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La folle ambition de Messika Paris

Valérie Messika (Choquet Lucie/ABACA)

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Fille de diamantaire, sa fondatrice a fait en 18 ans de Messika Paris un label prestigieux de la haute joaillerie parisienne, qui réalise 70 % de ses ventes à l’international avec 535 points de vente.

Les diamants sont une affaire de famille. La petite Valérie Messika voyait déjà son père diamantaire choisir les pierres, lui apprendre entre ses voyages autour du monde à voir combien elles étaient magiques, belles. Cette sensibilité par rapport au diamant reste présente chez la jeune femme qui choisit cependant dans un premier temps de s’orienter dans le secteur de la publicité après avoir décroché son diplôme du Celsa.

André Messika tient pourtant à ce que sa fille suive la voie merveilleuse des pierres, et lui propose de travailler une année auprès de lui, sans engagement.

Valérie fait ses classes chez Chanel, dans l’horlogerie-joaillerie, qui n’avait pas encore pris sa véritable dimension. Elle cède aux avances paternelles et commence à s’imprégner de chaque métier de l’entreprise, parcourant le monde avec lui pour mieux découvrir les origines de ces pierres qui brillent de mille feux dans les vitrines de la place Vendôme.

André Messika décide alors de prendre du recul, une décision que bien des chefs d’entreprise et créateurs ne peuvent et ne veulent pas prendre. Il décide de laisser sa fille s’exprimer dans cet univers qu’il lui a appris à connaître, tout en restant en appui.

LE RENOUVEAU DU DIAMANT

Le flambeau est passé, mais Valérie prend une décision qui implique bien des difficultés, elle veut créer sa propre marque, capitalisant sur le savoir-faire familial.

Nous sommes en 2005, le concept choisi par la créatrice est très clair. Messika, ce sera exclusivement du diamant, des montures discrètes pour mieux mettre en valeur les pierres, de la modernité et des prix inférieurs aux grandes marques classiques installées sur le marché. Dès les débuts de l’entreprise, Valérie Messika a eu l’audace de penser qu’elle pouvait imposer un nouveau style, celui d’une femme moderne qui assume aimer la pierre qu’elle porte. Le diamant n’est plus simplement le symbole du couple, via la bague de fiançailles, de l’alliance, de l’anniversaire de mariage ou de la maternité. Non, il est porté parce qu’il est beau et que la femme assume cette force.

UN CONCEPT OSÉ

Ne créer et commercialiser que du diamant était un choix stratégique osé. Logique, de par l’histoire familiale, mais risqué. Aucune grande maison de joaillerie française ne travaille que le saphir ou l’émeraude, même si certaines préférences existent. Avec le diamant et toutes les tailles différentes, il y a évidemment de quoi s’exprimer, mais la créativité doit être décuplée. Il a donc fallu faire preuve d’innovation, Valérie Messika imagine des bijoux très féminins, des pierres qui ont souvent été comparées à des bijoux de peau. Le joyau sort de sa caste pour pouvoir s’adapter à toutes les femmes. Pour compenser ce choix très exigeant, la marque est proposée à la vente dans un premier temps chez des centaines de distributeurs internationaux aux côtés d’autres marques.

UNE CROISSANCE RAPIDE

Le nouveau style proposé par Messika s’impose et plaît. Les moyens financiers sont au rendez-vous pour l’entrepreneure, entraînant l’ouverture des premières boutiques, rue Saint-Honoré à Paris, à Megève, à Saint-Tropez, ainsi que plusieurs corners. Après plusieurs années d’efforts de construction de la notoriété, Messika Paris prend une autre dimension. Ces dernières années, elle a pris un virage international. Son nouveau challenge est l’Asie, où la clientèle de luxe est particulièrement déterminante pour franchir une nouvelle étape de croissance.

LE COUP DE POUCE BEYONCÉ

En 2014, la star Beyoncé est séduite par une bague double phalange Messika qui se trouve dans une des vitrines de l’hôtel dans lequel elle réside. La créatrice la lui offre, et en retour, la chanteuse poste une photo d’elle portant le bijou. Le buzz est immédiat. Messika lui prête ainsi qu’à d’autres stars internationales des bijoux pour des cérémonies ou des clips. La notoriété prend un nouvel essor et peu à peu Messika monte en gamme.

GÉRER LA RÉUSSITE

Lorsque la machine s’emballe, tous les entrepreneurs savent que d’autres compétences sont sollicitées. Le management d’abord, car les équipes grandissent, il devient indispensable de savoir s’entourer autour d’un noyau solide. L’entreprise est indépendante, André Messika est toujours là en tant que conseiller et protecteur, Valérie Messika s’est transformée en une entrepreneure chevronnée. Les décisions peuvent être prises et concrétisées rapidement, une force. Son frère Ilan est aussi un expert du diamant.

C’est lui qui a acheté le magnifique diamant de 110 carats qui a été taillé pour donner 15 pierres mises en valeur dans une magnifique création de haute joaillerie d’inspiration égyptienne. Elle-même mère de deux filles, Valérie Messika a réussi avec brio à créer une marque contemporaine, moderne, jeune, qui a remis le bijou à l’honneur, y compris au quotidien.

Et l’aventure est loin d’être finie, la première boutique de Joaillerie et Haute Joaillerie Messika Paris vient d’ouvrir à Nanjing, au Deji Plaza en Chine.  « La PME française, familiale et fière de l’être », comme le clame sa fondatrice, est partie à la conquête du monde et devrait vite démultiplier son chiffre d’affaires de 115 millions d’euros.

Anne Florin


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