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Comment la startup Neofarm réinvente la ferme robotisée


Avec 12 outils robotisés, la jeune pousse NeoFarm réussit à faire coïncider agroécologie et technologie. Une première ferme pilote vient d’ouvrir à Saint-Nom-la-Bretèche (78) sur 2 hectares. L’ambition des créateurs est élevée. Leur idée est de créer un modèle de production non seulement respectueux de l’environnement, également profitable et attirant, grâce à...

Alexia Rey et Olivier Le Blainvaux

Avec 12 outils robotisés, la jeune pousse NeoFarm réussit à faire coïncider agroécologie et technologie. Une première ferme pilote vient d’ouvrir à Saint-Nom-la-Bretèche (78) sur 2 hectares.

L’ambition des créateurs est élevée. Leur idée est de créer un modèle de production non seulement respectueux de l’environnement, également profitable et attirant, grâce à des solutions technologiques, un système d’accompagnement sur-mesure pour un nouveau modèle économique d’exploitations. Les solutions technologiques qu’ils ont mises au point comportent plusieurs volets.

En premier lieu, une application de gestion de l’activité maraichère qui fournit par exemple des données sur l’état du sol ou la présence de nuisibles, donnant des indications sur la nécessité ou pas d’une intervention de l’exploitant. D’autres moyens techniques innovants ont également été conçus tels que capteurs et automatismes permettant de faciliter le travail des agriculteurs.

Une micro-ferme Neofarm, c’est quoi ? Alexia Rey : « C’est une exploitation à taille humaine, sur 2 hectares minimum jusqu’à 10 hectares ou plus, avec des espaces sous serre et plein champ et de nombreuses zones de biodiversité (haies bocagères, vergers en agroforesterie, bas-sin, mares, bandes fleuries…). La solution technologique comporte deux éléments : une application de gestion de l’activité et un portique automatisé s’équipant d’outils pour réaliser des tâches maraîchères (préparation du sol, implantation des cultures (semis, plantations, désherbage, récolte, irrigation, aération…) ». Mais l’originalité vient aussi de l’approche sociale.

Des agriculteurs en CDI

L’action des deux cofondateurs a égale-ment pour but de proposer une solution face au fait que 50% des agriculteurs vont prendre sa retraite dans les cinq prochaines années, et que la relève s’avère problématique. Néofarm veut construire un « maillage de micro-fermes maraîchères qui associent les bénéfices de l’agroécologie et ceux de la technologie ».

Convaincre les acteurs du territoire.

Alexia Rey : « Les acteurs du territoire, au premier rang desquels les agriculteurs et les collectivités sont essentiels. Nous concevons les fermes adaptées pour les besoins et contraintes des territoires où elles sont installées, et nous accompagnons ensuite nos partenaires et les équipes des fermes s’ils le souhaitent dans l’activité de production maraîchère ».

NeoFarm offre un éventail de services en fonction du profil de l’agriculteur, expérimenté ou néophyte. La startup gère la sélection du terrain ainsi que le recrute-ment des équipes en charge de la production. Ces producteurs touchent un salaire nettement plus élevé que la moyenne du secteur et bénéficient d’un CDI lié à un nombre d’heures de travail défini.

Autant dire un changement total de paradigme en matière d’exploitation. Les exploitants peuvent être des nouveaux venus qui se lancent dans ce concept, ou des agriculteurs déjà installés qui consacrent une partie de leur terrain agricole au concept Néofarm.

Un homme et une femme

La cofondatrice est Alexia Rey. « J’ai la grande chance d’avoir un double diplôme Sciences Po-Maraichage », une phrase qui frappe, la passion pour le maraîchage étant assez peu fréquente chez les dipl-més des Masters Finance et Stratégie de la célèbre école. La conscience écologique est bien ancrée chez la jeune femme qui avait déjà créé une association pour les étudiants permettant d’avoir accès à une alimentation de qualité.

C’est lors de sa dernière année qu’elle décide de suivre le parcours Entrepreneurs. Son diplôme en poche en 2013, Alexia Rey oriente sa carrière professionnelle vers le conseil en RSE et la finance participative. Le co-fondateur est Olivier Le Blainvaux, polytechnicien amoureux de l’entreprise. Il a lancé plusieurs projets dans l’environnement et l’agriculture, notamment le startup studio Technofounders et Cerbair, startup qui conçoit et produit des systèmes de lutte contre les drones utilisés à des fins malveillantes.

Ce père de trois jeunes enfants a voulu s’engager en 2018 à travers la création de Neofarm dans un défi pour l’avenir. Lors d’un we-binaire organisé par Elle Active et L’Oréal sur le thème « Changer l’entreprise pour changer le monde », Olivier Le Blainvaux a donné quelques conseils aux créateurs d’entreprise. Avant la concrétisation, il est essentiel de « confronter son idée et se faire challenger » afin de retravailler le projet avant de le transformer en réalité.

Des principes appliqués pour NéoFarm qui a créé son premier site test à Saint-Nom-la-Bretêche, avant que la ferme pilote n’ouvre en 2021 dans les Yvelines. Cette première ferme maraîchère est née à Rambouillet, une autre vient de voir le jour en Eure-et-Loir. Dernière initiative, le démarrage de la vente directe des légumes produits par la ferme pilote. L’objectif des créateurs est de parvenir à installer suffisamment de fermes afin de bénéficier des effets d’échelle notamment en termes de volumes pour par-venir à 2000 fermes à terme. L’avenir de l’agriculture est également technologique.

Claudio Flouvat


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