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Éoliennes en mer de la baie de Saint-Brieuc : délibérations troublantes au Conseil Régional de Bretagne

Entreprendre - Éoliennes en mer de la baie de Saint-Brieuc : délibérations troublantes au Conseil Régional de Bretagne

Pendant ses séances des 17 et 18 Décembre 2020 le Conseil Régional de Bretagne a, de nouveau, parlé du projet d’installation d’éoliennes en mer dans la Baie de Saint-Brieuc près du littoral en face des Caps Fréhel et d’Erquy.

A mesure que les premiers travaux se rapprochent, les oppositions se renforcent, celle des pêcheurs, celles des riverains et celles des défenseurs de l’environnement de plus en plus désespérés des conséquences réelles sur la faune, la flore et les paysages de cet investissement évolutif.

Les études d’impact demandées il y a dix ans par un grand nombre de citoyens ont été réalisées par un cabinet privé choisi par le promoteur et désormais l’angoisse étreint une majorité de la population.

L’idée originale d’une nécessité impérieuse de donner une autonomie électrique à la Région ne tient pas la route une minute, un parc éolien en mer, intermittent, ne satisfait la demande que de façon marginale (quelques pour cents quand il y a du vent) et nécessite la sécurité apportée par le nucléaire, le gaz ou le charbon. Ce sont les Centrales de Cordemais (charbon/bois en Loire Atlantique) et demain de Landivisiau (gaz, en construction) qui sont les vrais investissements de sécurité d’approvisionnement.

Enfin l’appellation « Energie Marine » pour l’éolien en mer est usurpée, il s’agit d’une énergie du vent, les EMR (énergies marines renouvelables) viendront des courants, de la houle, comme aujourd’hui des marées. Ce projet, le plus cher du monde, n’aura aucune rentabilité, il est trop près de la cote comme tous les experts le disent aujourd’hui, on préconise au moins 50 kms du littoral au lieu des 16 prévus, seule la cupidité des promoteurs et l’orgueil des décideurs d’origine peuvent expliquer sa poursuite : historiquement daté, il devrait en bonne logique être abandonné après un urgent moratoire pour enfin réaliser de vraies études d’impact.

A cet égard les délibérations de Décembre 2020 ne sont guère encourageantes, car elles montrent un déni de réalité flagrant de la majorité du Conseil de Bretagne, de son Président et de son Vice-Président chargé de l’environnement et de la biodiversité. Puisque le mot « lucidité » a souvent été employé dans un débat dont l’enregistrement est disponible officiellement, on peut dire que ce mot a été particulièrement galvaudé comme d’ailleurs celui de « biodiversité ».

L’auteur des propos les plus affligeants à cet égard, a sans aucun doute été le Vice-Président Thierry Burlot, ancien Maire de Pléguien dans les Cotes d’Armor, (dans les terres à 9kms de Saint Quay-Portrieux), ancien fonctionnaire territorial spécialiste de l’eau, devenu, entre autres, depuis début 2020 Président de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) créé le 24 Juillet 2019 pour la protection et la restauration de la biodiversité.  Il est également présent dans l’office régional, celui-là basé à Brest, mais aussi dans Breizh Biodiv, qui recevra 1% de tous les investissements bretons, soit 2 à 3 millions annuels, pour financer encore une fois la biodiversité, projet réalisé avec Nicolas Hulot.

Si l’on rajoute à ces activités le Comité du bassin Loire-Bretagne et le Cercle Français de l’Eau, on ne peut que constater une carrière politique exemplaire commencée il y a plus de 35 ans au service, en principe, de l’environnement et de la Bretagne. Simplement il est difficile d’accepter l’idée que l’on peut se tromper et que le peuple peut, lui, avoir raison.

En l’occurrence, sur ce projet, il est important de respecter, comme il le souhaite surement, l’environnement, les hommes et la démocratie

L’environnement d’abord dont il s’est fait le spécialiste, qui n’a pas forcément besoin du financement des prédateurs pour le restaurer, il vaut mieux prévenir que guérir, et là on sait aujourd’hui que des atteintes graves et irréversibles vont être commises sur la faune et la flore marines, y compris les coraux dont il nie imprudemment l’existence. La pêche artisanale va en être affectée, mais aussi l’ostréiculture et la mytiliculture, et ceci de Lézardrieux, Saint Quay-Portrieux, à Cancale (en passant par Saint-Lunaire, où Nicolas Hulot fait des séjours).

La phase de construction pourrait être plus longue et dévastatrice qu’annoncée car le forage profond dans le granite a été abandonné au profit d’un ancrage mystérieux dont les conséquences n’ont pas encore été étudiées.  Dans le mot environnement on doit aussi mettre le paysage, le sacré de sites qui ont conduit à écarter déjà pour les éoliennes très justement le Mont Saint-Michel et Saint Malo, il aurait dû en être de même pour les Caps de Fréhel et d’Erquy.

Les hommes, et d’abord les pêcheurs qui avertissent depuis dix ans de conditions dans lesquelles cette opération les fragilise et qui n’ont jamais été écoutés, en particulier par un Conseil d’Etat qui constate les irrégularités procédurales sans jamais en tirer les conséquences. Prendre des décisions dévastatrices et ensuite avec Breizh Biodiv et autres initiatives vouloir réparer les âneries commises n’est pas respectueux des professionnels de la mer et de ceux qui l’aiment.

La démocratie enfin car les municipalités voisines ont été élues pour faire échec à la construction des éoliennes et sont balayées par toutes les instances s’estimant supérieures. La politique des « compensations » annoncées et quelquefois demandées est indigne.

On peut comprendre pour certains élus  la dureté de revenir sur une décision à laquelle ils ont  cru, mais l’évidence devrait s’imposer au Conseil Régional de Bretagne , un projet cher, mal amorcé, mal ficelé, mal engagé, ne peut que mal finir, il faut savoir se replier quand les vents sont contraires, les éoliennes en mer en face des Caps des Cotes d’Armor n’ont aucun caractère obligatoire ou impérieux, elles doivent faire l’objet d’une nouvelle analyse avant qu’il ne soit trop tard : plus loin , moins cher, si l’on voulait  vraiment en réaliser malgré toutes les réticences des techniciens de l’énergie qui ne croient plus désormais à leur pertinence.

Loïk Le Floch-Prigent


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