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Iran : la révolution en marche

Entreprendre - Iran : la révolution en marche

Par Hamid Enayat*

Le soulèvement national iranien est entré dans son 198ème jour alors que les habitants de différents quartiers de Téhéran, la capitale de l’Iran, et d’autres villes ont poursuivi leurs manifestations nocturnes contre le régime des mollahs, exprimant leur haine et leur opposition à la dictature au pouvoir dans son ensemble et aux forces de sécurité oppressives.

La nuit dernière et jusqu’à l’aube du 1er avril, des habitants de différents quartiers de Téhéran, dont Shahrak-e Bagheri, ainsi que d’autres villes, dont Karaj, Qom et Kazerun, ont scandé des slogans hostiles au régime, notamment :

« À bas le dictateur ! »

« À bas Khamenei, le meurtrier ! »

Dans la ville de Zahedan, capitale provinciale du Sistan et Baloutchistan, la population a continué à manifester et les autorités du régime ont délibérément interrompu les connexions Internet pour empêcher la mise en ligne de reportages et d’images.

Dans la grande ville portuaire de Chabahar, dans la province du Sistan et Baluchestan, au sud-est de l’Iran, des habitants ont mis le feu à des pneus et bloqué une route principale pendant des heures samedi pour protester contre l’assassinat d’un pompiste par des membres de la police d’État répressive du régime.

Pour de nombreux habitants pauvres du Sistan-et-Baloutchistan, transporter de petites quantités de carburant de l’autre côté de la frontière et les vendre à des clients est devenu le seul moyen de gagner sa vie et de nourrir sa famille. S’ils vivent ainsi, c’est en raison de plus de quatre décennies de corruption du régime et de discrimination à l’encontre de la minorité baloutche. Les forces de sécurité du régime les attaquent et les tuent régulièrement sous prétexte de lutter contre la contrebande. Pendant ce temps, les forces de sécurité du régime contrôlent un vaste réseau de contrebande de carburant qui éclipse les activités des porteurs de carburant de la province du Sistan et du Baloutchistan.

L’économie iranienne est en effondrement et de plus en plus de personnes vivent dans une situation très désespérée, mais ont également beaucoup de mal à joindre les deux bouts et à mettre de la nourriture sur la table pour leur famille.

Dans de nombreuses villes d’Iran, les enseignants se sont rassemblés devant les départements locaux de l’éducation pour protester contre les mauvaises conditions économiques, les bas salaires et les conditions de travail inadéquates. Les enseignants protestataires ont également demandé la libération de leurs collègues injustement emprisonnés. Ces rassemblements ont eu lieu dans les villes de Tabriz, Ardabil, Kermanshah, Baneh, Malayer, Hamadan, Zanjan, Bojnurd, Urmia et d’autres.

Par ailleurs, selon le principal mouvement d’opposition iranien, le OMPI, 3 626 partisans de cette organisation ont été arrêtés ou ont disparu depuis le début du soulèvement, le 16 septembre 2022, jusqu’au 20 mars 2023, et il n’y a aucune information sur leurs conditions de vie et/ou sur le lieu où ils se trouvent. Cela s’ajoute aux milliers de personnes arrêtées dans diverses villes et villages du pays qui ont été libérées avant d’être identifiées ou qui ont pu s’enfuir.

Le soulèvement national iranien est entré dans son 197e jour alors que les unités de résistance affiliées à l’OMPI ont lancé une nouvelle vague d’actions anti-régime dans de nombreuses villes du pays.

Les jeunes ont attaqué un bâtiment à Mashhad utilisé par le régime des mollahs pour promouvoir son idéologie de haine, de misogynie et de fondamentalisme. Ils ont également attaqué le bureau de représentation du ministère des affaires étrangères du régime dans la ville de Kermanshah, dans l’ouest de l’Iran. Ils ont attaqué et incendié le soi-disant « Khomeini Relief Center » dans la ville de Kish, dans le sud de l’Iran. Lors d’une autre attaque, ils ont jeté des cocktails Molotov sur des sites des bassidjis paramilitaires du CGRI dans les villes de Mashhad, Hamadan, Bushehr et Mahabad, et y ont mis le feu.

Ils ont également incendié de grandes effigies du guide suprême Ali Khamenei dans les villes de Yazd, Babol et Qeshm, ainsi qu’une grande effigie du chef déchu de la Force Quds du CGRI, Qassem Soleimani, à Téhéran.

Par ailleurs, jeudi, Maryam Radjavi, dirigeante de l’opposition iranienne, a rencontré MM. Liam Fox et Franz Joseph Jung, anciens ministres de la Défense de Grande-Bretagne et d’Allemagne, lors de leur visite à Achraf-3. M. Fox a souligné la nécessité d’inscrire le CGRI sur une liste noire, ce qui accélérerait le renversement du régime, comme ce fut le cas pour d’autres dictatures. M. Jung a déclaré que certaines personnes disent que le CGRI et sa mission doivent changer. Mais nous devons dire qu’il doit être mis sur liste noire.

Hamid Enayat
Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.


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