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Défendre notre savoir-faire ancestral

Entreprendre - Défendre notre savoir-faire ancestral

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La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

Un certain nombre d’utopistes et de rêveurs qui n’ont pas forcément tout compris des messages de pacifisme, d’humanité et d’amitié entre les peuples, considèrent que notre monde est passé dans l’ère du « village planétaire » et qu’à ce titre, la culture et les valeurs des êtres humains sont désormais les mêmes pour tout le monde ! Ce n’est pas le cas, même si l’on fait abstraction des perversions, des folies, des rancœurs et de la fondamentale violence humaine. Comme l’écrivait Jean-Jacques Rousseau ou Thomas Hobbes, « l’homme est un loup pour l’homme ». Non, l’homme ne nait pas naturellement bon et heureux, et ce n’est pas la société qui le corrompt. Bien au contraire !

L’illusion de la notion de culture universelle

C’est bien le regroupement des individus au sein d’un territoire qui en façonne l’identité, qui lui confère sa culture et ses savoir-faire tout au long d’une chaîne qui soude les générations sur deux millénaires. Mais de là à croire qu’il existerait une culture « universelle » unanimement partagée à travers le monde, serait une grave erreur ! Ce serait confondre l’élitisme et le nivellement par le bas de cette pseudo culture du net, cette inculture des réseaux sociaux dont tant d’individus se contentent par absence d’ambition ou par carence d’esprit critique. Une sorte de « plus petit dénominateur commun » qui permet au plus grand nombre d’imaginer partager le savoir universel. Tromperie, manipulation, communication bassement et strictement commerciale, destinée à « vendre » !

La véritable « culture universelle », ce serait autre chose, la mise en commun de ce que chaque civilisation a fait de mieux et de plus élitiste, et cela n’est pas possible ! En effet, et avant toute autre analyse, il faut savoir que la première notion à prendre en compte, c’est celle de la culture locale qui positionne toujours les individus dans un lien puissant avec un territoire, son relief, son climat et sa végétation, la communauté d’hommes qui s’y installe, s’y adapte et qui y adopte un mode de vie compatible à cet environnement. La « culture » est née de cette conception qui est propre à une société, ce qui signifie qu’il existe autant de cultures différentes qu’il y a de sociétés réparties sur des territoires différents à travers le monde.

L’homme a tout d’abord conscience de son appartenance à une communauté qui, en réponse, le considère comme l’un des siens, fondement basique de l’identité de l’individu. La culture regroupe, on l’aura compris, des croyances et des savoir-faire qui se perpétuent et permettent aux individus détenant la même culture de se reconnaitre entre eux. Et cela commence par la langue, laquelle diffère dans chaque culture, et intègre une « raison » hors de toute « passion » qui s’adapte à l’histoire du territoire. Dans le confort de cette langue et de la culture qu’elle génère, on retrouve des exemples tels que les codes vestimentaires, la gastronomie, etc. mais surtout les outils techniques symboliques pour certains, utilitaires pour la plupart. Les rites et les symboles imposés par la culture locale traduisent une conception du monde propre à une communauté ou à un territoire, avec tous les risques latents de leur inefficacité, de leur cruauté et de leurs superstitions, face au regards étrangers.

Dans un tel contexte, l’envahissement des territoires par le phénomène de mondialisation ne se traduit pas par un mélange généralisé des cultures qui signifierait nécessairement un métissage des peuples, elle se traduit par de nombreuses cohabitations.

Aujourd’hui que les modes de vie tendent vers l’occidentalisation, les traits particuliers des cultures locales persistent toujours, et la cohabitation entre deux individus de culture différente est loin d’être évidente du fait de l’existence de points de vue inconciliables. « L’autre » devient alors un étranger qui n’est jamais le bienvenu, car il n’observe pas les mêmes traditions culturelles. Pour de nombreux êtres humains, la seule culture acceptable est la leur, les autres cultures n’étant alors qu’imparfaites, et donc indignes d’être reconnues.

C’est, on le sait, ce qui explique le racisme, aversion réciproque parfois insurmontable et tellement insupportable. La défense de sa propre origine culturelle enferme les individus dans une vision unilatérale du monde. L’utopie d’une culture universelle est donc tout aussi illusoire que de vouloir éradiquer le racisme. En quelque sorte, une culture universelle anéantit la conception fondamentale de l’homme. Cela signifie que, même dans nos villes et nos villages, les désaccords les plus insignifiants entre deux habitants ayant des traditions culturelles différentes ne peuvent être résolues par l’éducation civique si souvent prônée par les utopistes qui croient à toutes les vertus de l’intégration, pour changer les mentalités.

Un homme a toujours besoin de s’identifier à une culture pour pouvoir se considérer comme appartenant à une communauté. C’est par ses origines, l’histoire de son peuple et les croyances qui lui ont été données en héritage, qu’il peut donner du sens à ses pratiques quotidiennes et aux relations qu’il entretient avec les autres. Et l’on sait que tout cela peut provoquer des heurts qui se transforment souvent en ségrégation raciale.

Une histoire de la France des savoir-faire qu’il faut défendre

Il y a dans de nombreuses villes de province, et souvent dans de petits villages perdus à l’écart des routes, des musées dont le propos est de rassembler les outils quotidiens d’un vieux métier. Ce sont souvent des outils dont on a perdu l’usage, la compréhension et le mode d’emploi, mais qui rappellent les gestes anciens d’une culture traditionnelle. C’est notamment le cas des outils qui témoignent des traditions perdues d’un travail manuel ancien, et souvent, dans un pays comme le nôtre, qui illustrent le coup de main d’artisans ou d’agriculteurs dont il ne faut pas oublier l’ingéniosité. Ces outils sont, comme les métiers qu’ils ont servis, témoins de ce qui a fait notre civilisation au fil des siècles.

Certes, les machines de la révolution industrielle et celles plus technologiques de la révolution numérique ont relégué dans l’oubli des musées ces outils parfois primitifs, mais ces derniers n’en conservent pas moins des identités et une valeur culturelle dans l’histoire du devenir de notre civilisation.

Nombreux sont les Français qui considèrent toujours de tels outils comme des témoins essentiels à la compréhension de notre monde moderne, même si encore plus nombreux sont ceux qui n’y portent aucun intérêt. Et la question que l’on peut se poser, c’est de savoir ce que recouvre alors le terme de « culture ». S’agit-il du simple constat de ce qui fait notre présent et notre lendemain, une idée impalpable et mouvante, moderne et innovante, qui rejette au loin ce qui a été dépassé ? Ou s’agit-il d’une conception plus large qui replace dans l’histoire de notre pays ce qu’il a été et comment il a évolué pour passer de l’époque préindustrielle à l’époque de l’intelligence artificielle ?

Pour certains, la culture et les savoir-faire sont des données primordiales pour s’ouvrir à la compréhension du monde, données qui ne peuvent être détachées du présent, au risque d’en perdre tout sens.

 Plus largement, le monde économique actuel de notre pays ne peut pas s’expliquer sans cette longue chaîne d’expérience, de compétences et de savoir-faire qui se sont accumulées au fil des siècles, et ont contribué à l’évolution positive de notre monde, depuis la France agricole des siècles anciens, jusqu’au monde digital actuel, en passant par toutes les étapes préindustrielles, l’époque des manufactures, celle des artisanats prospères et celles où ont été définis, de façon précise et méticuleuse, les gestes techniques les plus évolués.

En matière industrielle, et dans tous les secteurs, chacun sait que l’état actuel de la technicité française est directement hérité des expériences et de la montée en compétence de tous les chercheurs, tous les inventeurs et de l’ensemble des travailleurs qui ont consacré leur vie de labeur à toujours mieux faire, à toujours évoluer vers la maîtrise, et à toujours se surpasser, avec ce sentiment très enraciné et fusionnel de l’appartenance à une nation existant et se justifiant par son travail.

Les secteurs où la compétence française s’est manifestée depuis des siècles et notamment depuis la fin de la seconde guerre mondiale, sont bien connus. Il y a le nucléaire, bien sûr, et toutes les recherches qui ont été menées pour garantir une indépendance énergétique, et donc pour promouvoir une évolution des mentalités de la consommation. Il y a bien sûr de nombreux autres secteurs économiques et industriels dans lesquels la France s’est illustrée, comme la métallurgie, l’automobile, la construction navale, l’aéronautique et le développement des trains à grande vitesse, mais aussi dans tous les secteurs qui tournent autour du luxe et du bon goût français.

Mais force est de constater que, selon les époques, certains secteurs ont perdu leur rang dans le concert mondial, pour des raisons aussi diverses que les pillages industriels, la mauvaise compréhension des impacts de la mondialisation, et malheureusement, les décisions stratégiques des dirigeants, tant politiques que commerciaux, qui sont définitivement regrettables. C’est ainsi, essentiellement pour des raisons de maximisation des profits décidée unilatéralement par les capitalistes, propriétaires des sociétés ou des usines concernées, que des fleurons de notre industrie ont pu être abandonnés, gaspillés, vendus voire bradés, ou tout simplement perdus pour la culture industrielle française.

Il y a bien-sûr de nombreux autres secteurs économiques, parfois plus discrets, mais qui fondent largement l’identité de notre pays. Je veux ici évoquer tout ce qui touche à la culture artistique, monde de l’image, cinéma, télévision, théâtre, opéra, mais aussi littérature et musique, y compris dans le domaine de la chanson populaire, tous ces secteurs qu’il convient de protéger et de défendre contre deux types d’attaques, l’appropriation économique et le nivellement des valeurs.

Il faut aussi évoquer un secteur économique typiquement français, venu du fond des âges, un secteur parfois qualifié par certains de « franchouillard », celui de la cuisine et des produits du terroir. Les Français, en tout cas une grande majorité d’entre eux, sont attachés à l’art culinaire, voire à la gastronomie, et à tout ce qui s’y réfère, notamment pour ce qui concerne les matières premières, produits de l’élevage et de la culture. À tous les stades de ce monde artisanal de l’alimentation très française, on trouve des cuisiniers investis, les éleveurs convaincus, et des agriculteurs intransigeants. Il suffit de se reporter à des émissions de télévision consacrée à nos terroirs, pour faire le constat admiratif qu’il existe partout, dans toutes nos régions provinciales, des Français engagés dans la sauvegarde de ce patrimoine immémorial. Et on peut se référer, en cela, à tous ceux qui se battent pour promouvoir les appellations d’origine contrôlées (AOC) ou les appellations d’origine protégées (AOP) et qui contribuent ainsi à perpétuer les savoirs faires ancestraux.

Il n’est donc pas anormal de vouloir défendre nos acquis ancestraux. Et lorsqu’on évoque l’idée de protéger ses acquis, on sous-entend qu’il existe presque une sorte de « guerre » entre des conceptions différentes de l’idée de culture. Car il y a, en effet, une cohabitation et des oppositions entre au moins deux conceptions de ce qu’on pourrait appeler la « culture » française, un peu dans l’esprit de la querelle des Anciens et des Modernes (ou querelle des Classiques et des Modernes), cette polémique née sous les ors de l’Académie française qui a agité le monde littéraire et artistique de la fin du XVIIe siècle.

La théorie des Classiques est fondée sur le principe du respect de l’héritage du passé, et notamment, en littérature, sur les œuvres de l’Antiquité grecque et latine, le tout confirmé par vingt siècles d’études et d’inspirations universelles. Même s’ils reconnaissent les mérites de leurs contemporains, les Classiques disent qu’il est important d’appréhender la dimension cumulative de la culture en se référant aux œuvres de leurs prédécesseurs.

Comme les Modernes du XVIIe siècle, dans une attitude adaptable à toutes époques, les jeunes générations du XXIe siècle sont tout autant persuadées que les œuvres créées par leurs contemporains sont forcément supérieures à tout ce qui a été produit durant les siècles passés. Ils militent donc pour une culture assez réductrice, née en dehors de toute transmission venant du passé et ne respectant qu’un seul critère, la culture de la majorité, celle des réseaux sociaux.

Depuis les années 50, la rhétorique était déjà la même. À l’époque, dans les lycées français, on parlait de la filière classique et de la filière moderne. Les meilleurs élèves, appelés à accéder aux classes préparatoires des grandes écoles, ou à des cursus universitaires « élitistes », suivaient un parcours qui débutait par l’enseignement du grec ancien, du latin, de la littérature française et de la philosophie. Les autres abandonnaient la voie classique, pour s’engager sur une voie médiane, parfois professionnelle, parfois simplement limitée à la seule voie scientifique.

Les matières culturelles, la musique ou le dessin, mais aussi l’histoire ou la géographie, étaient tenues en piètre estime. Résultat, des formations très parcellaires qui ont placé les jeunes générations « modernes » dans un contexte concentré sur l’instant présent et faisant abstraction de la longue chaîne culturelle qui explique et valorise notre pays, son histoire, ses forces mais aussi ses faiblesses, ses richesses et les héritages recueillis en 2000 ans dans le brassage des peuples qui l’ont forgé.

Une seconde opposition, entre les élites dites « intellectuelles » et les élites économiques est celle, héritée de la mondialisation, qui voit se confronter ceux pour qui la culture est tout et ceux pour qui la réussite financière est l’objectif absolu, une opposition entre une élite universitaire, fruit d’une formation classique, et des générations persuadées de détenir la vérité purement comptable, débarrassée de toute contrainte. Il est d’ailleurs intéressant de constater que ces générations sûres d’elles-mêmes et de leurs compétences contenues dans leur seul Smartphone, sont persuadées du peu de valeur de la culture classique, et de l’immensité de ce qu’elles s’imaginent être la culture universelle, c’est-à-dire une culture commune à l’ensemble du monde.

Mais il faut une colonne vertébrale

Dans un pays comme la France, qui a la réputation d’être un État de droit, la solidité des institutions est une condition de base de la défense de sa culture et des savoir-faire acquis au cours des siècles. Et en France, les institutions, telles qu’elles ont été conçues en 1958, apportent depuis plus d’un demi-siècle une solidité qui nous a valu d’être souvent imités. Mais si les institutions, leur organisation et la méthodologie de la philosophie politique, peuvent être idéales, voire parfaites, cela ne suffit pas il faut aussi que les hommes et les femmes qui les incarnent et les mettent en œuvre le soient aussi. Et rien n’est moins sûr aujourd’hui.

Les élus et les responsables politiques ont l’obligation d’être exemplaires. Leur mission n’est pas un « métier » comme un autre, c’est un engagement au service de l’intérêt public. Et l’exemplarité attendue n’est pas forcément constatée. La vie publique semble manquer des valeurs attendues, et les comportements de certains démontrent trop fréquemment des carences en termes de déontologie et de rigueur. Au sein de l’exécutif, mais tout cela est relayé et trop souvent déformé par une presse à la recherche de complots, de scoops et de scandales, c’est parfois l’impression de désordre ambiant qui domine avec des prises de positions contradictoires qui finissent par dérouter l’électorat.

Les parlementaires, dont le spectacle des sessions publiques est devenu un amusement parfois grinçant, excessif et contreproductif, semblent, aux yeux de l’opinion publique, « jouer » le jeu de l’indépendance des pouvoirs. Le « législatif » est indépendant de « l’exécutif » et le parlement contrôle le gouvernement. Mais ça, c’est dans l’ADN de la Ve République, voulu par un homme fort et respecté, entouré d’hommes et de femmes intègres nés dans les générations de la Résistance durant la seconde guerre mondiale et la lutte contre le nazisme. Dans la réalité, et les derniers débats, votes (ou absence de votes) le montrent trop bien, l’opinion n’est pas entendue dans sa diversité, et le parlement finit par n’être qu’une chambre d’enregistrement des projets de loi voulus par l’exécutif, en parfaite contradiction avec la culture démocratique française.

L’État est, dans son ensemble, conçu pour défendre une République laïque et progressiste, et il donne trop souvent le spectacle d’une caste occupée à défendre ses propres intérêts dans un monde désormais acquis aux grands intérêts économiques en recherche de profits. Mais qu’est devenu dans ce cas l’intérêt public qui veut promouvoir sa culture et conserver une France des valeurs fondamentales et des savoir-faire ancestraux ?

Le monde est un vaste marché dans lequel la France a perdu une assez grande part de sa prédominance passée. Son rôle semble maintenant se limiter à contribuer à une économie mondiale du profit qui se développe de façon insidieuse et que nos élus ne semblent pas être en mesure de contrôler. Et cela, quoiqu’en pense le gouvernement, les Français l’ont compris et en tiennent de plus en plus rigueur à leurs représentants, comme en témoignent à la fois les records d’abstention, le nombre de manifestations hostiles et la montée de la violence à laquelle nous assistons depuis des mois. Comment se fait-il que l’État de droit qui est le nôtre ne maîtrise pas plus et pas mieux la sécurité des citoyens ? Notre pays semble se dissoudre dans ce que la mondialisation nous a apporté de pire, une fausse culture médiocre née sur le Web et qui nie notre culture intrinsèque. Pour certains, il s’agirait de la civilisation universelle, considérée comme un trait du monde actuel et qui soutient l’essor fallacieux d’une culture universelle qui n’est en fait qu’une organisation économique du marché mondial.

Comme je l’ai écrit un peu plus haut, il ne s’agit pas de l’avènement d’une culture. Je parle ici de porter atteinte, par le « business », à notre mode de vie qui est ancré sur un territoire, un peuple, même en acceptant ses évolutions, et sur des valeurs fondamentales telles que la laïcité, la liberté et l’ensemble des droits de l’homme et du citoyen. Il est donc faux de prétendre que la mondialisation nous contraint à assister sans réaction à l’émergence d’une « civilisation nouvelle et universelle » et nous oblige à vivre désormais au sein d’une seule et même civilisation globale.

Il s’agit donc, une fois de plus de défendre notre culture contre les actes des « faux prophètes ». Car force est de constater qu’une telle civilisation universelle est uniformisante et qu’elle ne permet pas, dans les faits, de s’ouvrir à une diversité des cultures, ce qui permettrait à chacun de ne plus être cantonné à sa propre identité communautaire. On constate chaque jour le contraire dans nos rapports avec les communautés sectaires qui tentent en France d’instaurer les obligations dogmatiques de Républiques religieuses.

L’apport de cultures différentes, respectueuses les unes des autres est un sujet délicat mais prometteur. Elle mettrait sur un pied d’égalité la plupart des civilisations en ouvrant les choix et les complémentarités. On évoque ainsi l’idée de l’occidentalisation progressive du monde, au moins au sein de l’Europe. Mais on assiste parallèlement au rejet des valeurs occidentales par des mouvements identitaires et sectaires. Il reste de ces développements que notre modèle occidental reste limité et que son accès à sa culture séculaire est largement réservé à une élite. On aura beau faire, la différenciation culturelle existera toujours au sein de nos sociétés, comme elle existe entre les groupes sociaux. Claude Lévi-Strauss, dans « Tristes tropiques », écrivait d’ailleurs que si « L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat »

Certains pays européens défendent, becs et ongles, leurs spécificités, leurs us et leurs coutumes, nées de leur histoire, leur identité judéo-chrétienne et leur religion, leur droit et leurs institutions. S’ils acceptent d’accueillir d’autres peuples sur leur territoire, c’est sous condition que ces derniers s’adaptent à leurs règles et s’intègrent à un mode de vie déterminé et, surtout qu’ils le respectent sans venir le bouleverser ou imposer de nouvelles lois. D’autres pays laissent faire tout cela insidieusement, quitte à laisser s’installer les intolérances au prétexte de l’obligation de respecter et de tolérer l’autre. Cette attitude ne peut pas être à sens unique. Quand on parle de tolérance, on doit s’assurer qu’elle est mutuelle.

La France et son histoire agricole, ses savoir-faire ancestraux et ses traditions héritées d’une longue histoire où de nombreux peuples se sont adaptés les uns aux autres, les Grecs, les celtes et les romains, les vikings et les germains, dans une tradition judéo-chrétienne, est désormais vieille de deux mille ans. Elle doit se protéger !

Au fil des siècles et des multiples migrations, on a pu remarquer l’attitude des peuples venus d’Asie, qui ont apporté dans le monde occidental des savoir-faire et des coutumes, mais sans sectarisme. On sait en effet qu’ils ne sont pas animés par des mobiles religieux dogmatiques, mais par des visions essentiellement philosophiques, comme le taoïsme, le confucianisme ou le bouddhisme. En revanche, alors même qu’une partie de nos concitoyens d’origine musulmane (qui composent la troisième religion du « Livre ») s’intègre dans le respect des lois de la République, généralement au bout de la deuxième génération, notre État se doit de rester vigilant ! Non pas par peur ou par racisme, mais parce qu’à l’inverse du christianisme et du judaïsme, certains messages traditionnalistes et sectaires, voire belliqueux, entendent imposer sur notre territoire culturel des dogmes et des coutumes incompatibles avec l’esprit de tolérance illustré par Voltaire.

La République, celle de Jaurès, doit être le rempart contre celles et ceux qui veulent imposer la charia, cette loi islamiste à géométrie variable, incompatible avec nos cultures judéo-chrétiennes.

Bernard Chaussegros


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