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Comment France Galop dépoussière les courses hippiques

Olivier Delloye, Directeur Général de France Galop.

France Galop, qui gère les cinq grands hippodromes (Auteuil, Longchamp, Saint-Cloud, Chantilly et Deauville), veut encore développer dans le monde l’engouement pour les courses hippiques. Entretien avec Olivier Delloye, passionné et Directeur Général de France Galop.

Comment devient-on Directeur Général de France Galop ?

Olivier Delloye : Il s’agit en partie d’une « vocation », je suis fils d’un ancien entraîneur de chevaux de course, petit-fils d’un grand passionné, j’ai grandi à Chantilly. Après un parcours classique (HEC), j’ai intégré Procter & Gamble, puis le groupe PPR, et en 2006, j’ai décidé de faire de ma passion mon activité professionnelle. J’ai donc rejoint la direction d’Arcana, qui organise les ventes aux enchères des chevaux de course, participant au développement de cette belle entreprise. En 2015, j’ai été approché par Edouard de Rothschild, fraîchement élu à la direction de France Galop que j’ai intégrée depuis lors.

Quelles sont les missions de France Galop ?

O.D. : Notre association est un objet unique dans l’univers des courses internationales, avec une mission de régulateur et une d’exploitation des cinq hippodromes majeurs. En tant qu’exploitant, France Galop organise l’ensemble des réunions de courses et l’évènementiel. Habituellement, les deux fonctions sont séparées, mais pas en France, où nos missions sont très larges. Les paris hippiques sont un droit concédé aux PMU par un GIE, filiale de France Galop et du trot. Cela représente 90% des ressources de France Galop afin de financer toutes nos missions :

– La redistribution via les prix de courses, soit 290 millions d’euros par an aux différents acteurs.
– L’organisation de l’activité, soit pour le galop 190 millions pour financer le fonctionnement des hippodromes français, ainsi que les centres d’entrainement à Chantilly, Maisons-Laffitte et Deauville, soit 3000 chevaux chaque jour.
– La réglementation des courses, le contrôle anti-dopage, avec des prélèvements quotidiens et inopinés, des opérations coup de poing avant les courses, pour un budget de 10 millions d’euros.
– La réglementation de la médication autorisée.

Il s’agit ici de nos missions fédératives, mais France Galop mène à bien d’autres tâches, telles que la production et re- transmission en direct des courses sur la chaîne Equidia, soit 10 à 12 heures tous les jours aux 4 coins de la France, afin que les parieurs puissent tout suivre en direct.

Je peux aussi vous citer un dernier exemple, nous sommes en charge des cinq écoles des futurs jockeys, et du re- crutement des jeunes.

Combien d’emplois cela représente-t-il ?

O.D. : La filière courses trot et galop emploient 18 500 personnes qui en vivent à titre principal, sur des emplois non délocalisables. Nous participons activement à l’aménagement du territoire en zones reculées de par l’implantation des haras et l’élevage de chevaux, par exemple dans l’Orne. C’est un métier de passion, le cheval mange tous les jours. 53 départe- ments sont concernés par notre activité, qui se féminise très rapidement.

Comment procédez-vous pour rajeunir votre public ?

O.D. : Le monde des courses hippiques est dominé par l’image d’Épinal des chapeaux du prix de Diane d’un côté, et d’un autre, le pari du café tabac PMU. La réalité est différente, France Galop a compris depuis longtemps que la seule promesse sportive de voir des chevaux de course et d’assister à des épreuves sportives ne suffit plus pour attirer un public large. Nous avons fourni un effort particulier pour apporter du contenu et attirer des publics différents. Cela a commencé lors de la rénovation de Longchamp avec un renouveau de la programmation, très orienté famille, « Hippodrome en famille ». Nous avons aussi inventé de nouveaux formats pour les 18-30 ans, comme les Jeuxdi Paris Longchamp. Les jeunes ont répondu présents avec 10 à 11 000 spectateurs en saison qui viennent à la sortie du travail ou de l’université.

Notre objectif est d’être plus inclusif tout en créant des revenus supplémentaires pour la filière. Pour faire découvrir le monde des courses, il faut créer ces occasions pour des gens qui n’y ont jamais mis les pieds. Et nos retours sont positifs, les nouveaux venus sont séduits, presque surpris de l’expérience vécue par rapport à l’image qu’ils en avaient. L’hippodrome doit faire sauter ce plafond de verre de fréquentation, devenir une alternative de loisirs, une destination possible le week-end prochain, pour l’amateur de courses, pour la famille avec enfants, pour les jeunes et pour les entreprises.

Quelles sont vos ambitions à travers votre nouvelle identité visuelle et « France Galop Live » ?

O.D. : Il a d’abord fallu se remettre des phases Covid. En 2022, nous nous rapprochons des niveaux de 2019, et cette année nous allons redépasser les 400 000 spectateurs avec l’objectif de parvenir à 450 000 en 2025. Nous poursuivons nos efforts sur notre nouveau site, qui attire déjà plus de 2 millions de visiteurs, et sur les réseaux sociaux. Notre programmation s’enrichit sur les hippodromes, avec 200 journées de courses annuelles dont 65 événementielles, avec au choix piques niques chics, concerts, DJ sets, concours d’élégance, manèges, restauration, jeux pour les enfants, baptêmes de poneys… Il y en a pour tous !

Propos recueillis par Anne Florin


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