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Une gifle à un Président de la République française…

Ghyslaine PIERRAT

Tribune

Une main agrippée fortement,
une gifle à un Président de la République française…
une gifle à notre République : en aviser Marianne !

Hier, en plein après-midi, stupeur partagée, un individu empoigne par le bras le Président de la République et le gifle carrément.

Naturellement, il est indispensable, en préambule, de condamner fortement, d’exprimer que l’on soit choqué par cet acte débile, extrême, cette violence gratuite d’un allumé des jeux médiévaux virtuels.

Évidemment, quand on se déplace en province, il y a des risques de dérapages inhérents aux déplacements, en extérieur.

Fatalement, presque tous les Présidents de la République ont eu une mésaventure de ce style. Il est nécessaire de repenser la sécurité présidentielle, immédiatement.

Bien entendu, il est utile et important de poursuivre ce tour de France et c’est courageux de l’entreprendre et de mieux capter le réel de la nation.

Ceci étant, il est aussi légitime d’alerter sur la nécessité d’incarner la fonction de Président, avec tous les symboles que cela suppose. Il est nécessaire de comprendre la notion de sacré de la fonction. Et de ne pas galvauder, même involontairement, cette fonction présidentielle.

Le Président de la République n’est pas un copain, il est le Premier Magistrat de la France.

La communication politique d’un Président n’est pas un jeu. Elle ne doit pas dégrader l’autorité. Encore une fois, la meilleure communication, c’est celle qui ne se voit pas.

Elle peut être inventive, dynamique, imaginative mais elle doit être crédible, intelligente et opportune. Inviter deux You-tubeurs, très sympathiques par ailleurs, à l’Élysées pour faire des roulades sur la pelouse et poser des questions crétines, jouer à poker menteur, ne me semble toujours pas, aujourd’hui encore, pertinent. La communication des éléments de langage donne une communication répétitive ad nauseam…  C’est ce que j’appelle la communication du perroquet…

Emmanuel Macron n’a pas un déficit de jeunesse, de dynamisme, de modernisme. Cette séquence est imbécile et ne réponds pas à une carence d’image.

Un Président n’emploie pas le mot « pari ».

On ne joue pas aux dés le destin de la France.

On ne parle pas jeune pour séduire les jeunes, on parle populo pour séduire les ouvriers, on ne parle pointu pour convaincre les intellectuels. Ça, c’est la vulgarité du marketing politique. On est soi. On est habité par la responsabilité, l’honneur d’avoir été élu, le cap que l’on souhaite conduire envers et contre tout.

Alors, y-a-t-il un lien entre la dimension de la communication politique et cet événement ? J’ai la faiblesse de le croire. Les gens ont soif d’authenticité pas de spectacle. Beaucoup sont désemparés, après les mois douloureux de la Covid-19.

Il ne s’agit pas de dramatiser cet événement mais je ne crois pas qu’il faille, non plus, le balayer, le banaliser en le traitant de mineur. Cet événement n’est pas anodin. Il porte une symbolique d’un peuple qui a souffert et qui est exaspéré, un peu perdu, dans l’attente et qui veut espérer en demain. Attention, on ne peut pas toujours être élu par défaut. Surtout au 2ème mandat.

Un peu d’évolution de la prise en charge de l’état d’esprit du pays s’impose. Nous ne sommes pas chez les bisousnounours, où tout va bien Madame la Marquise. Et, ceux qui esquissent un avis contraire, ne critiquent pas forcément comme un esprit partisan. Quand on alerte, c’est avec objectivité et pas pour exister. L’honnêteté intellectuelle est de rigueur. La liberté intellectuelle est une garantie essentielle. Elle est mienne.

Les déficits d’image d’Emmanuel Macron sont connus par tous les professionnels et au-delà de la communication politique proprement dite, par tous les stratèges politiques qui n’osent plus parler sans filtre.

Gouverner un pays charnel, sensible, intelligent, romantique, sentimental comme la France, ce n’est pas être le premier de la classe, et donner l’impression de passer l’oral de feu l’ENA, en permanence. C’est une autre dimension qui est attendue.

Pour nous tous, souhaitons que cet épisode soit un révélateur de politique intérieure et fasse réfléchir pour rebondir.

Ghyslaine PIERRAT
Spin doctor
Docteur en communication politique et économique

Auteur de La communication n’est pas un jeu et Macron et les autres, aux éditions de l’Harmattan –Paris


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