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Un débat pour rien ?

Photo by Patrick Batard / ABACAPRESS.com

Tribune. Tout le monde se souvient du magicien Mandrake avec sa cape et son chapeau-haut-de-forme, régal de nos bandes dessinées de jeunesse quand nous lisions jusqu’à plus soif les comics américains déversés à la benne dans les années 50/60.

Ce personnage fascinant n’était pas sans évoquer le tout aussi mystérieux Fantômas, héros également chapeauté de haut, de Pierre Souvestre et Marcel Allain dont les couvertures illustrées avaient avant nous émerveillé nos pères au cours des années 20/30. Le chapeau toujours. A propos de chapeau, Arsène Lupin gentleman- cambrioleur en était aussi adepte, qu’il couplait quant à lui avec le monocle. Pour Mandrake, la proximité d’un colosse de couleur vêtu d’une seule peau de panthère colorait malicieusement le tableau, en renforçant l’exotisme des situations dont certes ni Lupin ni Fantômas n’avaient besoin.

Mandrake brillait dans l’illusion comme Lupin dans le vol et Fantômas dans le crime, et ça lui suffisait pour gagner sa vie .

Justicier comme tout héros de l’époque, son art consistait à faire disparaitre le réel à l’aide de sa canne magique et tout rentrait dans l’ordre, en tous cas dans celui qu’il voulait instaurer au lieu et place de celui qui préexistait. Mandrake de la politique, le Président n’a pas fait autre chose en supprimant d’un trait de plume, sournoisement et sans débat le corps diplomatique qui depuis trois siècles avait assuré le rayonnement français dans le monde. Mais la France n’est peut être pas son souci, à moins qu’elle ne le soit que trop, hélas, pour qu’il veuille à toute force et en chaque occasion la faire disparaitre en la noyant dans un grand tout européchose, super machin encore plus machin que l’Onu pour le général De Gaulle.

Et tout sera toujours à refaire, comme le rocher qui déboule pour Sysiphe inéluctablement sitôt arrivé au faîte de la colline. Sans corps diplomatique la représentation extérieure sera à n’en pas douter confiée, bradée plus encore que rétrocédée à ceux de nos amis qui guignent notre place depuis si longtemps. En d’autre temps, celui de Caillaux en 1917, on eût parlé de Haute-trahison, de Haute-Cour. Aujourd’hui rien de tout cela,  Mandrake vous dis-je.

Entretemps il y a eu le débat Présidentiel. Long débat, ennuyeux débat

tant les protagonistes marchaient sur des oeufs, Macron occupé à soigner son profil de vainqueur-désigné en tentant de dissimuler un contentement de soi ne demandant qu’à déborder derrière le sourire du sachant, Marine Le Pen, plutôt brave fille réprimant quant à elle son agacement devant un interlocuteur jouant les examinateurs du baccalauréat. Tout débat enseigne cependant par ce  qu’il révèle plus que  par ce  qu’il laisse dire ou ne pas dire. Ce fut le cas quand, scrogneugneu de service, le Président reprocha à son adversaire l’emprunt qu’elle a  fait aux précédentes élections à une banque russe, l’ennemi d’aujourd’hui, emprunt non encore  remboursé intégralement. Nous y étions enfin, derrière le candidat se révélait le banquier qu’il fut, depêcheur de commandements de payer, de saisies, d’expulsions. 

« Vous êtes dans la main de votre créancier » semblait dire Macron-Macaire, à une Marine Le Pen à qui il assignait ainsi le rôle de Bécassine, sans qu’il se rende compte qu’en direct il révélait ainsi aux Français que le banquier qu’il était resté au plus profond de lui-même se considérait  comme leur créancier, puisque c’est sous cet angle qu’il mesurait  les rapports humains. Si l’Etat distribue, ce n’est pas pour secourir mais  pour commander, dominer, exiger. C’est sa lecture de la citoyenneté dévoilée en public: je prête et je donne, je subventionne, donc je tiens et l’on me doit. Ah ! L’indépendance de la presse! Le retraité, ce débiteur n’a qu’à bien se tenir ! Pendant ce moment il m’a semblé que Marine Le Pen s’en était plutôt bien tirée devant la caricature un peu scrooge, donc déplaisante,offerte par son compétiteur.

Si l’on revient un instant au  corps diplomatique, c’est vrai qu’une France vue sous cet angle n’ en a plus l’usage, puisque que de nation souveraine pétrie d’une histoire exemplaire, elle n’a gardé que ce qui la confond avec un établissement financier, susceptible d’être racheté par plus gros que lui, l’Europe par exemple, en moyen terme avant l’ultime restructuration qui fera de l’Occident la banque universelle régnant sur la multitude que composent à parts égales ses employés et ses clients, tous débiteurs à des titres divers.

A quoi  bon des diplomates quand suffisent des agents d’exécution, avocats notaires et huissiers!

Edifiant débat à raccorder au décret signé à la sauvette entre les deux tours.

Combien vous dois-je ?

Jean-François Marchi


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