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Innovation : le « modèle suisse » écrase encore le monde

Entreprendre - Innovation : le « modèle suisse » écrase encore le monde

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Pouvant s’appuyer sur un excellent système éducatif ainsi que sur un dynamique réseau de multinationales et start-up technologiques, la Suisse se classe régulièrement parmi les pays les plus innovants au monde. Portée par des entreprises comme le groupe pharmaceutique Novartis, le spécialiste des encres sécurisées Sicpa ou encore ABB, l’un des chefs de file mondiaux de la digitalisation des activités industrielles, l’innovation suisse s’exporte aux quatre coins du monde tout en bénéficiant au tissu économique local.

Et si, en termes d’innovation, il fallait regarder du côté des montagnes helvètes plutôt que de la Silicon Valley ? C’est la conclusion de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) qui, pour la douzième année consécutive, a classé la Suisse au premier rang des pays les plus innovants, devant les États-Unis et la Suède, respectivement deuxièmes et troisième du classement annuel départageant pas moins de 130 pays. Un leadership incontesté que la crise sanitaire n’a pas menacé, « la recherche-développement et d’autres investissements qui stimulent l’activité innovante à l’échelle mondiale (ayant) poursuivi leur essor en 2021 malgré la pandémie ».

La France se situe quant à elle à une honnête — quoique décevante — onzième place, entre la Chine et le Japon, mais devançant tout de même Hong-Kong, le Canada ou encore Israël. D’après l’OMPI, c’est la combinaison entre une recherche « forte », un secteur privé capable de rapidement décliner les innovations sur les marchés et une puissance capacité de financement qui explique la pole position suisse. Ne pouvant compter ni sur un vaste marché intérieur ni sur d’abondantes ressources naturelles, « les PME (suisses) se doivent d’être plus innovantes » que leurs concurrentes, souligne l’organisation.

L’innovation, « une nécessité de survie » en Suisse

Ainsi, bien que de taille modeste, le marché suisse n’empêche pas les innovations locales de rencontrer le succès à l’international sur des segments de marché parfois insoupçonnés. L’une des technologies mondialement reconnues les plus emblématiques, mais quelque peu méconnue médiatiquement, est sûrement celle de la société Sicpa, spécialisée dans les encres de sécurité, qui protègent la majorité des billets de banque dans le monde, comme l’euro, le dollar ou le franc suisse. L’entreprise qui emploie plus de 3 000 personnes, s’est d’ailleurs en fin d’année dernière vu remettre le Prix vaudois des entreprises dans la catégorie « entreprise suisse ». Une distinction qui vient souligner l’excellence technologique du groupe. Et qui reflète aussi le climat particulièrement favorable à l’innovation qui prévaut dans le pays. Dans le domaine des startups, autres fers de lance de la culture nationale de l’innovation, les promesses ne manquent pas non plus : Transmutex, basée à Genève, a développé un nouveau type de réacteur nucléaire au thorium ; Cutiss, une jeune pousse biotech, a créé la première machine capable de générer de la peau en grandes quantités à partir d’un échantillon provenant du patient lui-même ; Hydromea est à l’origine du premier réseau de liaison wifi sous-marin…  Car dans le contexte si particulier de ce petit pays enclavé au milieu de l’Europe, « l’innovation en Suisse est une nécessité de survie », comme l’a récemment rappelé Nicola Thibaudeau, la patronne de la société MPS Micro Precision Systems. Trois entreprises suisses sont d’ailleurs présentes dans le TOP 50 des entreprises les plus innovantes du monde fourni par le Boston Consulting Group, à savoir Nestlé, ABB et Novartis.

Médecine, nouvelles technologies, transports, énergie, technologies environnementales… Comment expliquer que l’innovation trouve, en Suisse, un terrain si favorable ? Nation d’inventeurs dans l’âme, le pays peut avant tout s’appuyer sur un écosystème universitaire et de recherche parmi les plus performants au monde. Les étudiants et chercheurs des Écoles polytechniques fédérales de Zurich (ETH) et de Lausanne (EPFL), deux établissements régulièrement classés parmi les meilleures universités mondiales, constituent ainsi un véritable pool de jeunes talents qui contribuent à la place de la Suisse dans le paysage mondial de l’innovation. Les liens étroits entre le monde de la recherche et le secteur privé permettent, ensuite, de décliner ces inventions sur les marchés.

Championne des brevets et de la recherche

Loin de se résumer à la seule recherche fondamentale et à une poignée de grandes entreprises, l’innovation suisse est, en effet, avant tout portée par une myriade d’entreprises qui, petites ou grandes, sont régulièrement surreprésentées dans les classements mondiaux des entreprises investissant le plus dans la recherche et le développement (R&D). Ainsi, pas moins de 27 sociétés suisses sont classées dans les mille entreprises qui investissent le plus dans la R&D, quatre sont dans le top 100, et deux dans le top 3. Cette petite trentaine d’entreprises a investi plus de 28 milliards de dollars dans la recherche, soit 5 % des investissements totaux en R&D — une prouesse pour un pays aussi « petit » que la Suisse. Une priorité à l’innovation qui se traduit localement, comme dans le canton de Vaud, où les branches technologiques fournissent jusqu’à 50 % des emplois.

Avec 3,15 % de son PIB consacré à la R&D, selon la Banque Mondiale, la Suisse se hisse ainsi à la troisième position mondiale, derrière la Corée du Sud et Israël — la France ne consacre, en comparaison, que 2,35 % de son PIB à la R&D. Enfin, le pays s’illustre par le nombre record de brevets déposés chaque année par habitant, notamment dans les domaines des technologies de la santé et des biotechnologies. En 2018 par exemple, près de 8 000 des 175 000 demandes de brevets déposées auprès de l’Office européen des brevets émanaient du pays. Loin des clichés restreignant la Suisse à son chocolat ou à son secret bancaire mais dans la continuité de l’excellence développée localement dans l’industrie horlogère, le pays a su démontrer sa capacité à diffuser une culture de l’innovation, appuyée par des politiques d’investissements volontaristes.


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