Il n’a peur de rien ! À juste 30 ans, Samuel Levine-Parisi, entrepreneur récidiviste, pur autodidacte de son état, pourrait signer avec Avopoints une des plus belles réussites de l’année. Après avoir lancé avec un énorme succès une start-up Paramédicale devenue leader européen dans son secteur, il remet le couvert dans une activité qui va en intéresser beaucoup : la récupération de points sur le permis de conduire. Une véritable innovation sur le marché convoité des droits de l’automobiliste mené tambour battant avec les avocats et notamment Samya Badouraly.
Quel est le concept de la plateforme Avopoints et qu’apporte-t-elle aux automobilistes ?
Samuel Levine-Parisi : Avopoints est une start-up qui a pour vocation à démocratiser l’accès au droit routier en permettant une contestation simple et accessible de sa contravention et le choix d’un avocat pour tous les besoins d’accompagnement juridique. Cette plateforme en ligne permet à ses utilisateurs de défendre leur permis de conduire et d’éviter la perte de points grâce à la mise en relation avec des avocats. Les conducteurs sollicitent donc nos services lorsqu’ils reçoivent une contravention ou lorsqu’ils se heurtent à une problématique juridique (non-désignation, alcoolémie, permis de conduire annulé, conduite sans permis…). Tous les documents utiles sont scannés, les données essentielles sont extraites afin d’être transmises à l’avocat choisi par l’automobiliste. L’avocat prend ensuite en charge le dossier et assure le suivi tout au long de la procédure.
Notre plateforme est unique car nous sommes les seuls en France à réunir le meilleur des deux mondes, le légal avec des avocats réactifs et disponibles, et la tech qui permet aux clients de gérer leur problème juridique en quelques clics. En cela, notre legaltech est particulièrement disruptive. Sur la partie accompagnement juridique par un avocat, nous sommes les premiers à prendre pleinement en considération l’ urgence des situations auxquelles les automobilistes sont confrontés et à leur faciliter l’accès à un avocat via une convention d’ honoraires qu’ils signent en ligne. Notre plateforme permet une prise en charge très réactive sans qu’ils soient contraints de solliciter des devis chronophages. Conscients que les délais sont une donnée essentielle pour les automobilistes, nous leur garantissons la prise en charge par un avocat dans un délai n’excédant pas 48h ouvrables.
Êtes-vous les premiers sur ce marché ?
Nous sommes la première start-up à proposer ce degré d’ accompagnement technologique dans la mise en relation avec un avocat en droit routier. Certains cabinets d’avocats ont développé des sites Internet avec plus ou moins de succès, mais ils n’ont pas la vocation à conquérir le marché et n’ont pas l’agilité d’une start-up. Nous avons l’ambition de capter tout le marché et d’assurer le « go between » (intermédiaire, en français, ndlr) entre les automobilistes et les avocats.
En quoi le concept porté par Avopoints est-il disruptif ?
Nous sommes révolutionnaires sur deux aspects. Les avocats partenaires d’ Avo-points offrent une parfaite transparence de leurs honoraires et des facilités de paiement. Pour tous les sujets traités sur la plateforme, ils affichent des tarifs forfaitaires, notamment sur les sujets d’alcoolémie au volant, de conduite sous l’emprise de stupéfiants, de permis annulé, etc. Il n’existe aujourd’hui aucune structure en France ayant cette philosophie. Notre plateforme permet également un précieux gain de temps. Alors que la phase de réalisation du devis peut prendre une à deux semaines après avoir consulté un avocat, Avopoints permet l’émission par l’avocat d’un devis instantané, les prix étant définis en amont en fonction de la typologie des prestations par les avocats eux-mêmes. La signature de la convention d’honoraires de l’avocat intervient dans la foulée et le paiement se fait via Stripe avec la possibilité de payer en plusieurs fois sans frais.
En recourant à Avopoints, la personne en situation d’urgence a la garantie d’être prise en charge dans un délai optimal. En moins de 48h ouvrées, l’ automobiliste est contacté par l’avocat qui prend son dossier en main de bout en bout. En d’autres termes, Avopoints a pour ambition de démocratiser l’accès au droit en offrant aux automobilistes la transparence et la souplesse de paiement nécessaires afin que personne ne soit exclu.
Vous avez annoncé le lancement de la plateforme le 16 juillet. Comment avez-vous réussi ce tour de force ?
En l’espace d’un mois de travail acharné et dense, nous avons réussi à monter tous les pans de l’entreprise là ou d’autres mettent péniblement 6 à 7 mois à se préparer. Les personnes qui travaillent avec nous ont été de près ou de loin impressionnées par le chemin parcouru en si peu de temps. Le site actuellement en préproduction sera finalisé pour le début du mois de juillet avec un lancement du service prévu le 16 juillet. L’API pour le B2B est également prête et disponible et nous avons créé un backoffice dédié aux avocats pensé et conçu sur mesure afin de répondre à leurs besoins de travail et aux règles déontologiques de la profession.
La période estivale est-elle particulièrement propice pour ce lancement ?
Le choix de cette période n’est pas anodin. La route des vacances est associée à l’émission d’un nombre importants de PV/ radar. Par ailleurs, les mois de juillet et août correspondent à la trêve estivale des tribunaux, communément appelée les «vacances judiciaires». Nous voulons assurer un suivi durant cette période où les avocats sont aussi moins disponibles.
Comment vous êtes-vous entouré pour mener à bien ce projet ?
L’équipe projet est constituée de mon associée Samya Badouraly, qui porte la compétence métier, d’Alexandre Teinturier, mon bras droit historique, de Mediaveille (agence de conseil en stratégie web, ndlr), et d’une équipe bien rodée qui m’entoure depuis plusieurs années déjà. Nous nous réjouissons de nous associer avec Mediaveille, allié historique de toutes mes entreprises, avec son DG, Yohann Delahaye qui chapeaute le tout avec expérience et Jérémy Bourdais, David Lecuyer, Jean-Patrick Tanneau et Arnaud David qui sont à mes yeux ce qui ce fait de mieux en France en marketing. Nous disposons aujourd’hui d’une solide équipe opérationnelle qui nous aide à chapeauter et structurer le projet.
Comment avez-vous convaincu les avocats de devenir partenaires ?
Les avocats sondés par Samya ont été charmés par notre produit. Nous souhaitions travailler avec des avocats qui comprennent à la fois notre volonté de transparence, mais aussi le fait que le client soit au centre de nos priorités. Nous avons aujourd’hui un pool d’avocats dont nous étendrons le nombre à mesure du temps afin de couvrir tout le territoire national. Nous présentons un avantage essentiel au regard des autres acteurs du marché : nos avocats partenaires ont simultanément un client et une rémunération assurée à travers notre plate-forme. Cette différence substantielle rend notre plateforme particulièrement attractive et constitue son unicité sur le marché de la legaltech.
Comment avez-vous financé le projet ?
Intimement convaincu par ce projet, j’ai moi-même participé à son financement. Nous avons déjà réalisé un premier tour de table qui nous a permis de lever les fonds nécessaires. D’autres partenaires de renom nous ont rejoints et nous avons bénéficié du plein soutien de Robert Lafont d’Entreprendre, qui est l’ un des rares patrons à croire aux jeunes entrepreneurs et à leur donner leur chance.
Quelle est votre stratégie de développement ?
Nous avons pour ambition de lancer notre offre à grande échelle et de conquérir tout l’Hexagone. Nous souhaitons nous lancer à la conquête de l’ensemble du marché du B2C en nous appuyant sur de grosses campagnes marketing multicanales au niveau national. Nous avons également développé des partenariats avec des acteurs majeurs tels que l’application de navigation GPS Waze. Notre appétence ne se limite pas au circuit B2C, nous entendons en effet adresser le B2B pour lequel nous avons des atouts à faire valoir. Nous disposons aujourd’hui d’une application qui peut se connecter à toutes les applications des grosses entreprises de BTP, de taxis ou des flottes de transports déjà existantes, ce qui permet aux conducteurs ou aux chauffeurs de contester une amende sans avoir à sortir de l’application de l’entreprise.
Comment comptez-vous monter en puissance ?
Nous allons travailler sur les six premiers mois pour installer la marque et faire en sorte que le site Avopoints devienne une référence en matière de contestation de PV/radar, un peu à l’image de Carglass pour la réparation ou le remplacement de pare-brise et de Comme j’aime pour les programmes de régime. Nous devons nous différencier et faire comprendre aux automobilistes que nous ne sommes pas un acteur parmi tant d’autres. Nous souhaitons communiquer autour de la transparence que nous encourageons à tous les niveaux et mettre en lumière cette valeur. Il n’existe pas de mauvaises surprises possible avec Avopoints. Nous développerons ensuite des partenariats avec de gros acteurs dans le monde du VTC et des grosses flottes de transports automobiles afin de poursuivre et intensifier la conquête du marché B2C en France. Nous avons également vocation à étendre notre savoir-faire à l’ échelle européenne en nous intéressant dans un premier temps à la Belgique, la Suisse, l’Espagne et l’Italie.
Imaginez-vous développer des services complémentaires à l’avenir ?
La protection juridique est un sujet qui me tient à cœur. Nous souhaitons proposer une protection juridique globale à nos clients qui pourraient nous confier leur permis de conduire en nous déléguant la gestion des évènements impactant leur permis de conduire dont nous serions informés directement. Moyennant un abonnement mensuel, les automobilistes pourraient donc ne plus avoir à gérer leurs PV/radar en bénéficiant de notre réactivité et de l’expertise de nos avocats partenaires.
Le marché sur lequel vous vous positionnez présente-t-il un fort potentiel ?
Nous sommes arrivés à un constat très simple : sur le 27 à 28 millions de contraventions (chiffres Antai) dressées chaque année en France, la majorité est contestable alors même que seule 4% sont contestées. Culturellement, les Français ont l’habitude de payer leur contravention sans broncher, bien que le droit de contester soit mentionné en bas de chaque contravention. Notre but est de faire de la pédagogie, de l’engagement et de la conversion. Capter ne serait-ce que 1% du marché nous permettrait d’être sereins, mais nous ambitionnons de prendre 3% du marché. Si nous partons sur un potentiel de 18 millions de contraventions qui pourraient être contestées et tout le besoin d’accompagnement par un avocat, le potentiel est énorme. Mes précédentes expériences à la présidence de sociétés se sont soldées par des succès avérés, reconnus et plébiscités, mais j’aime à dire qu’Avopoints est mon plus grand défi.
Comment vivez-vous cette nouvelle aventure dans le monde de l’entrepreneuriat ?
Je vis une expérience absolument passionnante et palpitante. L’entrepreneuriat n’est finalement pas si différent de mes expériences précédentes qui m’ont permises d’avoir une vision et d’être en capacité de définir un cap. Mes fonctions de très haut niveau pendant plus de dix années m’ont permis d’acquérir des réflexes et des mécanismes qui me sont très utiles pour monter une société et imaginer la stratégie globale de développement. J’ai eu la chance de faire la couverture d’Entreprendre il y a de cela un an, et ce nouveau projet est en droite ligne avec la fureur de vaincre qui m’anime. Cette fougue me porte encore plus intensément à travers ce projet entrepreneurial qui me fait vibrer. J’ai cette entreprise chevillée au corps.
Comment vous êtes-vous rencontré avec votre associée Samya Badouraly ?
Avocate de profession, Samya m’a été présentée par mes avocats. Nous nous sommes immédiatement appréciés. Fondatrice du site Prodroit.com, elle avait lancé une conciergerie juridique pour dirigeants incubée auprès de l’incubateur du Barreau de Paris fin 2018. Le succès ne s’est pas fait attendre et elle a réussi à générer plus de 60 000 euros de chiffre d’affaires à elle seule grâce à ce concept novateur incluant une grande partie d’accompagnement d’automobilistes. Une véritable prouesse d’autant qu’elle attendait un heureux évènement !
Samya avait pour souhait de continuer à travailler tout en ayant de réelles ambitions de développement. Nos aspirations étaient parfaitement synergiques et nos compétences très complémentaires pour mener à bien le projet Avopoints. Elle cherchait un patron expérimenté et aguerri et attestait d’une véritable valeur ajoutée sur les aspects juridiques. J’ai apporté la dimension entrepreneuriale au projet en créant la société dont je suis devenu le CEO. Notre binôme est particulièrement efficace. Lancement officiel de la plateforme Avopoints pour le 16 Juillet 2019.
Propos recueillis par Isabelle Jouanneau