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Isabel Marant : une créatrice en vogue

Incarnation de l’esprit bohème chic et de la femme nature, la créatrice de prêt-à-porter parisien, Isabel Marant (50 ans), combine subtilement la discrétion et une personnalité affirmée. Elle encourage intemporellement le fait main et se bat, collection après collection, pour que les savoir-faire ne disparaissent pas, ce qu’elle appelle son « écologie du vêtement ».

Entreprendre - Isabel Marant : une créatrice en vogue

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Incarnation de l’esprit bohème chic et de la femme nature, la créatrice de prêt-à-porter parisien, Isabel Marant (50 ans), combine subtilement la discrétion et une personnalité affirmée. Elle encourage intemporellement le fait main et se bat, collection après collection, pour que les savoir-faire ne disparaissent pas, ce qu’elle appelle son « écologie du vêtement ».

L’égérie de la mode parisienne a toujours évolué dans un cadre familiale multiculturel et esthétique propice à éveiller sa curiosité et ses inspirations. Issue d’une famille bourgeoise de Neuilly-sur-Seine, son père dirigeait une société de communication et ses grands-parents étaient photographes.

Sa mère très baba-écolo, mannequin allemand dans les année 60 avant de diriger l’agence Elite, lança ensuite une petit ligne de maille. Sa belle-mère antillaise fut également une source d’inspiration dans le mélange des genres qu’elle pratique à travers ses collections.

L’ascension de petit créatrice française

Après avoir rêvé à de brillantes études de commerce, Isabel Marant intègre la célèbre école de stylisme parisienne, le Studio Berçot, à ses dix-huit printemps. En 1989, elle lance Twen, sa première marque de maille et de jersey, à l’âge de 22 ans. En 1995, elle défile pour la première fois sous son propre nom dans la cour d’un squat où elle fait défiler ses amies.

La jeune créatrice a toujours eu a cœur de s’autofinancer et de ne jamais quitter la capitale parisienne si ce n’est pour ouvrir des boutiques à Londres, Séoul, Tokyo et New-York. « Quelle fierté quand j’ai ouvert ma première boutique à New-York en 2010, confiait Isabel Marant. Je vivais un peu l’american dream, moi la petite Française qui a commencé à faire des vêtements dans la chambre de ses parents. »

Entichée de Paris, Isabel Marant ne s’imagine pas pouvoir vivre ailleurs, la capitale tricolore incarnant pour elle la liberté, la créativité, la fantaisie et une sorte de désordre qui lui sied à merveille.

Un espace à l’image de son état d’esprit

Après quatorze années passées dans le 11ème arrondissement, la créatrice décide en 2012 de trouver un nouvel espace afin d’héberger son développement dynamisé par ses collections « ethniques chics » et ses accessoires emblématiques. Il ne faudra pas moins de deux années de travaux pour faire de ces anciens studios télés obscurs un lieu inondé par la lumière naturelle. La décoration des lieux est sobre et épurée.

Isabel Marant a imaginé un atelier fidèle à l’esprit de ses collections au cœur de la capitale alliant la décontraction et la sophistication. Cet espace de vie de 2500 m2 niché à deux pas de la place des Victoires, haut lieu de la mode parisienne, est bercé par une ambiance familiale bienveillante.

Sur le pas de porte, un regroupement de jeunes femmes travaillant pour la marque prennent leur pause cigarette à la main. Vêtues en Isabel Marrant, elles en sont les meilleures ambassadrices. Isabel Marant ne travaille pas dans un bureau clos mais dans un lieu de passage ouvert sur un couloir…

L’épopée d’Isabel Marant

Aujourd’hui, Isabelle Marant possède 25 boutiques à travers 15 pays et réalise un chiffre d’affaires de 150 M€. Sur les quatre dernières années, la taille de la société a quadruplé : elle compte aujourd’hui plus de 250 salariés. « J’ai commencé seule dans mon appartement en 1994, puis petit à petit, j’ai été rejointe par un noyau dur qui œuvre toujours à mes côtés, explique-t-elle dans les colonnes du Monde.

Au fond, la boîte reste la même, simplement on ne travaille plus de chez moi ! Ici, presque personne ne me vouvoie et je n’emploie jamais le terme salarié pour désigner les personnes avec qui je collabore, je les considère comme des membres de ma famille. »

En 2016, la styliste a cédé 51 % du capital de sa marque de prêt-à-porter au fonds français Montefiore Investment, spécialiste de la croissance des sociétés de services et de la distribution, afin de conduire sa marque vers une nouvelle étape de son développement.

Un esprit de famille

Isabel Marant décrit son entreprise comme « une petite grosse boîte familiale » qui n’est pas pilotée par la réussite financière. Après les deux défilés annuels, Isabelle Marant célèbre l’évènement avec ses employés en organisant une fête en famille afin de saluer leur travail. « L ’after show » ne prend donc pas des allures d’opération marketing où les invités sont minutieusement triés sur le volet mais d’entre soi chaleureux.

Habiller les femmes au quotidien

« J’aime voir mes vêtements portés dans la vraie vie, comment les femmes qui m’entourent se les approprient, remarque Isabel Marant. Mon but, c’est d’habiller les filles au quotidien, donc je ne veux pas brader la fonction du vêtement au profit de l’esthétique. Je trouve important que les choses belles soient aussi fonctionnelles, dans l’esprit de l’architecture moderniste de Jean Prouvé, Pierre Jeanneret ou encore Charlotte Perriand. »

Une mode d’outsider

Isabel Marant revendique une mode d’outsider qui a fini par se faire respecter grâce à son succès. « J’aime lire Rifkin, et tous les témoins des grandes mutations, expliquait l’icône de la mode dans les colonnes de Grazia. Les jobs disparaissent, le monde se décentralise et l’idée de travail s’apprête à devenir plus proche du partage, de l’échange de services.

Avec les imprimantes 3D, le concept d’argent lui-même va changer et on aura peut-être une chance de vivre dans un monde qui ne ressemblera plus à celui que les politiciens avaient fait pour nous… »

Le partenariat avec H&M

En 2013, elle réédite ses pièces fétiches en partenariat avec H&M. L’idée consistait à offrir des petits bijoux à un plus grand nombre de personnes en reprenant des pièces existantes. Isabel Marant accordait une importante toute particulière au fait qu’H&M ne propose pas une version « bas de gamme » d’Isabel Marant.

La styliste a ensuite lancé sa première ligne homme et adolescent pour le géant suédois. En quête d’une qualité et d’une sophistication croissante au fil des années, ces aspirations induisaient un certain coût sur les produits. Le lancement de la ligne « Etoile » à des prix abordables correspond à cette volonté d’élargir le socle de ses clientes en démocratisant les prix.

Une certaine idée de la mode

A travers ses pièces polymorphes, Isabel Marant séduit sans discrimination de la jeune adolescente indolente à la femme active d’âge plus mûre. Transgénérationnelles, ses créations sont un subtil melting-pot offrant dépaysement et envie d’ailleurs. La créatrice parisienne encourage une consommation raisonnée loin du consumérisme dont elle a un profond mépris : elle privilégie l’achat qualitatif et utile à l’achat massif et compulsif.

« La mode, explique la papesse de la tendance parisienne, c’est à la fois, une forme d’art et de thérapie, et c’est grâce à ça que je me réconcilie tous les matins avec ce que je fais. »

« Je n’ai jamais eu l’ambition ou le rêve d’être une grande créatrice connue du monde entier, confiait Isabel Marant au Figaro Madame en 2013. Ce qui m’intéresse dans la mode, c’est le prêt-à-porter, le vêtement au quotidien. Pouvoir offrir chaque matin aux femmes la possibilité d’une garde-robe confortable qui leur donne une allure pour tous les moments de la journée. Ma démarche n’est pas de créer des robes fabuleuses. Je veux simplement habiller les “vraies” femmes, concevoir des pièces dans lesquelles elles se sentent bien et surtout pas déguisées. »

Une nouvelle corde à son arc

Grâce à une association avec l’Oréal Paris, Isabel Marant offrira une collection de maquillage à la rentrée qu’elle présentera à l’occasion de la Fashion Week Pritemps-Eté 2019 de Paris. Ces produits de maquillage seront proposés à la vente sur les sites Internet des deux marques mais également sur leurs points de ventes physiques.


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