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Les bistrots de village ont-ils un avenir ? 

Les restaurants « routiers » et les bistrots de village font partie intégrante de nos paysages et modes de vie. Pourtant, au fil des tracés autoroutiers et de la vie moderne, on les a vus disparaître. De nombreux entrepreneurs et commerçants se mobilisent pour changer la donne. Un phénomène intéressant pour nos terroirs.

Entreprendre - Les bistrots de village ont-ils un avenir ? 

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Les restaurants « routiers » et les bistrots de village font partie intégrante de nos paysages et modes de vie. Pourtant, au fil des tracés autoroutiers et de la vie moderne, on les a vus disparaître. De nombreux entrepreneurs et commerçants se mobilisent pour changer la donne. Un phénomène intéressant pour nos terroirs.

Les restaurants routiers tout comme les bistrots de village ont beaucoup souffert, du fait de la désertification des petites campagnes rurales et de la transformation des infrastructures de transport routier.

Nos modes de vie ont changé, les cafés aussi

Aujourd’hui, les poids-lourds qui font de longues distances sont géolocalisés, ils doivent pour la plupart suivre des tracés autoroutiers précis afin de toujours gagner plus en productivité et en ponctualité, sans oublier les temps de repos prévus par la loi qui ne leur permettent pas toujours de s’arrêter là où ils le souhaiteraient. Nombre de chauffeurs étrangers disposent également de peu de moyens, privilégiant ainsi l’achat de nourriture qu’ils consomment directement au pied de leur camion dans les aires pour poids-lourds. Cela a bien entendu induit différentes conséquences : plus de calme dans la plupart des communes qui ne sont plus traversées par ces camions, mais également la fermeture de nombreuses petites entreprises de restauration dont les clients ont purement et simplement disparu ou ne sont plus suffisamment nombreux pour survivre.

Internet est-il l’ennemi des bistrots ?

Pour les bistrots, d’autres éléments interviennent également, comme les changements de mode de vie. En dehors des habitués, les autres clients potentiels trouvent souvent le nécessaire chez eux, entre livraison de repas, soirées entre amis, internet disponible, le cocon du foyer présente bien des attraits. Inutile d’aller à l’extérieur pour se concocter un excellent café ou ouvrir un fût de bière. Si l’on ajoute à cela la baisse générale de consommation d’alcool, les bistrots doivent trouver de nouveaux points d’attraction pour retenir les clients en dehors de chez eux.

Un chiffre vient conforter cet état de fait : En 1960, plus de la moitié de l’alcool était vendue dans les débits de boisson, aujourd’hui, ils en vendent moins de 10%. Les chiffres ne laissent pas insensibles, même si les occasions et les lieux de consommation ont beaucoup changé et se sont transformés au cours de cette cinquantaine d’années. Dans les villes, l’inquiétude n’est pas vraiment au cœur des discussions, ce qui n’est pas le cas pour les villages et les petites communes.

Les Français aiment leurs bistrots

Heureusement, cela n’est pas le cas partout, les bistrots de village sont en cours de renaissance grâce aux conditions exceptionnelles qui sont faites aux repreneurs afin de garder ces lieux de vie pour la communauté résidente en premier lieu. Quant aux restaurants routiers, ceux qui sont toujours présents semblent aujourd’hui avoir trouvé leur vitesse de croisière avec une clientèle qui continue à emprunter certaines nationales et se retrouvent de façon conviviale tout en profitant de rapports qualité/prix imbattables. Il en existe encore environ un millier sur les routes de France, un chiffre qui reste stable à présent. Les informations continuent à circuler dans ce milieu de la route et certaines adresses sont connues au niveau national. Autre élément important, les Français demeurent très attachés à ces commerces, même s’ils y vont moins qu’auparavant.

De nouveaux concepts

Dans les centres urbains, les snacks, bars lounge ou internet cafés se sont multipliés, et il est sans aucun doute nécessaire de faire évoluer le concept traditionnel des cafés de village. A trop vouloir être fidèle au passé, la clientèle ne se renouvelle plus. De nombreux bistrots sont aujourd’hui des agences postales, mais pas seulement. Certains repreneurs n’hésitent à pas à se lancer et testent des concepts. Si l’activité du bistrot reste identique, elle se double parfois de brocante, galerie photo, boutique produits de la ferme, espaces de co-working à certaines heures, boissons bio, location de salle, réunion d’information, karaoké, jeux de société, terrains de pétanque… L’imagination doit garder sa place comme dans toute entreprise. Disposer d’un wi-fi gratuit est également primordial.

L’initiative « Bistrots de pays », un vrai coup de neuf

Il y a un quart de siècle naissait la charte des bistrots de pays, ces commerces ruraux qui sont la plupart du temps les seuls points de services de proximité au sein des villages. Cafés, restaurants, points relais, boulangerie de secours, vente de timbres… il en reste un peu moins de 9 000 dans les communes rurales de moins de 2 000 habitants, car environ un millier de bistrots ferment chaque année sur le territoire français. Le label a pour mission de soutenir ces commerces indépendants, via des actions de communication, de formation et de mise en relation afin de garder vivant ce pan du patrimoine et d’économie rurale.

Près de la moitié des propriétaires de ce type de bistrots a prévu de transmettre leur entreprise d’ici 2021, mais seuls 6% ont déjà la solution. Plus de la moitié emploient en moyenne de 3 à 4 salariés à l’année. Des affaires saines, car si environ 20% sont effectivement en déficit, les autres sont à l’équilibre ou bénéficiaires. 29% font un chiffre d’affaires supérieur à 120 000 euros et 31% supérieur à 200 000 euros.

Le bistrot raconte l’histoire de France

Ces routiers et bistrots ont parfois des histoires extraordinaires, comme celui de Lucienne Emond, à Aurillac. Pendant presque soixante ans et jusqu’à sa mort, cette propriétaire de « Chez Lulu » a accueilli « les bien-nés comme les perdus » de 1954 à 2013, devenant un point de rencontre et d’amitié. Ce bar du Cantal est resté fermé pendant un peu plus d’un an avant de trouver deux repreneurs. Géraud Sergent vient du bâtiment et Max Ortiz, son conjoint et associé, travaillait dans l’enseignement. Ils ont repris cet établissement à la réputation bien établie. Le nom est resté, l’ambiance a évolué et le commerce s’est transformé naturellement, devenant aujourd’hui un bar à cocktails qui organise de nombreuses soirées. Un changement de clientèle et de génération, mais une entreprise qui perdure pour le bien-être de tous.


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