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La Réunion continue de régner sur le rhum

Cyril Isautier, directeur de la Maison Isautier

La consommation de rhum augmente en France et pas simplement sous l’effet de la création de nouveaux cocktails. C’est l’Île de la Réunion qui fait swinguer le marché avec Isautier en pôle.

Nombreux sont les Français de métropole s’étant rendus dans les îles françaises à s’être laissés séduire par les fameux rhums arrangés. D’autant qu’ils sont déclinables quasi à l’infini avec des recettes individuelles multiples et variées. Il se dit que chaque famille a la sienne. La grande distribution a cédé aux sirènes de ces rhums exotiques, qui sont plus du ressort du cocktail que du rhum pur et dur, étant plus doux, titrant à 40° maximum, et bénéficiant de saveurs attirantes, vanille, gingembre, cannelle, piment, agrumes sans oublier les mystérieuses écorces.

10% DU MARCHÉ FRANÇAIS DU RHUM

Les rhums arrangés ont réussi à s’installer dans les rayons des grandes surfaces, ils ont également conquis les consommateurs à tel point qu’il ne s’agit plus vraiment d’une niche. Et ce sont les acteurs réunionnais qui tiennent le haut du pavé, tout particulièrement Isautier. Rien de plus normal, car c’est l’entreprise Isautier qui a été le pionnier dans ce secteur en lançant ses « arrangés » il y a une quinzaine d’années. À l’époque seule au monde sur ce segment, il existe aujourd’hui quelques… 70 marques distribuées chez les cavistes, preuve en est du succès rencontré.

UN RHUM ARRANGÉ TRÈS SPÉCIFIQUE

Isautier a en effet été le premier à développer un produit spécifique, qui ne s’altère pas au fil du temps de façon rapide comme cela est le cas pour les produits artisanaux. Les fruits sont inclus sous forme de jus ou de purées, les arômes naturels, tout est prévu afin que le produit reste stable en termes de goût comme de couleur. Le succès n’est donc pas intervenu par hasard, attirant à sa suite d’autres noms du rhum français comme Charrette, Damoiseau ou Maison La Mauny. Il est clair qu’un tri va être fait sur les rayons, mais le leader Isautier fera partie de cette sélection.

UNE ENTREPRISE HISTORIQUE

Isautier est une entreprise très ancienne. Son nom est celui de Louis Isautier, qui part au loin, de la Métropole à la Réunion, pour rejoindre son grand-oncle en 1832 à l’âge de 23 ans. Il est rejoint par son frère Charles deux ans plus tard, lui aussi prêt pour l’aventure. Tous deux se passionnent pour la canne à sucre et créent leur entreprise en 1845. Depuis lors, six générations se sont succédées ce qui fait d’Isautier la plus ancienne, mais non pas la moins moderne des rhumeries de l’île.

Cyril Isautier est aujourd’hui à la tête de l’entreprise, la septième génération est donc en route pour aller encore plus loin. Le dirigeant a bien l’intention de poursuivre dans la voie des rhums arrangés et la sensation du fruit, sans oublier la tradition incarnée par les fameux rhums vieux. Sa voie n’était pourtant pas toute tracée contrairement aux apparences.

Cyril Isautier, diplômé de l’École Supérieure des Travaux Publics de Paris a travaillé en premier lieu chez Bouygues, Vinci, Freyssinet en France et à l’étranger. Ce n’est qu’en 2019 qu’il rejoint l’entre-prise familiale et rentre à la Réunion à l’âge de 39 ans. La rhumerie a fabriqué dès 1970 son premier rhum arrangé, le Gingerlick et décidé d’enrichir la gamme il y a quinze ans. Tout récemment, les « Douceurs d’Arrangé » ont été lancées, dont Cyril Isautier dit qu’ils donnent l’im-pression de « croquer directement dans le fruit ».

DE GRANDS PROJETS

Isautier veut aller de l’avant en poursuivant son travail sur le marché de la métropole, mais aussi en explorant l’export, car la marque n’est présente que dans quelques pays européens, de façon marginale. Après tout, Cyril Isautier connait bien ce terrain, même s’il l’a vécu dans une autre vie professionnelle. Un investiss-ment important, de l’ordre de 7 millions d’euros, pour l’agrandissement de l’usine de Saint Pierre doit permettre d’augmenter la production afin d’attaquer ce nouveau marché. L’usine pourra ainsi produire quelques 5,7 millions de litres au lieu des 2 millions actuels.

Les rhums arrangés n’y sont pas pour rien. Leur succès a provoqué des « copies » de la part des concurrents, mais la croissance est bien là. Cyril Isautier entend bien attaquer le marché canadien avec ses Arrangés, pourquoi pas les Etats-Unis ensuite ? Après tout, le dirigeant y a vécu plusieurs années. Par ailleurs, Isautier a signé un partenariat avec La Maison du Whisky sur les références de rhums vieux, ce qui signifie d’office une présence un peu partout dans le monde. Le début de la reconquête.

Claudio Flouvat


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