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Comment l’Iran s’effondre économiquement et politiquement

Entreprendre - Comment l’Iran s’effondre économiquement et politiquement

Lorsqu’en août 2022 le nouveau président iranien a pris ses fonctions, un dollar américain s’échangeait contre 26 000 tomans. Une année et demie plus tard, le cours de la monnaie a chuté de presque 100 %. Pour obtenir un dollar US aujourd’hui, il faut à iranien débourser 50 000 Tomans ! C’est peu dire que le pouvoir d’achat des iraniens s’est effondré depuis l’avènement d’Ebrahim Raïssi. La paupérisation galopante touche toutes les provinces du pays, à tel point qu’une grande majorité de la population vit dans le dénuement le plus total.

Rouhollah Hazratpour, membre du parlement, s’est fait l’écho de l’inquiétude qui gagne certains religieux aujourd’hui : « Nous devons nous inquiéter de la subsistance [du peuple] et malheureusement même d’un repas [par jour] de cette grande nation. L’inflation est si répandue dans ce pays que le travail a franchi le fossé entre les vallées et les classes. » Même si elle ne montre qu’un aspect du processus de déclin du régime, la chute de la valeur de la monnaie du pays est un signe clair de l’effondrement économique en cours. Au sein du régime, certaines personnes font le constat, amer, de cet effondrement général accéléré du système et tentent den avertir les autres.

Parmi elles, un économiste proche du gouvernement nommé Mohsen Renani. Ce dernier explique dans un article publié le 26 février dans les médias du régime qu’il a d’abord essayé de prévenir Ali Khameneï, en lui adressant un courrier. Son entreprise n’ayant pas eu l’écho escompté, il a alors pris la décision de publier une lettre ouverte. En préambule, Mohsen Renani prend soin de justifier son acte. Selon lui, la publication de cette ouverte doit servir à réveiller les dirigeants du pays. Avouant dans son article que “l’opportunité de la réforme d’en haut a été perdue“, Renani espère encore que l’Iran d’en haut saura mener sa propre révolution afin d’éviter qu’il ne soit trop tard et que la “révolution d’en bas“ ne se produise naturellement. Selon ses propres termes, l’économiste « espère toujours que cette structure coupée de la réalité commencera une « révolution d’en haut ». »

Les motivations du soulèvement en cours

Sans surprise, et comme le confirme Mohsen Renani, à mesure que la pauvreté se transforme en misère, elle nourrit la colère. L’inflation est galopante ; l’augmentation des prix des produits de première nécessité a dépassé les 100 %. Quant au chômage, son taux est au plus haut et ne cesse de croître. Pour couronner le tout, la corruption systématique du gouvernement, telle une gangrène, recouvre le maillage du pays et la discrimination à l’égard des femmes et des minorités religieuses et ethniques s’intensifie chaque jour.

Avec une population estimée à 80 % vivant sous le seuil de pauvreté, la résistance se renforce chaque jour qui passe. Parfaitement organisée avec ses unités de résistance formée et pilotée par les Moudjahidines du peuple (principale formation du CNRI[i]), elle joue un rôle déterminant, dans la rue comme dans les sphères politiques internationales et assure la poursuite de la révolution. Le régime ne nie pas l’importance de l’OMPI[ii] et reconnaît la puissance grandissante des Moudjahidines.

Réprimer le soulèvement

Pour le régime, il est primordial de clore le chapitre. Mais pour cela, il doit lutter sur les deux fronts ; éteindre l’incendie social et économique et maîtriser la résistance. Or, la bataille semble perdue d’avance, et sur les deux fronts. Côté économique, il ne pourra rien contre les problèmes structurels que rencontrent la monnaie. Quoi que fasse le régime, la chute des cours monétaires se poursuivra. Sur un plan politique, l’état devrait mettre fin à la corruption rampante et intégrer un minimum de démocratie pour relancer sa croissance. D’un point de vue social, il lui faudrait renoncer à la discrimination à l’égard des femmes et reconnaître les droits des minorités. Impossible car totalement inconstitutionnel. Le moindre changement dans a constitution de ce régime théocratique le conduirait à sa perte inéluctable. Toute forme de lutte réelle contre la corruption, toute forme de normalisation avec l’Occident, toute forme d’élévation sociale détruira le régime.

De l’autre côté, le régime devrait focaliser toute son attention sur le CNRI, afin d’essayer de désactiver le second moteur de la révolution ; la résistance organisée. Seule solution ; tenter de discréditer le CNRI aux yeux de l’opinion publique internationale et les Moudjahidines du peuple sur le terrain. C’est pour cette raison que nous voyons fleurir partout dans le monde une campagne politique de diabolisation et de désinformation dirigée contre et le CNRI et sa composante principale, l’OMPI. Cette campagne coordonnée par le régime atteint aujourd’hui des dimensions astronomiques. L’objectif, faire croire aux occidentaux comme au peuple iranien qu’il n’existe aucune alternative politique aux mollahs, validant de par le fait l’impossibilité d’un renversement. Bien sûr, il existerait une éventuelle possibilité ; le retour du Shah, un retour bidonné et piloté depuis le palais présidentiel à Téhéran. En effet, un tel choix serait incompréhensible pour quiconque a connu la férocité de la monarchie du Shah.

Tous ces efforts consentis par le guide suprême et les gardiens de la révolution ressemblent à s’y méprendre à un baroud d’honneur avant implosion. Pour une raison simple ; rien ne résiste à un peuple en colère. Et le régime iranien doit faire face à une population inflexible, de celle capable de mener une résistance active pendant six mois malgré une répression inédite de cruauté et d’iniquité. Les deux camps restent intransigeants. Ali Khameneï, atteint par la maladie depuis de longues années et à l’âge canonique, tuera et détruira jusqu’à son dernier souffle. Au final, les deux camps n’ont plus rien à perdre. Tous les autres, les dirigeants et les indécis, n’ont plus nulle part où se réfugier.

Alors la bataille pour la liberté continue…


[i] Conseil National de la Résistance Iranienne

[ii] Organisation des Moudjahidines du Peuple Iranien


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