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Pourquoi ne pas nationaliser Renault ?

Entreprendre - Pourquoi ne pas nationaliser Renault ?

Il est surréaliste d’entendre à la fois parler sur toutes les antennes, dans tous nos débats économiques et politiques, de la nécessité de réindustrialisation et de reconquête industrielle, et en même temps de voir fleurir des informations annonçant, l’air de rien, que le premier groupe industriel du pays pourrait fermer pas moins de trois de ses sites… La belle affaire… De qui se moque-t-on ? Où est la cohérence ? Pourquoi jouer aussi avec les nerfs des salariés et l’avenir économique du pays ?

Renault, ex numéro un mondial de l’automobile au sein de l‘alliance avec Nissan et Mitsubishi, pourrait fermer les sites de Choisy-Le-Roi (270 salariés), des Fonderies de Bretagne (390 salariés), ainsi que l’usine de Dieppe (386 salariés), siège historique de la mythique marque Alpine. D’après mes informations, le constructeur au losange n’a même pas été capable de racheter le petit atelier, récemment mis en vente dans le port de Seine-Maritime, pour en faire un musée ou une exposition permanente à la gloire du célèbre coupé bleu horizon. Cela aurait été un beau symbole, sans coûter très cher, même si c’est une autre histoire.

Même l’usine de Flins (78), qui assemble quelques 180 000 voitures par an, dont la célèbre Zoe, est menacée et pourrait abandonner sa production d’ici quelques années au profit de l‘usine de Douai (Hauts-de-France). Rationalisation, comme disent les gestionnaires, à moins que cela ne soit le faux-nez d’une stratégie de délocalisation hors frontières comme on en a connue tant ces dernières années, à l’instar de ce qui a été fait avec la Roumanie pour Dacia. A ce propos, ne croyez-vous pas que si on avait fait un décompte global, on aurait très bien pu produire des Dacia au Mans ou à Flins ? Toyota a bien installé avec succès une nouvelle usine à Valenciennes, avec le soutien actif de Jean-Louis Borloo qui s’est battu sur cette affaire comme un chien. Je le vois encore fulminer, comme si c’était hier, en 2002, dans son bureau quand, jeune ministre de la ville du gouvernement Raffarin (sous Chirac), il avait appris la décision de Jean-Martin Folz d’implanter une nouvelle usine PSA dans un pays de l’Est, alors qu’il aurait été possible de l’implanter sur son territoire par exemple. Ne recommençons pas les mêmes erreurs !

Notre confrère Les Échos titre ce jour très diplomatiquement « Renault veut revoir son empreinte industrielle en France« . Comme en termes courtois ces choses-là sont-elles dites et présentées ! La vérité est que le gouvernement n’a pas le droit d‘accepter un tel recul et une telle absence de volontarisme industriel en faveur du « made in France ». Bruno Le Maire a beau vouloir montrer ses muscles, indiquant au Figaro qu’il n’avait pas encore signé le prêt garanti de 5 milliards en faveur de Renault. Il n’empêche. Toutes les informations qu’on laisse sortir en ce moment sans les démentir montrent que ces rumeurs sont fondées et qu’on essaye de préparer l’opinion à un tel renoncement. Les laisser sans démenti, n’est-ce pas déjà avoir perdu la guerre ?

Au-delà de leur propre poids et symbole, les usines Renault font travailler un nombre de sous-traitants et d’entreprises intermédiaires considérable. En bourse, l’ex-régie nationale vaut à peine 5 milliards d‘euros… Soit très exactement la valeur du PGE que l’Etat serait prêt à garantir au constructeur français. Dans ces conditions, la question est posée : pourquoi ne pas reprendre directement le contrôle du capital de Renault, quitte à en faire un symbole de la reconquête industrielle en y mettant tous les moyens de l’Etat à son service ?

Qui, en France, pourra y trouver à redire ? À la guerre comme à la guerre… Cela suppose une chose : un véritable volontarisme industriel. Nos gouvernants sauront-ils prendre ce risque ? Etant bien entendu qu’en cas d’échec, ils vont en entendre de toutes les couleurs, et qu’en cas de succès, certains leur reprocheront de fausser les règles du jeu ou du marché… Soyons pragmatiques ! En cas de succès, cela peut aussi être une formidable affaire pour le budget de l’Etat. D’autant qu’on pourrait aussi y associer chaque citoyen ! Chiche ?

Robert Lafont


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1 commentaires sur « Pourquoi ne pas nationaliser Renault ? »

  1. Il y a vraiment des journalistes qui feraient mieux de rester au lit le matin.
    Il est pour le moins surprenant de voir des gens travaillant pour un « magazine économique » suggérer une nationalisation qui est sauf exception rare un non-sens économique et industriel.
    On a vu les dégâts que cela a fait en France en 1981, dégâts dont nous payons toujours les conséquences.
    La seule « nationalisation » récente utile a été la prise de participation temporaire de l’Etat dans Alstom ponctuellement en difficulté.
    Toutes les entreprises connaissent des hauts et des bas, il est très difficile pour une entreprise de se maintenir en permanence en tête.
    Renault connait un passage difficile, ses succès futurs dépendront de ses dirigeants, de ses équipes, de chacun de ses salariés et de ses produits.

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