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Le fondateur de Bricorama, Jean-Claude Bourrelier, prêt à investir sa fortune sur les Chantiers de l’Atlantique

Entreprendre - Le fondateur de Bricorama, Jean-Claude Bourrelier, prêt à investir sa fortune sur les Chantiers de l’Atlantique

Un signal fort envoyé pour le renouveau de notre industrie !

Cela fait plaisir à voir. Voilà un entrepreneur qui aurait pu couler une retraite paisible à 74 ans, après avoir encaissé la modique somme de 400 millions d’euros (prix de la cession de son groupe de distribution Bricorama à Bricomarché). Et qui annonce être prêt à remettre en jeu en investissant sur les Chantiers de l’Atlantique et participer pleinement au renouveau industriel du pays. Une belle leçon d’engagement pour tous ceux qui doutent encore de la notion de patriotisme industriel.

Autodidacte pur sucre, il a un CAP de charcutier, le fondateur de Bricorama ne se paye pas de mots. Il passe à l’acte. Après avoir déjà repris cet été via son holding familial (Bourrelier Group, côté sur Euronext) Mavic, le leader de la roue de vélos (300 salariés à Annecy et en Haute-Savoie), l’intrépide self-made-man, ancien bègue, récidive et voit plus grand avec son ambitieux projet de reprise des Chantiers de l’Atlantique. Une démarche qui se veut concertée avec l’État et les différents partenaires.

L’objet est d’accompagner les Chantiers dans la transition écologique avec des navires propulsés par GNL ou hydrogène. Le groupe Bourrelier ayant via sa société Nouvergies, sise à Nogent -sur -Marne (94) déjà investi dans le secteur des énergies propres, fournisseur de parcs éoliens.
Sur le papier, le plan de reprise des Chantiers de Saint -Nazaire tombe à point nommé ! On avait suffisamment déploré qu’il n’y ait pas de candidat alternatif à Fincantieri lors de la dernière négociation de 2017 au moment du départ de l’actionnaire sud-coréen STX. François Hollande, alors Président, ne semble pas s’être beaucoup battu pour conserver sur le territoire ce dernier fleuron de la construction maritime.

Un site industriel pourtant unique en Europe capable de produire des paquebots et navires sur mesure avec force de recherche et d’innovation comme le rappelle avec raison et fierté David Samzun, le maire PS de Saint-Nazaire. Le risque était grand avec la prise de contrôle du groupe italien de se faire capturer des savoir-faire sans équivalent avec la possibilité in fine de les voir tomber dans l’escarcelle de leur allié chinois, le chantier géant China State Shipbuilding Corporation (CSSC) avec toutes les conséquences de démantèlement ou de délocalisation que cela peut générer.

Un risque énorme bien loin du projet d’Airbus du maritime comme il nous l’a été vendu à l’époque, car les Chantiers de l’Atlantique passaient bien sous contrôle étranger, italien d’abord et chinois sans doute un peu après !

L’épilogue du 27 janvier tombe à point nommé, nul doute qu’à Bercy, Bruno Le Maire et ses équipes en sont conscients et feront tout pour faciliter la mise en place d’une solution pérenne préservant le « pavillon tricolore » pour reprendre l’expression de Bourrelier lui-même ! Aujourd’hui, via l’agence de participation de l’État (APE) qui possède 84,34% du capital, Naval Group 11,67% et le reste se répartissant entre collaborateurs (2,4%) et entreprises de Loire-Atlantique (1,59 %), l’État conserve la main et peut voir venir. D’autant plus que le carnet de commandes est bien garni. Il n’ y a donc pas le feu au lac. Et il est heureux que l’ancien roi du bricolage se mette à y croire. C’est un signal très fort envoyé au renouveau de notre industrie. Souhaitons que Bpifrance, Nicolas Dufourcq et toutes les institutions financières de notre pays se mobilisent pour asseoir et consolider ce plan de reprise et de relance. Il est inutile de rappeler que les Chantiers sont stratégiques au plan militaire puisque ce sont eux qui doivent produire la coque du prochain porte-avions nucléaire français, celui- la même qui doit succéder au Charles-de-Gaulle en 2038 !

Autre candidat potentiel à la reprise, l’inévitable homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa, président du chantier naval CMN (Constructions mécaniques de Normandie à Cherbourg dans la Manche) mais dont le holding de tête Privinvest reste domicilié à Beyrouth. Rappelons que Safa, 65 ans, industriel de l’armement signe énormément de contrats avec l’Arabie Saoudite, et est propriétaire du corrosif hebdomadaire conservateur Valeurs Actuelles. Dernière possibilité, qu’étrangement, j’avais évoqué de manière prémonitoire, il y a 15 jours au micro de la radio Kernews de mon ami Yannick Urrien, à La Baule : le scénario de faire coter les Chantiers en bourse sur Euronext. Et de permettre ainsi à chacun de nos compatriotes de pouvoir investir sur une de nos plus grandes pépites industrielles du moment et de demain. On l’ a bien fait pour la Française des Jeux ! C’est à renouveler.

Cela serait un coup magistral pour notre industrie et pour la place de Paris. Rappelons ici que le fonds souverain norvégien détenu par les citoyens fait 10% de résultats en 2020 et détient à lui seul 1 % de toutes les capitalisations boursières de la planète. Sans doute un exemple à suivre qui peut inspirer Bruno Le Maire au moment où nos compatriotes n’ont jamais placé autant d’argent en épargne !

Robert Lafont


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