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Drones & robots : Altametris, pépite made by SNCF

Lorsqu'il annonce officiellement la création d’Altametris, une filiale dédiée aux services de données collectées par drones et robots, Patrick Jeantet, le président de SNCF Réseau, sonne le début d’une nouvelle ère, celle d’une industrialisation de l’exploitation de ces outils.

Entreprendre - Drones & robots : Altametris, pépite made by SNCF

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Lorsqu’il annonce officiellement la création d’Altametris, une filiale dédiée aux services de données collectées par drones et robots, Patrick Jeantet, le président de SNCF Réseau, sonne le début d’une nouvelle ère, celle d’une industrialisation de l’exploitation de ces outils.

Créée en janvier 2017, Altametris s’inscrit déjà à la pointe des opérateurs de drones civils pour la maintenance et la sûreté des infrastructures industrielles. Loin de se contenter de faire voler des drones et parfois d’en concevoir pour répondre à des besoins spécifiques, Altametris gère la collecte des données et surtout leur enrichissement pour restituer des informations métier facile à exploiter par les techniciens spécialisés.

Une aventure initiée en 2004

SNCF n’a pas attendu 2017 et la création d’Altametris pour s’intéresser au potentiel incroyable des drones en matière de collecte de données.

« Les premiers essais ont eu lieu dès 2004, raconte Nicolas Pollet, Directeur Général d’Altametris. A cette époque, le secteur des drones civils était très immature, tant d’un point de vue technologique que règlementaire. »
Tout s’accélère en 2012 lorsque la DGAC (Direction générale de l’Aviation civile) publie des arrêtés pour encadrer l’utilisation des drones. Ce cadre légal donne également le coup d’envoi à un foisonnement technologique qui bat encore son plein aujourd’hui.

A ce moment-là, SNCF relance son projet d’utilisation du drone comme outil de surveillance et de maintenance de son réseau.

3 ingénieurs / Docteurs de SNCF Réseau – Grégoire Goussu, Flavien Viguier et Nicolas Pollet –  s’emparent du sujet : « Durant 18 mois, nous avons effectué un travail théorique sans faire voler le moindre drone. Nous avons établi, en open innovation et avec des spécialistes des différents métiers, des cartographies pour mieux comprendre à quoi serviraient les drones et quelle serait leur valeur ajoutée. Tous les cas d’usage possibles ont été passés au crible. Ce travail nous a également permis de réfléchir au modèle économique pour l’activité drones au sein de SNCF. »

Premières expérimentations

Ces 18 mois de travail théorique achèvent de convaincre SNCF de continuer l’aventure et de lancer les premières expérimentations. A l’automne 2013, une entité spécialisée est donc créée au sein de SNCF Réseau : le Pôle Drones.  Constituée de quatre personnes et dirigée par Nicolas Pollet, elle utilise des drones autour des ouvrages d’art, des installations électriques, des parois rocheuses… Ces expérimentations ne consistent pas uniquement à photographier ces lieux difficiles d’accès mais aussi à collecter des informations utiles aux métiers, puis à traiter ces données.

« Cette phase d’expérimentation a duré, elle aussi, 18 mois au cours desquels nous avons fait appel à de nombreuses sociétés spécialisées que nous avons aidés à monter en compétence. Mais au printemps 2015, nous avons constaté que l’écosystème drones n’était pas suffisamment mature pour des applications industrielles avec des enjeux de sécurité et d’exploitation. Les sociétés spécialisées, trop fragiles, ne nous apportaient pas de garanties suffisantes quant à leur capacité à grandir ou à trouver des financements pérennes. »

En clair, continuer à faire appel à des prestataires externes risquait de se révéler moins efficace et plus couteux, et offrait moins de garanties que de développer les compétences en interne. De nouveaux spécialistes rejoignent donc le Pôle Drones notamment pour accroître son expertise dans le traitement et l’enrichissement des données recueillies par les drones.

« Notre métier consiste à fournir des données utiles et exploitables par l’asset management, explique Nicolas Pollet. Un drone capable de prendre des dizaines de milliers de photos n’est d’aucune utilité à un groupe comme SNCF si leur traitement demande plus de temps et sont plus couteux que les que  les moyens traditionnels. Il est donc indispensable que l’ensemble de la chaîne soit vertueux et apporte des gains au système ferroviaire. Nous avons dû innover pour améliorer les traitements automatiques de la gestion des données et la remontée rapide d’informations. »

En janvier 2017, le Pôle Drones est remplacé par une filiale à part entière, une évolution qui offre davantage de souplesse dans un secteur en plein boom et permet d’offrir ses services au-delà de SNCF. Altametris était né.

Altametris au service des Hommes

« Le drone et le robot permettent de repositionner l’Homme dans la chaîne de valeur, sur l’analyse des informations et les décisions, plutôt que sur le recensement de ces informations, d’autant plus lorsque l’environnement industriel présente des risques, des difficultés d’accès ou des actions répétitives sur de longues périodes. Ce sont les agents présents au quotidien sur le terrain, qui nous font remonter leurs besoins. C’est également avec eux que nous réfléchissons à des outils capables de les aider. Ils nous challengent. Notre objectif est d’être présent à leurs côtés sur les problématiques de surveillance afin de leur proposer des solutions de maintenance préventive, pour anticiper les incidents et, du coup, apporter de la performance sur l’exploitation industrielle. »

Intégrer un background métier

Le traitement des données collectées est entièrement réalisé par les équipes d’Altametris qui ont conçu des algorithmes et des chaînes de traitement de données répondant spécifiquement à des besoins de maintenance précis.

Exemple : les infrastructures ont un poste de surveillance et de maintenance important consacré à la gestion de la végétation, afin de prévenir les risques vis-à-vis de l’exploitation (que cela soit une voie ferrée, une ligne électrique ou un pipeline), l’utilisation du drone par Altametris permet à l’asset manager de construire un plan de maintenance très précis, permettant d’optimiser les ressources et de réduire les coûts de gestion tout en limitant les impacts sur l’exploitation industrielle.

« Pour alimenter les systèmes d’information des mainteneurs, nous avons mis en place un traitement automatique, standardisé et normé permettant d’atteindre une qualité maximale », indique-t-on chez Altametris.

Des clients d’envergure

Si Altametris est associée à SNCF, la société collabore également avec ce que l’on appelle les « opérateurs d’importance vitale », ayant des besoins similaires pour maintenir en état leurs infrastructures et recherchant des sous-traitants capables de les aider à collecter des informations et à les traiter. Altametris est capable de répondre à cette demande grâce à l’expérience acquise en matière d’asset management, avec des garanties de sécurité et de qualité des données. « C’est le cœur de notre expertise et c’est pour cela que nous définissons les capteurs que nous souhaitons embarquer, la qualité de la donnée recueillie étant directement liée à la qualité du capteur. »

Des robots volants, mais pas que…

Altametris ne collecte pas ses données uniquement à l’aide de drones. Certains de leurs robots volent, mais d’autres roulent comme EyeRobot, actuellement en phase de pré-industrialisation qui permet de contrôler les « brosses de contact », ces organes de sécurité situés sous les trains, qui permettent d’informer de la présence du train sur un secteur de voie ferrée par impulsion électrique avec la voie.

« Ces “brosses de contact” doivent être contrôlées régulièrement (semaines ou mois selon les cycles de maintenance) pour s’assurer de leur parfait fonctionnement technique. Or, pour être inspecté, le train doit être déplacé sur une fosse dans un atelier pour qu’un technicien vérifie manuellement chaque élément. Cela a pour conséquence, par exemple, de bloquer plusieurs trains chaque jour en atelier de maintenance. Le petit robot effectue tous ces contrôles en évoluant seul sous le train pendant que celui-ci est à quai entre deux voyages. Le gain est énorme tant en coût qu’en temps. L’homme qui se trouvait sous le train se trouve désormais sur le quai et reçoit une analyse détaillée l’informant sur la conformité de cet organe de sécurité. »

Montée en puissance

 

Si Altametris est déjà un acteur important de l’écosystème, les volumes restent faibles par rapport aux milliers d’hommes qui chaque jour recueillent des informations pour les gestionnaires de réseaux. Aujourd’hui, trois équipes assurent les collectes de données sur le territoire et 15 drone data analysts assurent l’exploitation et la valorisation des données.

Par ailleurs, bien que très innovante la règlementation française n’est pas encore totalement adaptée à une industrialisation massive du drone. « Faire voler un drone à J-1 n’est pas encore possible en environnement urbain en raison de déclarations à établir, notamment auprès des préfectures qui permettent de valider les niveaux sécurité opérationnels », assure-t-on chez Altametris.

Quelques mois à peine après sa création, Altametris compte déjà 25 salariés… et compte bien multiplier par trois ses effectifs avant 2020.

Ce développement ambitieux est indispensable au moment où les grands acteurs du secteur de la collecte et du traitement de ce type de données (satellites, hélicoptères, avions) se positionnent sur ce marché (Airbus, Lufthansa, …).


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