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Le cinéma américain anticipe-t-il ce qui va arriver ?

Alerte, film réalisé par Wolfgang Petersen avec Dustin Hoffman

Par Emmanuel Jaffelin, Philosophe, auteur des Célébrations du Bonheur

A n’en pas douter, le cinéma américain s’est formé en grande partie sur son aptitude à réaliser des films utopiques. Dès 1927, le film Métropolis  représente une ville du XXIe siècle dont l’architecture est fantastique : une ville de gratte-ciels et de verticalité où volent les voitures au lieu d’être prisonnières du sol ! Bref, un film qui fait décoller le spectateur sur un fond musical de Fritz Lang

71 ans plus tard (1998), The Truman Show montre un homme heureux qui habite la ville paradisiaque de Seahaven où ne vivent que des gens agréables et sympathiques. Jusque là, tout va bien. Mais l’homme heureux est, sans le savoir et malgré lui, le héros d’une émission de télé-réalité qui l’observe comme agent d’assurance marié à une infirmière. Ce film est donc plus l’utopisation par la tv d »’un mode de vie américain que la proposition d’un non-lieu (u-topos) qui ferait envie. Et le filmage secret de la vie d’un citoyen peut paraître plus négatif et tyrannique que positif et utopique.

En 1981, sort un film qui n’est plus utopique : New York, 97. Par anticipation, ce film imagine une ville, La ville américaine, NY, ou, plus exactement, l’île de Manhattan, qui est transformée en prison: le cinéma glisse alors de l’utopie à la dystopie, imaginant que ce qui peut arriver, n’est pas le meilleur, mais le pire! Ainsi, dans cette prison, atterrit malgré lui le président de la République qui se trouve pris en otage par des prisonniers. La dystopie inverse l’ordre des choses : ce n’est plus le président qui emprisonne les truands, mais bien, dans ce film, les truands qui emprisonnent le président. Plus surprenant encore, sort en 1995, un film tout aussi catastrophique mais peut-être plus visionnaire: Alerte (Outbreak), film de Wolfgang Peterson avec, notamment, Dustin Hoffmann, film qui représente un virus hémorragique mortel, le Motaba, virus introduit en Californie par un singe importé du Zaïre, pays où visiblement a été introduit, pour tester son effet, un virus créé par un laboratoire américain. Ou : le virus comme arme biologique discrète et secrète qui se retourne contre le pays inventeur en se disséminant à grande vitesse au point de menacer l’ensemble du continent américain.

Si ce film a le mérite de montrer l’effet négatif d’une arme qui se retourne contre celui qui l’a inventée, il n’affirme pas que les Etats-Unis seraient à l’origine du Corona virus. Il faut dire que le Corona virus aurait été répandu plus par un Pangola que par un singe et visiblement en Chine (au marché de Huanan) plutôt qu’aux Etats-Unis ! Néanmoins, le film, s’il ne met pas en cause la responsabilité américaine du Corona virus, a le mérite de montrer le feed back d’un tel bricolage scientifique. Ou : quand l’art (cinématographique, notamment) nous prévient des conséquences non maîtrisées du bricolage techno-scientifique !

Emmanuel Jaffelin
Auteur de Apologie de la punition (Plon), Eloge de la gentillesse (Pocket), Célébrations du Bonheur (Lafon)


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