donc de l’argent des consommateurs, soit par leurs achats, soit par leurs impôts, et devraient contribuer à l’effort national.

On nous explique que les prix à la consommation subissent des augmentations dues à la hausse des coûts de transport, comme s’il s’agissait de données exogènes desquelles on est tributaires, et puis, brutalement, on se rend compte que les plus grosses entreprises françaises de transport international engrangent des plus-values incommensurables. En bon français, on appelle ça « marcher sur la tête » lorsque le gouvernement n’en veut pas tenir compte !

Une autre morale politique

Rappelons-nous une autre époque ! Le 30 mai 1968, le peuple rassemblait un million de personnes sur les Champs Élysées. Après un mois de grèves, d’occupations d’usines et d’universités, de manifestations et d’affrontements que le pouvoir en place ne parvenait pas à maîtriser, le général de Gaulle réunissait le Conseil des ministres avant de prononcer une allocution retransmise uniquement par à la radio.

En cette occasion historique rappelant son appel du 18 juin 1940, il précisait que, détenteur de la légitimité nationale et républicaine, […] il avait pris ses résolutions et annonçait son maintien à la tête de l’État, la dissolution de l’Assemblée nationale et de nouvelles élections. Dans les minutes qui suivirent, une foule immense se rassemblait pour défiler sur les Champs-Élysées et lui apporter son soutien.

Aujourd’hui, après sept journées de manifestations contre une réforme des retraites refusées par le peuple français, on a constaté, sur l’ensemble du territoire que le mécontentement populaire avait pu rassembler jusqu’à 3 millions et demi de personnes. Dans une démocratie parlementaire, les élus sont effectivement choisis par les électeurs pour porter leurs voix ! Il devrait en être ainsi pour les députés qui ont le contact avec leur circonscription. Or il semble qu’une fois élu, ces derniers ne sont plus les représentants du peuple mais les « bons soldats » des partis politiques auxquels ils appartiennent. C’est pour cette raison qu’on entend dans les couloirs du Palais Bourbon des voix évoquer le principe de fidélité à la majorité ou à l’opposition, et parfois accuser certains de traîtrise !

Il devrait en être de même s’agissant du président de la République dont la légitimité juridique repose sur le vote, mais dont la légitimité morale ne doit pas faire table rase des circonstances qui l’ont amené au pouvoir. Le président a voulu se placer au-dessus de « la mêlée » :

« […] Je ne sous-estime pas le mécontentement dont vous vous faites le porte-parole comme les angoisses exprimées par de nombreux français inquiets de ne jamais avoir de retraite. Depuis mon élection, j’ai toujours montré mon attachement au dialogue avec les français comme avec les organisations syndicales et professionnelles, ainsi qu’au respect de nos institutions et d’un débat démocratique au parlement, même quand les conditions étaient extrêmement difficiles compris pendant la crise sanitaire. […] ».

Les éléments de langage de élus de la majorité ou des ministres en poste sont décevants ! La promesse d’une retraite minimum à 1.200 euros par mois pour tous a largement évolué en quelques semaines. Au final, moins de 10 % des nouveaux retraités seront potentiellement concernés par une augmentation d’à peine 100 euros (ce qui impacterait seulement quelques milliers de retraités chaque année). Sachant que cette dernière évaluation dépendra des conditions de cotisations que le gouvernement ne définira que « plus tard » par décret. L’arbitrage n’a pas encore été rendu par l’exécutif. Promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent !

Si on rajoute à cela l’impact de l’inflation qui semblerait se stabiliser en moyenne à 5,5 %, mais qui en réalité, sur des postes importants, dépasse allègrement les 15 %, voire les 20 % (carburants et nombreuses denrées alimentaires de base), l’évolution des revenus des ménages les moins fortunés suit plutôt une tendance baissière. Le rêve d’une retraite à 1.200 euros minimum risque bien de se transformer en une escroquerie intellectuelle, une sorte de cauchemar pour les Français les moins fortunés qui devront compter sur les associations d’aide aux plus démunis pour nourrir leurs familles et faire des choix entre se chauffer et manger.

Aujourd’hui, 16 mars 2023, le gouvernement vient de faire le choix de ne pas faire voter le parlement mais de recourir à une procédure de vote bloqué. Le risque des mations de censure et de la chute du gouvernement sont brutalement revenus à l’ordre du jour. Que va-t-il se passer dans les prochains jours, après la bronca des députés face à la première ministre ?

Cette façon de répondre et le ton employé par le chef de l’État, est-ce un malentendu ou  une maladresse ? Lorsque le général de Gaulle exprimait sa volonté politique et ses résolutions, il savait pouvoir compter sur une légitimité républicaine née du suffrage universel et d’un soutien populaire immédiat qui se traduisait par une foule d’un million de français, de tous bords politiques, et de toutes confessions philosophiques. Rajoutons à cela que l’abstention en 1965 était d’environ 15%, soit deux fois moins qu’en 2017.

Lorsque l’actuel président rappelle son respect des institutions et du débat démocratique, il a juridiquement raison. L’élection présidentielle l’a porté légitimement au pouvoir pour un second mandat, mais les élections législatives qui ont suivi ont été plus un camouflet qu’une victoire puisqu’il ne dispose plus que d’une majorité relative au parlement, ce qui ouvre la porte à toutes les manigances possibles en coulisses de la République.

Comme je l’avais indiqué dans une ancienne chronique, la prise en compte des chiffres réels donnaient une illustration sans fard des résultats du scrutin, compte tenu de l’importance de l’abstention, second « parti » de France avec 28,01 %, le président Macron atteignant seulement 38,52 % des suffrages et Mme Le Pen 27,28 %.

La parole des électeurs qui se traduit dans la rue ces dernières semaines n’est pas entendue, elle ne le sera pas. Les éléments de langage repris par les membres du gouvernement le démontrent. Ils ne confirment pas une volonté politique affirmée pour un projet juste, bien pensé, conçu de manière cohérente et destiné à « construire une Nation plus forte, plus juste et plus résiliente ». Tout se passe comme si le président estimait que son élection s’était fait sur un programme majoritairement compris et accepté et que la légitimité du suffrage universel (même au rabais) l’autorisait à tout faire sans se préoccuper de la base réelle de cette légitimité (soit 38 %). Il est en effet troublant de constater que ce ratio (1/3 pour et 2/3 contre) est approximativement celui qui ressort des sondages d’opinion sur l’acceptation ou le refus de la réforme des retraites et surtout, de sa politique.

Les fractures se dessinent entre les victimes du système et ceux qui réussissent à s’enrichir en captant des superprofits. Et la révolte ne peut que couve. Je n’oserais pas prononcer le mot de révolution car mon instinct me pousse à promouvoir des solutions humanistes et progressistes. On ne peut pas laisser notre pays s’enfoncer dans cette opposition entre les nantis et les laissés pour compte.

Rappelons que c’est le même président, qui lors de la campagne de 2012, avait commis un livre au titre prémonitoire : « Révolution » ! Il y développait les thèmes des sept principaux objectifs du candidat qu’il était alors, des objectifs qui ne se sont jamais traduits dans les faits, parmi lesquels on relevait l’idée de créer une fiscalité « qui récompense la prise de risque » et l’innovation en évoquant une réforme de l’ISF, et celle d’organiser le pilotage des comptes publics qui devaient passer par la « fixation d’un objectif de dépenses publiques.

Le malaise est donc plus profond qu’il n’y paraît ! Si la réforme des retraites est nécessaire, les manifestations qui agitent la France depuis plusieurs semaines sont liées à des problématiques plus profondes, le rejet des élites politiques et économiques. L’explosion est peut-être proche, surtout si on ne veut pas entendre la parole de ceux qui souffrent. Toutes les conditions sont réunies pour que de nouvelles manifestations viennent balayer nos vieilles démocraties. Dans un tel contexte, les solutions doivent être politiques, la France laborieuse et inventive doit retrouver foi en ses valeurs et redévelopper ce qui a toujours fait sa richesse, l’entrepreneuriat, dans le cadre d’une idée relativement simple, un cadre moral, le capitalisme équitable !

La France ancestrale et ses énergies font face à tous ceux qui aujourd’hui viennent refuser les principes et les valeurs républicaines. Il n’y a plus d’unité, je dirai même plus clairement qu’il n’y a plus d’idée de Nation. Car cette idée est rejetée dans la conscience collective, dès l’enfance et durant la formation scolaire primaire. L’expliquer demanderait une chronique toute entière, puisqu’une partie de cette jeunesse ne se considère pas comme appartenant à la collectivité nationale.

D’un point de vue économique, on l’a déjà maintes fois écrit, la recherche du profit et le rejet de la valeur « travail » contribuent à creuser d’autres abîmes entre ceux qui subissent et ceux qui profitent du système. La démocratie à la Française doit redonner toute sa place à la juste répartition de la valeur créée. La création de la richesse nationale doit pouvoir bénéficier à l’ensemble du corps social, dans de justes proportions.

L’objectif n’est ni de permettre les abus, ni de financer le « mille-feuille » administratif qui, à sa manière, ruine la Nation et détourne des budgets créatifs d’emplois vers des organisations qui ne servent qu’à entretenir des individus sans compétences et non créateurs de valeur. Il ne s’agit plus de créer de nouveaux impôts mais d’envisager une contribution complémentaire déductible des résultats des entreprises qui contribuerait en partie au financement des retraites groupes.

L’économie capitaliste des démocraties occidentales est fondée sur la liberté d’entreprendre. Mais avec quel objectif pour l’entrepreneur ? Inventer un produit, le vendre ou fournir un service, développer des innovations, ou faire du profit ? Entreprendre implique d’investir, et l’impact des coûts sur la production nécessite qu’en contrepartie l’activité procure des bénéfices. La question se pose donc du montant de ces bénéfices et de leurs destinations.

Entreprendre sans rechercher la rentabilité est pure folie. Mais entreprendre n’est pas une activité anodine, dans laquelle le profit deviendrait sa seule et unique priorité.

Quand la financiarisation paroxystique du capitalisme impose sa règle du profit-roi, il faut faire vivre des utopies. Ce sont ces dernières qui, au milieu des soubresauts de l’histoire, ont heureusement fait avancer la conscience humaine. Ce sens de la responsabilité et de l’équité devrait nous guider plus qu’ils ne le font, c’est un enjeu essentiel pour que « le capitalisme cesse de marcher sur la tête », je reprends maintenant une ancienne citation du président de la République. Il faut donc en revenir à l’idée d’un capitalisme « équitable » ! Faire « travailler l’argent » (qui n’est que l’intermédiation entre l’échange de biens et de services) et non l’humain est une vision égoïste, à courte vue, car en économie, c’est la consommation qui tire la croissance vers le haut. Il serait donc opportun de définir un juste équilibre entre l’intérêt des porteurs de capital, l’avenir de l’entreprise, la juste rémunération des salariés et même leur participation à la Le travail demeure, je le crois, une valeur ancrée dans nos gènes, une attitude humaine fondée sur des principes humanistes, et non une « déviance » de la domination de l’Homme par l’Homme. Le fait de « travailler » construit notre identité, forge notre fierté et notre utilité, il démontre notre liberté d’être dans un monde réel et il nous permet d’accéder à cette citoyenneté qui nous unit au sein de la Nation. Alors oui, le régime des retraites doit évoluer, mais la Société également. et pour cela, elle doit être plus juste et plus équitable. Il faut inventer une 3e voie au capitalisme « sauvage » qui opère aujourd’hui. Rien ne justifie qu’un homme vaut 10000 fois plus qu’un autre. Le travail comme socle d’une société en perte de repères qui ne peut être représentée par des pseudo-élus dont la seule ambition est de créer le chaos et le mépris de notre « république ». Nos ancêtres nous ont montré la voie en repoussant les envahisseurs pour préserver notre civilisation, celle des droits de l’homme. Notre représentation nationale doit être digne et montrer l’exemple, et non ce spectacle désolant, tout en se félicitant du désordre ambiant.

Création de valeur.

L’équité, mais bien plus encore, la légalité de ces super profits est remise en cause par la morale qui devrait être de plus en plus présente dans le monde actuel, une morale qui doit prendre sa place dans le cadre de notre République, de ses principes et des valeurs fondamentales qu’elle porte. On peut donc parler sans trop se tromper de « capitalisme responsable » ! Ce ne sont pas que des mots, des rêves, des utopies ! Car à défaut d’y parvenir, on peut craindre des instants difficiles dans notre France, et même ailleurs !


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