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Qui pourra arrêter Big Pharma ?

Entreprendre - Qui pourra arrêter Big Pharma ?

Tribune. Tout change pour que rien ne change, autrement dit, le bon usage des produits pharmaceutiques ne prospère pas en France et ce n’est pas nouveau.

Rappel pour mémoire : En 1950, la « thalidomide », un sédatif, provoque de graves malformations congénitales ; il fut retiré en 1961 (11 ans après). Pour le « distilbène », hormone de synthèse prescrit aux femmes enceintes pour prévenir les fausses couches, il a fallu attendre 1970 (20 ans) pour constater les malformations « génitales » et les tumeurs vaginales chez les enfants.

L’« isoméride » produit en 1980 (par qui déjà ? par les Laboratoires Servier), médicament coupe-faim, retiré 10 ans après (1990) : effets secondaires graves, notamment des valvulopathies cardiaques, etc. L’affaire du sang contaminé, n’en parlons pas… avec de 1980 à 1990, des transfusions de sang qui transmettaient le virus du SIDA ou l’hépatite C.

Les hormones de croissance de synthèse, obtenues par extraction d’hypophyse de cadavres de bovins : 111 enfants en sont morts en France. La « cérivastatine », médicament contre le cholestérol lancé en 1998 est retiré 3 ans après (c’est un record). Ce médicament allemand (Bayer) a provoqué le décès de 50 personnes.

Pour le « Médiator » (tiens ! tiens ! encore un coupe-faim, alors que présenté comme auto diabétique) lancé en 1976, on a attendu 2009, soit 34 ans pour le retirer du marché. Bénéfices 500 M.€, condamnations pécuniaires pour le Laboratoire Servier 130 M€. Vive la France et ses morts, environ 2 000 personnes. Et cela risque de continuer…

Nous apprenions, courant mai 2022, que les effets indésirables liés aux molécules prescrites étaient en forte hausse, plus de 136% entre les années 2007 et 2018, et le nombre de décès causés par celles-ci sont estimés à 2 760 annuellement. Peu d’explication officielle (lire Le Point n°2601, juin 2022 suite à la chronique de Jérôme Vincent). L’une d’elle, consacrée à l’antibiotique «  Oflocet », indiquant de l’éviter pour les patients, et aux prescripteurs d’arrêter de le prescrire.

Une avalanche de commentaires lui a été adressée, et le meilleur, émanant de professionnels de santé. Les « fluoroquinolones », cette classe de thérapeutique à laquelle appartient l’Oflocet sont pourtant connus de longue date pour leur « réaction médicamenteuse persistante, grave, invalidante et potentiellement irréversible ».

En dépit de tout cela – peut-on continuer à lire – et des avertissements des autorités européennes du médicament, les ventes de ces produits ont cru en France ; 3 millions de prescriptions en France par an, mieux, « dont deux tiers  inappropriées » d’après la mission ministérielle «  prévention  des  infections  et  de  l’antibiorésistance ». Il est attristant – finit-il par dire – le refus de nombreux médecins d’accepter les restrictions d’usages demandées par les Centres de pharmacologies ou l’Agence nationale de sécurité du médicament. Et que dire de la négation observée des droits des patients à être informés librement de la dangerosité d’un médicament. Ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est le prix à payer pour qu’un plus grand nombre guérisse…

Francis Dominguez


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