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Soizic, sa famille et ses crèches du monde entier

Entreprendre - Soizic, sa famille et ses crèches du monde entier

Près de Versailles, où elle vit une partie de son temps, Soizic s’affaire autour d’une très vieille commode de famille. Elle est en train de disposer sa crèche qui est composée de mini-crèches du monde entier. Il lui faudra une petite semaine pour mettre tous les santons. Cette année, cette granny aux cheveux blancs a envoyé une soixantaine de cadeaux à toute sa famille disséminée sur la surface du globe. Eclairage sur ce conte de Noël.

Elle a vécu une partie de sa vie en Allemagne, en Algérie et en France. Coquette, elle ne dévoile pas son âge. Mais, elle est née à la fin des années 1930. Elle se souvient de sa vie ensoleillée à Oran, avant que n’éclate la guerre d’Algérie. Mariée à un officier de l’armée de terre, elle donne naissance à ses cinq premiers enfants en Allemagne où son mari a été muté. Ils y vivront une dizaine d’années. En tout, Georges et Soizic auront 9 enfants, dont un, Emmanuel, décèdera l’année de sa naissance. « J’ai 34 petits-enfants, raconte-t-elle. 12 vivent en France, et, le reste dans le monde entier, aux Etats-Unis, au Canada, aux Antilles, en Nouvelle-Calédonie, en Italie, aux Emirats, en Australie. » Quoi de plus normal pour cette famille cosmopolite que de vivre et de voyager dans le monde entier. Finalement, à la regarder de près, la crèche de Soizic ressemble à sa propre famille.

D’ailleurs, elle est illustre. Son oncle Georges, a, par exemple, fini de pacifier une partie du Maroc, et, découvert le Hoggar méconnu. Comme cette montagne qui porte leur nom. Nous sommes vers 1900-1902. La famille de son mari, décédé en 2017, l’est également. Ces deux familles réunies le temps d’un amour, qui a traversé, largement, un demi-siècle, appartiennent au monde des grands explorateurs et des vieilles familles de tradition militaire.

Si l’on regarde de près leurs arbres généalogiques on y trouve des corsaires, issus de la Royale. Il y a de nombreux officiers, des aventuriers aux épaulettes chargées de galons, qui ont sillonné toute l’Afrique du Nord avant de s’y installer, puis, de vivre en Algérie. Et, finalement, de revenir en France. C’est la grande époque de l’Empire Français, celle du 19è siècle et du début du 20è, avant les grands affrontements des conflits mondiaux et le temps de la décolonisation.

Une crèche planétaire

C’est pour cela que sa crèche porte les couleurs du monde entier. Ses petits personnages que l’on appelle santons, proviennent du Mexique, du Guatemala, d’Egypte, de la Guadeloupe, du Chili, de la Forêt Noire d’Allemagne, de la Floride, de la Nouvelle Calédonie, des Emirats, du Liban, du Japon, etc. Impossible de citer tous les pays. « C’est une tradition familiale. A chacun de nos voyages nous dénichons des crèches. Cela me prend plusieurs jours pour réunir tous les personnages dans une seule et même crèche. Au mois de décembre mes journées sont bien remplies entre la décoration et la recherche de cadeaux. »

Soizic vit seule, depuis 4 ans. Son mari est décédé à 83 ans, des suites de « problèmes cardiaques à répétition ». Très croyant, et, pratiquant, « il priait son chapelet tous les jours à la maison, avant d’être hospitalisé définitivement. » Soizic avait, alors, l’habitude d’être très entourée. Elle n’avait jamais vécu seule. « Cela ne m’était jamais arrivée. Je me suis mariée très jeune. Je venais juste d’avoir 20 ans. Depuis 2015, date de l’hospitalisation définitive de mon mari, je suis seule. » C’est pour cela que la famille est très importante.

Elle ne sera pas seule à Noël. « C’est une fête très importante pour toutes les familles. De notre côté, nous nous réunissons en Bretagne. Là-bas, aussi, j’ai une crèche, plus petite, qui vient du monde entier. Cette année, nous serons une dizaine pour les fêtes. »

Ce jour de Noël, son vœu le plus cher est que personne ne reste seule. C’est pour cela, qu’inlassablement, depuis une trentaine d’années, depuis que ses enfants ont quitté le cocon familial et ont embrassé le monde, elle passe son mois de décembre à rassembler des jouets, des livres, des petits bijoux, des petits objets rares. Comme de véritables trésors, elles les habillent de papiers-cadeaux argentés, aux couleurs vert et rouge. Puis, direction la poste avec son bonnet sur la tête, son grand manteau d’hiver, ses gants marrons, et son cabas de même couleur, qu’elle tire avec peine. Son cabas, c’est sa hotte. Avant d’éteindre la lumière, Soizic prépare ses derniers bagages, dont un renferme encore des cadeaux.

Direction la Bretagne, où elle va préparer avec soin la venue du petit Jésus de la crèche, au milieu d’une partie de ses petits-enfants, qui auront les yeux remplis d’étoiles. Elle leur lira, très certainement, des contes de Noël au pied du sapin. Et, évoquera son conte familial. « Joyeux Noël ! », nous glisse-t-elle en refermant doucement la porte et en éteignant les lumières.

Antoine BORDIER


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