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[Tribune] Corporate venture : savoir passer du pouvoir à l’influence

Le corporate venture est à la mode. Les annonces foisonnent de grandes entreprises qui se lancent dans l’aventure, créent des incubateurs et autres fonds d’investissements censés leur donner accés à l’univers des start-up et les aider à réussir leur transformation, en particulier digitale.

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Le corporate venture est à la mode. Les annonces foisonnent de grandes entreprises qui se lancent dans l’aventure, créent des incubateurs et autres fonds d’investissements censés leur donner accés à l’univers des start-up et les aider à réussir leur transformation, en particulier digitale.

Hélas, il ne faut pas être grand clerc pour mesurer que bien des déconvenues sont annoncées si perdurent les erreurs que l’on observe trop souvent. Et la liste est longue de ces erreurs commises par les groupes investisseurs à l’endroit des start-up : les voir comme des filiales larvées ; exercer un contrôle tatillon et castrateur ; tenter de leur appliquer sans discernement des règles et process en vigueur dans la grosse structure…

Or, les méthodes et les attitudes qui ouvrent les voies du succès sont exactement l’inverse.

Ce qui est fécond, ce qui réussit, c’est de faire confiance, de résister à la tentation de diluer la start-up dans l’organisation historique, de lui laisser son autonomie et sa liberté de manœuvre, de préserver l’agilité des équipes.

Ce qui est fécond, ce qui réussit, c’est de savoir gérer les différents niveaux possibles de participation : s’il s’agit d’une acquisition, n’intégrer que le positif et pas les pesanteurs  ; s’il s’agit d’une participation minoritaire, aider quand on le peut mais laisser se développer de manière autonome.

Ce qui est fécond, ce qui réussit, c’est de respecter les règles indispensables pour être reconnu comme un co-investisseur pertinent et de s’insérer dans un écosystème en acceptant des modes de syndication faute desquelles les investisseurs « corporate » peuvent devenir des freins aux refinancements dont la start-up aura besoin. C’est comprendre qu’il faut se mettre dans un monde de « coopétition », c’est-à-dire en même temps de coopération et de compétition d’éventuels co-investisseurs.

Ce qui est fécond, ce qui réussit, c’est tout simplement de comprendre que David peut aider Goliath et d’agir en conséquence.

Rares, très rares, sont les grandes entreprises françaises qui appliquent aujourd’hui ces pratiques, essentiellement, me semble-t-il, faute d’une culture adaptée. On trouve certes des exceptions. Orange certainement, Accor sans doute, ou PSA qui découvre mais semble apprendre vite.

Mais l’exemple que je connais le mieux et qui me semble le plus correspondre à la culture qui doit habiter les grandes entreprises est celui du groupe Arkéa, qui a justement l’autonomie, la responsabilité, la réactivité au cœur de son ADN, aidé peut-être en cela par une taille intermédiaire parfaitement adaptée aux nécessités modernes.

C’est sans conteste grâce à cette culture fortement intégrée qu’Arkéa a pu être le seul à nous faire confiance au moment du lancement de notre premier fonds et peut fidèlement nous accompagner depuis au bénéfice de tous : cette banque sait, y compris pour elle-même, penser « out of the box », par exemple en acceptant de sortir d’un positionnement traditionnel pour offrir certains services à ses propres concurrents, ce qui est en soi très moderne et très connecté à un « esprit start-up » véritable.

Cet exemple trace le bon chemin à suivre. En ces matières, les arrogants n’iront jamais loin, n’attireront pas les bons entrepreneurs, seront rejetés par l’écosystème, ne contribueront pas à créer de la valeur. Ceux qui réussiront sont ceux qui ont compris un précepte fondateur du « corporate venture » comme du capital risque : il s’agit d’avoir de l’influence sur des gens intelligents et créatifs et non d’abuser d’un potentiel pouvoir sur des exécutants. Ceux qui réussiront sont tout simplement les modestes qui savent être à l’écoute. Est-ce vraiment trop demander ?

 Jean-David Chamboredon

Jean-David Chamboredon est Président executif d’ISAI, le fonds d’investissement des entrepreneurs internet et co-Président de l’association France Digitale, qui réunit les entrepreneurs et investisseurs français du numérique.


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