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Les compétences acquises en dehors des bancs de l’école sont aussi la clé d’un bon CV !

Cédric Peltier, CEO de wweeddoo

Par Cédric Peltier, CEO de wweeddoo

Si les dernières années n’ont pas épargné la jeunesse, elles l’auront en revanche poussée à réinventer ses parcours, ses modes de fonctionnement et à s’illustrer par la résilience. Un fait persiste en revanche, et s’est même accentué : la difficulté des jeunes à s’intégrer sur le marché de l’emploi lorsqu’ils n’ont pas encore d’expérience professionnelle.

Cette dernière est en effet encore bien souvent jugée prioritaire par les recruteurs, qui manquent de déceler les qualités annexes d’un CV. Or, l’audace, la combativité, la persévérance… sont autant de qualités développées hors des cursus et stages traditionnels, par les jeunes porteurs de projet. Les recruteurs doivent prendre conscience que les profils et les talents ont évolué ces dernières années pour percevoir la richesse d’un profil, le sens et les valeurs qui l’animent, dans ses hobbies et ses activités en dehors du cadre universitaire.   

Le taux d’insertion des jeunes dans le marché du travail est préoccupant. En moyenne sur l’année 2020, 68,3% des jeunes sortis d’une formation initiale depuis 1 à 4 ans étaient en emploi, soit 1 point de moins qu’en 2019 (INSEE). Une insertion devenue plus difficile depuis la crise sanitaire, quand les jeunes fraîchement diplômés peinent à rassurer les recruteurs qui privilégient les profils plus expérimentés. Faute d’expérience, les jeunes ne peuvent enrichir leur CV et s’enferment dans un cercle vicieux, qui risque de perdurer si un changement de paradigme ne s’opère pas.

Reprocher aux jeunes un manque d’expérience, c’est d’abord occulter un contexte sanitaire qui ne leur a pas permis à tous d’effectuer un stage. C’est aussi répliquer un schéma qui consiste à exiger d’eux des diplômes issus d’établissements prestigieux et à ne considérer que les expériences vécues au sein des entreprises. Or, les talents d’aujourd’hui seront les salariés, les décideurs ou les entrepreneurs de demain, et il est primordial de prendre en compte ce contexte.

Car au-delà du scolaire et des premières expériences professionnelles, la richesse de la jeunesse se forme aujourd’hui ailleurs. Bousculés quand tout ce qui était ancré a été mis à mal par l’épidémie ou par les réformes, les jeunes ont souvent été contraints de se forger un parcours hors des sentiers battus. Devenus désormais une part active de la société, ils portent des convictions et des motivations qui changent profondément leur façon d’aborder leur futur. “Les manifestations, les pétitions, la vie associative rattachée à des causes, le partage de contenus militants sur les réseaux sociaux sont autant de visages d’un engagement politique multiforme […] où les jeunes ne sont pas en reste” explique le sociologue Vincent Tiberj. 

Parmi les nombreux exemples, on peut penser à ces jeunes qui déploient, dans leur ville, des  événements de sensibilisation à l’impact du plastique dans les océans par exemple, à ceux qui partent à la rencontre du milieu rural pour mieux le connaître et le valoriser, ou encore à ceux qui s’organisent en collectifs pour mener à bien des actions solidaires et sociales. L’engagement dans une association n’est-il pas un signe d’altruisme et de la capacité à s’investir dans un projet collectif ? Le développement d’un podcast n’est-il pas une preuve de créativité, de curiosité et de rigueur ? Ne sont-ce pas justement ces compétences que les recruteurs recherchent lors des traditionnels entretiens d’embauche ?

Les lignes ont commencé à bouger puisque certains recruteurs l’affirment : ils sont passés de la recherche de profils capables de reproduire et appliquer fidèlement des consignes à des profils aptes à apprendre et à oser prendre des initiatives. Ils ne doivent plus être une minorité à considérer le parcours des jeunes dans son intégralité.

Il est temps que les entreprises, quelle que soit leur taille, prennent conscience des compétences et du dynamisme des jeunes générations afin de favoriser leur insertion sur le marché du travail. Même si ces derniers peinent à valoriser les compétences qu’ils ont acquises lors de leurs projets, leurs savoir-faire et savoir-être ont pleinement leur place dans une entreprise. Les recruteurs ont tout à gagner à être davantage attentifs aux expériences extraprofessionnelles à plus forte raison lorsqu’un jeune joue un rôle actif dans un projet. Ils pourront ainsi identifier les compétences recherchées dans les nouveaux modèles de management. A eux d’aller au-delà de l’expérience professionnelle et des études, au risque de passer à côté de jeunes talents créatifs et pleins d’audace.

Cédric Peltier


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