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Glaces Pilpa : avec la Fabrique du Sud, les salariés font mieux que l’ancien PDG

Adieu Pilpa, vive La Belle Aude ! Sauvée grâce à la motivation de 19 salariés, la Fabrique du Sud impose ses glaces artisanales premium. Un conte de fées !

Entreprendre - Glaces Pilpa : avec la Fabrique du Sud, les salariés font mieux que l’ancien PDG

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Adieu Pilpa, vive La Belle Aude ! Sauvée grâce à la motivation de 19 salariés, la Fabrique du Sud impose ses glaces artisanales premium. Un conte de fées !

Si la marque Pilpa a disparu, Yoplait ou Candia sont elles toujours sur les rayons. Or, la région du Sud-Ouest disposait dès les années quarante de coopératives laitières qui fabriquaient pour ces marques. Tout se passe on ne peut mieux pour ces structures à tel point qu’en 1988, ces différentes sociétés se regroupent pour créer le groupe 3A pour Alliance Agro Alimentaire. Avec 2500 salariés, le groupe est un poids lourd dans la région. Son objectif est de développer et fabriquer des produits à meilleure valeur ajoutée que le lait en brique ou en bouteille.

Pilpa, des hauts et des bas

C’est ainsi que voit le jour en 1973 à Carcassonne la fameuse Pilpa pour produire des crèmes glacées. Après de nombreuses années de hauts puis de bas, l’entreprise est rachetée par le groupe R and R Ice Cream il y a neuf ans. Un an seulement après le rachat, l’usine et fermée et la centaine de salariés licenciée. Les produits que Pilpa fabriquait pour d’autres marques sont transférés ailleurs.

La guerre est déclarée

Les salariés refusent tout net le plan social et vont devant le tribunal, à plusieurs reprises. Face à leur ténacité, les propositions du groupe propriétaire s’améliorent peu à peu, mais c’est aussi grâce à l’agglomération carcassonnaise qu’une SCOP (Société coopérative et participative) va être créée. L’objectif est bien entendu de sauver une partie de l’usine et des emplois. Un accord intervient qui interdit cependant de commercialiser les produits à marque de distribution ou marque privée, la spécialité de Pilpa jusqu’alors.

Naissance de la Fabrique du Sud

Grâce à la mobilisation du personnel et des institutions locales, la « Fabrique du Sud » voit enfin le jour début 2014. La trentaine de salariés qui s’engage dans l’aventure investit ses indemnités de licenciement dans l’entreprise à hauteur de 10 000 euros par personne et devient ainsi actionnaire. Avec un capital total « de 400 000 euros, l’activité peut enfin démarrer pour fabriquer des glaces artisanales vendues sous une nouvelle marque : La belle Aude », à base d’ingrédients frais, sans colorants et qui compte même des références biologiques.

Un grand chamboulement

Pour repartir, il a fallu que les nouveaux actionnaires employés se remettent en question. Certains anciens salariés ont dû aller vers d’autres métiers et changer totalement d’orientation pour répondre aux nouveaux besoins. Y compris pour le président de la structure qui travaillait auparavant en production comme tous les autres. Il a notamment fallu que certains acceptent de se former en comptabilité ou en commercial.

Avec ses 25 salariés et un chiffre d’affaires qui approche les 3 millions d’euros, les salariés peuvent enfin souffler, chaque année engrange en effet une croissance appréciable. Obligés d’aller vers de nouveaux produits, ils ont décidé de prendre le contrepied des grands industriels. Finis les 12 000 pots à l’heure sur les lignes de haute productivité, l’objectif est à présent dans l’artisanat, bien qu’avec 5000 pots à l’heure, la production soit tout à fait respectable.

La force du collectif

Christophe Barbier travaillait en production. Il préside aujourd’hui la structure tout en restant adhérent au syndicat CGT. Un bien joli parcours pour l’entreprise et pour son dirigeant qui est entré chez Pilpa après son BTS en tant que manutentionnaire intérimaire pour devenir peu à peu chef de ligne. C’est lui qui est en charge aujourd’hui du développement commercial de la marque avec de beaux défis mais il sait pouvoir s’appuyer sur « la force du collectif », comme il le dit lui-même. Comme lui, d’autres ont changé de voie : l’ancien assistant qualité est aujourd’hui directeur R&D, la chef de ligne en production comptable.

Il a fallu s’adapter et prendre de nouvelles responsabilités. On parle beaucoup d’agilité, de flexibilité, mais l’un des secrets de cette SCOP tient certainement dans la polyvalence de ses employés. Christophe Barbier a aujourd’hui une tâche qui lui fait plaisir : partager les bénéfices entre les salariés. D’autant qu’il espère atteindre les 4 millions d’euros grâce à l’élargissement de la clientèle.

Incroyable mais vrai

Il est simple aujourd’hui de parler sereinement de la réussite de la SCOP. Il fallait pourtant avoir un optimisme à toute épreuve pour se lancer dans la création d’une nouvelle marque. Bien des entreprises s’y cassent les dents et quand le projet a été proposé, il n’a pas provoqué un enthousiasme délirant de la part des partenaires financiers, d’autant qu’aucun salarié de l’encadrement n’était impliqué. Il a fallu une grande conviction et une belle obstination pour y parvenir et gagner ce pari. Pour reprendre l’expression de la Fabrique du Sud, « la lutte des glaces » porte ses fruits. On a fondu !

A.F.


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