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Et si l’Asset Management se conjuguait au féminin ?

Entreprendre - Et si l’Asset Management se conjuguait au féminin ?

Richard pour Lehman Brothers, Noel pour HSBC ou encore Yves pour Amundi. Tels sont les prénoms par lesquels nous reconnaissons aujourd’hui les plus grands patrons de la haute finance française et mondiale. C’est à se demander si la finance, et plus particulièrement l’Asset Management, n’était réservée qu’à une élite entièrement masculine. Un jeu de garçon !
Or, malgré les discours volontaristes et dans cette ère où égalité des chances, mixité et diversité régissent la société actuelle, nous constatons que rien n’a vraiment évolué dans ce domaine pour la gente féminine.
« La femme est capable de tous les exercices de l’homme sauf de faire pipi debout contre un mur » écrivait Colette.

D’après une étude faite par le cabinet de conseil new-yorkais Oliver Wyman, la proportion des femmes au sein des Comex des sociétés financières est passée depuis 2016 de 16% à 20% à l’échelle mondiale. Une autre étude de Morningstar montre que le taux de représentation des femmes dans l’industrie de la gestion d’actifs, plus précisément, n’a pas bougé d’un iota depuis 20 ans : il est resté à 14% entre l’année 2000 et l’année 2019. Une analyse réalisée en 2017 par l’Association Française de la Gestion Financière (AFG) souligne que la finance en général, et surtout la gestion d’actifs, est historiquement à forte proportion masculine. Au global, les femmes ne représenteraient qu’environ un tiers (33%) des effectifs des sociétés de gestion. Leur place est beaucoup plus limitée dans les postes de direction (13%) et dans les fonctions de gestion (18%). Elles sont par contre plus représentées dans les fonctions à caractère commerciale comme le marketing et la communication.

Cependant, force est de reconnaître que certains organismes tentent malgré tout de faire bouger les choses.

Le Mirova Wimen Leaders Equity Fund

Pionnier de l’investissement et filiale du groupe Natixis, la société MIROVA lance un fonds d’investissement « actions » destiné à l’investissement dans des entreprises favorisant l’égalité femmes-hommes. En s’associant avec le Comité ONU Femmes France, l’entité s’engage à ce qu’une partie des frais de gestion générés soit reversée à toutes les actions mises en place pour rendre les femmes de plus en plus autonomes. MIROVA concourt ainsi à la réalisation de l’objectif de Développement Durable n°5 de l’ONU qui est de parvenir à une égalité entre les sexes et de garantir l’accès à l’éducation, aux soins de santé et à un travail décent aux femmes et aux filles.

APICAP se prépare à lancer son fonds de private equity 100% féminin

La société d’investissement pour les clients privés, fortunés et institutionnels, lance une vague d’investissement partant de 100 à 200 millions d’euros exclusivement consacrée aux entreprises dirigées ou détenues par des femmes. Le fonds Women Leadership Capital de son nom, dédié à l’entreprenariat féminin ne s’est pas encore vu être agréé par l’Autorité des marchés financiers mais ses associés comptent bien le mettre en avant en investissant entre 8 et 20 millions d’euros en fonds propres, majoritairement en France mais aussi en Europe.

Selon la société APICAP, le constat est simple, 10 000 PME et ETI de croissance sont aujourd’hui menées par des femmes sur les 60 000 PME et ETI que compte la France, soit environ 15% des entreprises françaises avec un chiffre d’affaires compris entre 5 et 100 millions d’euros. Certes le secteur du Private Equity ne compte à date que peu de femmes mais la féminisation progressive de ces postes pourrait jouer un rôle important dans un futur proche.

Malgré les efforts et les actions mises en œuvre, n’attendons pas à ce que la gestion d’actifs à elle toute seule change les mentalités de toute la sphère financière. Elle doit, ceci dit, au moins donner l’exemple car elle est un maillon fort de la chaîne et son activité consiste à gérer des capitaux importants dans le respect des contraintes réglementaires en prenant en compte les politiques et stratégies d’investissement des détenteurs d’actifs pour en tirer les meilleurs résultats possible.

Afin que ce sujet ne reste pas qu’un effet de mode et pour apporter un changement en profondeur, il n’appartient pas qu’aux Asset Managers de mettre le pied à l’étrier, les investisseurs eux aussi doivent, dans la mesure du possible, utiliser tous les leviers dont ils disposent pour résoudre la question et pousser au changement.

Yann Balliet – consultant sénior pour Square


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