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La start-up Greenfib va-t-elle sonner la fin du plastique ?

Grâce à un matériau recyclable 100% biosourcé, la jeune pousse de la Vienne (Futuroscope de Poitiers) fondé par Cyr Dioré change la donne de l’approvisionnement industriel du futur.

Entreprendre - La start-up Greenfib va-t-elle sonner la fin du plastique ?

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Grâce à un matériau recyclable 100% biosourcé, la jeune pousse de la Vienne (Futuroscope de Poitiers) fondé par Cyr Dioré change la donne de l’approvisionnement industriel du futur.

Greenfib, qui a fait l’objet d’un brevet il y a dix ans, en 2011, désigne une nouvelle matière biosourcée fabriquée en France. Sept ans plus tard, Luc Ménétrey s’associe avec Cyr Dioré afin de contribuer à l’émergence d’un nouveau monde sans plastique issu du pétrole et installe sa startup sur la technopole du Futuroscope, une symbolique qui lui convient. Avec les granulés utilisables pour le processus d’injection industrielle, et les projets de filaments pour impression 3D en atmosphère thermo-régulée, l’avenir se dessine.

La matière du futur

« Greenfib » désigne à la fois la marque et le produit. Il s’agit d’un matériau issu de matières premières naturelles telles que des graines de ricin (cultivées en Inde sans OGM, le ricin pousse sur des terres semi-arides), de poudres minérales (déchets de l’ostréiculture bretonne, talc d’Ariège) et de farines végétales non alimentaires (du bois ou du roseau de Bretagne et Indre), les mix sont décidés en fonction des usages prévus.

Fabriqué en Bretagne et Nouvelle-Aquitaine, cette matière brevetée garantit trois cycles recyclables et a pour objet de servir à la fabrication de produits techniques, par exemple des lunettes, des montres, ou toutes sortes d’objets faits aujourd’hui de plastique issu du pétrole. Car les tests ont prouvé ses qualités : résistant à la torsion, anallergique, inoxydable, ininflammable, difficile à casser, résistant au pH et aux UV.

Luc Ménétrey : la matière

Luc est le technicien du duo. Opticien et créateur de lunettes, il aime l’invention et décide de s’atteler à la tâche de la monture de lunettes idéale et « propre ». Respectueuses de l’environnement, on pourrait alors se débarrasser de ces montures une fois usées dans une borne de recyclage afin de pouvoir réutiliser la matière. Il a fallu quelques années pour y parvenir, mais voici qui est fait depuis le mois de juillet.

L’entrepreneur est partie d’un produit existant à base de ricin, une matière déjà connue, mais qui contenait des matériaux issus du pétrole, pour les supprimer et les remplacer par des éléments bio-sourcés avec un objectif de durabilité. Si l’aventure a mis des années à se concrétiser après le dépôt de brevet, et que la matière n’a pas immédiatement été exploitée, c’est parce que l’opticien n’avait pas les réflexes d’un industriel, habitué à identifier immédiatement les potentiels d’un nouveau produit. Il a donc fallu un déclic pour aller de l’avant.

Cyr Dioré : la manière

L’associé de Luc Ménétrey connaît bien le monde de l’entreprise, en particulier le domaine des ressources humaines dans lequel il a exercé dans différentes sociétés. Il se lance dans la création, avec une société de conseil fondée en 2011 qui existe toujours, Coviaé, spécialiste de la formation managériale. Il est également engagé dans différentes associations en tant que formateur, et particulièrement sensibilisé aux questions relatives au futur de la planète.

Du bienfait des voyages

Au tout début, c’est en allant en Afrique il y a plus de 15 ans que Luc Ménétrey a pensé à la troisième vie des anciennes lunettes qu’il apportait là-bas pour être réutilisées. Allaient-elles devenir des agents de pollution un fois cassées ou abimées ? Il pense alors qu’il doit bien y avoir une solution recyclable.

A son retour, il contacte le laboratoire Valagro qui va travailler sur le sujet pendant plus de deux ans. Second voyage fondateur, un joli séminaire il y a quelques années entre New York et Saint Nazaire sur le Queen Mary II. Le thème en est « l’entreprise dans le monde de demain ». Cyr Dioré convie son ami à y participer, et c’est là que Luc Ménétrey décide d’exploiter son brevet. Un processus qui s’est conclu par l’association des deux hommes il y a trois ans.

Les marchés naturels

Les objets de consommation courante, type lunchboxes (Greenfib dispose de la certification contact alimentaire), interrupteurs, lunettes, télécommandes, brosses à dents, etc., peuvent faire l’objet d’une fabrication en Greenfib. Il s’agit d’une matière un peu touche-à-tout, qui peut mener à une certaine dispersion. Mais la démarche est bien entendu raisonnée, les deux hommes ont décidé de ne se lancer que dans des secteurs susceptibles d’avoir un intérêt durable et financier. Ils privilégient les contacts avec les entreprises qui ont déjà une démarche ou une action écologique.

L’écologie a un prix

Seule ombre au tableau, le Greenfib est nettement plus cher que le plastique traditionnel, dans des proportions importantes, pouvant aller jusqu’à un tarif dix fois plus onéreux. Il ne peut donc pas être utilisé pour tous les usages d’un point de vue purement économique, même si les fondateurs mettent en avant le fait que si l’on étudie le cycle produit dans son intégralité, y compris avec la réutilisation, le produit s’avère compétitif. Aujourd’hui, l’entreprise poursuit sur sa lancée et a plusieurs projets avec de grands noms français et suisses, notamment dans le secteur des montres. La jeune pousse est l’une des plus prometteuses pépites de l’économie verte.


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