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Elle bouscule le monde de la voile et invente le bateau qui tient dans un sac

À seulement 30 ans, Marion Excoffon est à l’origine d’un voilier unique au monde : un dériveur gonflable qui tient dans 2 sacs... mais s’exporte déjà dans 30 pays ! 

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À seulement 30 ans, Marion Excoffon est à l’origine d’un voilier unique au monde : un dériveur gonflable qui tient dans 2 sacs… mais s’exporte déjà dans 30 pays ! 

Quelle idée de génie ! Pourtant, le TIWAL, un dériveur gonflable, léger, performant, simple à assembler, à transporter, à stocker, est né d’une frustration, celle de Marion Excoffon qui navigue dès son plus jeune âge à bord du voilier familial avec son père, le long des côtes de la Méditerranée. «Un jour, j’ai voulu prendre seule le large. Par peur, mon père a refusé de me prêter son bateau ! Furieuse, je lui ai déclaré que je dessinerai et fabriquerai mon propre bateau», se souvient la jeune trentenaire, comme si c’était hier ! Une promesse aujourd’hui tenue.

Contre vents et marées

Son diplôme de designer industriel en poche, l’opiniâtre Marion travaille quelques mois dans l’agence de design Fritsch Durisotti, à Paris. Mais, très vite, cette passionnée de voile ne rêve que d’une chose : retrouver la mer.

«Mon compagnon et moi sommes donc installés à Vannes, où j’y ai créé mon agence de design. C’est l’envie de relever le challenge de la promesse faite à mon père qui m’a menée à l’aventure TIWAL». Pour autant, elle ne souhaite pas dessiner un énième voilier. «Mon objectif était de concevoir un bateau pour rendre la voile accessible : plus facile à stocker, plus facile à transporter, plus facile à mettre à l’eau, plus facile à utiliser…Surtout, je voulais concevoir un bateau destiné à tous, pour des promenades tranquilles ou pour surfer sur l’eau par grand vent. Après de nombreuses recherches, le gonflable à haute pression est devenu une évidence. Faible d’encombrement lorsqu’il est dégonflé, il permet d’avoir une coque très rigide une fois gonflé, donc un bateau performant», explique la spécialiste.

Dans son garage, sur les bords du golfe du Morbihan, elle réalise entièrement ses premiers prototypes, découvre de nouveaux matériaux innovants comme le textile gonflable à double paroi, coud elle-même sa voile… «Il a fallu 3 ans entre les premiers dessins et le TIWAL 3.2. C’est finalement très court car, même si le bateau paraît aujourd’hui une évidence, il a fallu fabriquer plusieurs prototypes et les tester en mer. Je voulais que le produit soit parfait !».

Bousculant avec ses idées novatrices le monde très masculin de la voile, la jeune entrepreneuse fait tester ses prototypes par des professionnels… très vite convaincus. «Le plus difficile a été de concevoir une structure qui se démonte facilement et rapidement. Autre challenge, réaliser un bateau gonflable qui navigue aussi bien qu’un dériveur classique». Pari tenu ! Son dériveur tient dans 2 sacs qui entrent dans un coffre de voiture !

Une belle aventure industrielle

Quatre prototypes plus tard, le brevet déposé et une entreprise créée, seul moyen pour Marion, «de choisir son cap, d’être libre, de vivre ma passion à fond et de mener un projet de A à Z», le TIWAL est opérationnel. Reste à le produire en série. Encore faut-il trouver les fonds mais aussi les industriels (métallurgistes, voileries, plasturgistes…) qui fabriqueront les pièces. «Le Crédit Mutuel de Bretagne nous a fait confiance et nous avons également réalisé une levée de fonds de 500.000 € au printemps dernier auprès du fonds d’investissement privé Newfund».

Obstinée, la jeune entrepreneure réussit également à convaincre 40 fournisseurs, dont les trois quarts sont français. «Pour réaliser un produit démontable, facile à monter, avec une structure rigide, le bateau est constitué de nombreuses pièces. Il y a bien sûr la coque, la voile, la structure en aluminium, mais aussi toutes les pièces plastiques, rivets, poulies, cordage, sacs…», explique-t-elle. Assemblé à Vannes, le TIWAL 3.2, qui ne pèse que 50 kg, est un succès dès sa commercialisation.

Il faut dire que cette petite merveille répond à un nouveau besoin et s’adapte aux nouveaux modes de vie, plus urbains, plus nomades. En 2 ans, plus de 200 bateaux se sont écoulés dans plus de 30 pays. «Il n’y a avait pas de produit équivalent sur le marché. Le TIWAL 3.2 a surtout séduit les acheteurs par sa facilité de mise en œuvre. Il permet d’accéder facilement aux plaisirs de la voile. C’est un véritable voilier sans les contraintes.

La qualité du produit a fait le reste», explique, modestement, la jeune femme. Avec un prix de 5.490 €, la PME vannetaise cible les particuliers français et internationaux sur un segment plutôt haut de gamme. 4 TIWAL équipent ainsi le yacht du vice-président de Émirats arabes unis, 5ème plus grand yacht du monde. Outre les particuliers et le marché des super-yachts, TIWAL a également fourni 5 bateaux à l’armée dubaïote.

Un succès international

Pour répondre à la demande, la PME qui a réalisé 800.000 € de CA en 2014 a mis en place un réseau international de revendeurs, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Russie, en Chine, à Dubaï… En août dernier, elle a même ouvert une filiale aux États-Unis, où le TIWAL a été élu bateau de l’année, avec un bureau à Boston. En projet, se développer en Australie et en Nouvelle-Zélande, pour enregistrer des commandes toute l’année. «Nous sommes déjà présents dans 30 pays mais nous voulons continuer à développer l’international.

Pour cela, nous allons mieux structurer notre réseau de distribution mais aussi notre production avec la fabrication de gabarits et de moules. Nous devons absolument faire de gros volumes pour être rentables», témoigne Marion Excoffon, qui compte bien ouvrir très vite un nouveau secteur, celui des clubs de vacances, des loueurs et des hôtels, grâce à une déclinaison du TIWAL 3.2. «Dans un premier temps, nous nous sommes adressés à un marché de particuliers.

Aujourd’hui, nous équipons plusieurs yachts et commençons à fournir les écoles de voile et les points de location. Dans un futur proche, nous attaquerons aussi le marché des hôtels et des Resorts. Et puis nous allons bien entendu compléter la gamme. Nous travaillons en ce moment à la conception du prochain bateau mais, chut, c’est top secret !», se réjouit l’heureuse maman d’une petite fille. Celle qui se sent pousser des voiles espère bien écouler 350 bateaux cette année ! On lui souhaite bon vent.


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