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Charles Najjar : finance, start-up et crèches de Noël 

Charles Najjar se définit lui-même comme un « citoyen du monde ». Ce surdoué de la finance a lancé, il y a peu, une start-up qui commence à faire du bruit : Fibler. Il est, aussi, passionné par les crèches de Noël… et le linceul de Turin.

Entreprendre - Charles Najjar : finance, start-up et crèches de Noël 

Il est rare de rencontrer de telle personnalité. Comment, d’ailleurs, la situer ? Charles Najjar se définit lui-même comme un « citoyen du monde ». Très cosmopolite ce jeune cinquantenaire à plus d’une passion dans son carquois. Ce surdoué de la finance a lancé, il y a peu, une start-up qui commence à faire du bruit : Fibler. Il est, aussi, passionné par les crèches de Noël… et le linceul de Turin. Interview de cette personnalité atypique.

Entreprendre : Charles Najjar, vous êtes le fondateur de la start-up Fibler, qui vient de fêter ses 3 années d’existence. Avant de présenter votre société, son équipe, et, votre innovation, pouvez-vous vous présenter ? J’ai cru comprendre que vous aviez passé toute votre enfance au Liban.

Charles Najjar : Oui effectivement, vous êtes bien renseigné. Je suis né et j’ai passé toute mon enfance au Liban, durant toute la période de la guerre de 1975 à 1989. Puis, je suis parti faire mes études universitaires en France, à Paris. J’ai étudié l’Economie et la Finance à Assas, Dauphine et HEC. Actuellement, je suis installé en Italie. Durant mon enfance, j’ai, donc, connu toutes les atrocités de la guerre.

C’était terrible, mais, paradoxalement, cela m’a forgé un caractère de survivant, où j’arrive toujours à relativiser toute situation difficile. Cela est très utile quand on devient entrepreneur, car ça apporte beaucoup de détermination. On sait qu’il ne faut pas lâcher lorsqu’on n’arrive pas à décoller tout de suite, et, qu’il ne faut pas se laisser démotiver par les complications inévitables, en cours de route. Depuis 3 ans, je me suis engagé dans cette belle aventure qu’est Fibler.

Parlons davantage de votre parcours professionnel. Vous avez, d’abord, démarré dans la finance, c’est ça ?

Oui. Je me suis, effectivement, spécialisé dans les marchés financiers, donc, dans les investissements en actions et en obligations, et, dans la structuration de produits à mécanisme de protection. C’est ma réussite dans ce domaine-là, qui me permet de financer, aujourd’hui, mes autres projets. Fibler n’est pas la seule application dans laquelle j’ai investi, il y en a 4 autres. Je me suis lancé, aussi, dans des projets plus personnels, artistiques et spirituels.

Et Fibler, c’est quoi en résumé ?

Pour faire court, il s’agit d’une application dédiée aux experts, leur permettant de créer leur propre cabinet virtuel de consultation, en leur permettant de facturer instantanément les consultations qu’ils donnent, par vidéo, par téléphone ou par messagerie. L’application offre, également, la possibilité de poster en ligne des vidéos payantes à la minute ou au visionnage. L’application permet, ainsi, aux experts de monétiser efficacement leur expertise. Filber, c’est, actuellement, une vingtaine de personnes entre nos équipes techniques et nos équipes de marketing. 

Abordons le sujet de l’écriture. Combien de livres avez-vous écrit, et, sur quels sujets ?

J’ai écrit quelques livres. Le premier est un livre sur la finance « Comment placer votre argent ? « . Je l’ai écrit en 2014. J’y décris, en toute simplicité, la démarche à suivre pour avoir une vraie discipline d’investisseur boursier. Ce livre est épuisé et je dois m’atteler à sa mise à jour.

J’ai écrit un autre livre, spirituel. Il est intitulé « Dieu expliqué aux jeunes » où je réponds de façon très simple aux questions que les jeunes peuvent se poser sur Dieu. Ce qui est étonnant, c’est que j’ai trouvé beaucoup de similitude entre le monde de la finance et la spiritualité !

Dieu et la finance, c’est plutôt antinomique, non ?

Pas du tout. Les choses sont beaucoup plus simples qu’on ne le pense. Il faut juste savoir se détacher des notions qu’on nous a inculquées et qu’on prend pour acquises. La finance n’est qu’un moyen, pas une fin. Il faut juste la mettre au service du bien commun, du plus grand nombre, des plus fragiles.

Et votre dernier livre ?

Il porte sur le linceul de Turin, pour lequel je me suis intéressé progressivement. J’aime les intrigues. Le linceul de Turin est une énigme mondialement connue où se mêle l’histoire, la question de Dieu et la science. C’est passionnant. Je me suis transformé en détective, et, j’ai suivi un cheminement très intéressant qui est parti de la supposition qu’il s’agit d’un faux du Moyen-Age, jusqu’à comprendre que l’image imprimée sur le linceul est basée sur une technique similaire au scanner-photographique avec une précision anatomique incroyable. Pour moi, il n’y a aucun doute sur son authenticité. Avec ce livre, je pense avoir démontré par une démarche analytique et disciplinée que, sur toutes les hypothèses possibles à propos du linceul, une seule tient la route. Celle de l’authenticité. 

Vous êtes éclectique, c’est passionnant. Revenons à Fibler et entrons dans le détail de cette start-up qui ambitionne de révolutionner la relation commerciale entre les clients et leurs tiers, qu’ils soient avocats, consultants, experts-comptables, fiscalistes, et, autres.

Fibler est une plateforme qui permet à chaque expert de monétiser instantanément les consultations données ou de poster en continu des vidéos payantes destinées à ses clients. L’avantage indéniable, c’est que chaque expert a sa propre interface indépendante qu’il gère en toute flexibilité. Il n’existe, donc, aucune concurrence directe entre les experts. Chaque expert développe sa propre clientèle à laquelle personne d’autre ne peut avoir accès. 

Cette application est révolutionnaire dans la mesure où elle permet aux experts d’optimiser leur temps, puisqu’au lieu de devoir fixer toute une session pour répondre à une simple question, et, d’entrer dans une relation commerciale laborieuse et longue, ils peuvent aujourd’hui facturer à la minute ou au message. De plus en plus d’experts offrent des prestations sous la forme de vidéos. Au lieu d’avoir à poster leurs vidéos gratuitement sur des plateformes non-intégrées et ouvertes, ils peuvent, aujourd’hui, offrir sur Fibler un continu exclusif, payant, à leurs clients-suiveurs. Avec notre plateforme, nous valorisons, ainsi, le conseil donné par l’expert. La plateforme est ouverte à toutes les expertises que ce soit dans le domaine juridique, le médical, le culinaire, le coaching de vie, et, la finance… Les horizons sont illimités.   

Et ça marche ?

Oui. Après deux ans d’études, de recherche et de développement, nous avons lancé notre plateforme cette année. Elle séduit beaucoup d’experts qui ont une base de clientèle solide. Une partie de leurs clients est prête à les suivre sur une plateforme de paiement instantané, qui leur permet d’éviter le souci de devoir fixer et de payer des sessions à l’avance. Aujourd’hui, s’ils ont juste une question à poser à leur expert, ils savent qu’ils peuvent envoyer cette question via Fibler et, qu’ils auront une réponse, une solution en retour beaucoup plus rapidement que s’ils avaient demandé un rendez-vous classique. La gestion du temps est devenue prioritaire, de part et d’autre. Tout le monde y trouve son compte.

J’imagine que changer les usages n’est pas facile à appréhender, même si votre technologie est aboutie ?

Non, vous avez raison. C’est notre enjeu. Les difficultés existent. Car, il s’agit de faire évoluer les usages. Nous avons plus de mal à convaincre les experts qui ne sont pas bien affirmés et qui craignent de faire fuir leur clientèle s’ils commencent à leur facturer chaque intervention. Nous essayons de les convaincre en leur disant que la plateforme leur permet au contraire de savoir qui sont les clients qui valorisent vraiment leur expertise.

Quels sont vos chiffres clés ?

Nous avons, aujourd’hui, une cinquantaine d’experts actifs sur la plateforme, dans différents domaines. Notre chiffre d’affaires dépend, exclusivement, de l’activité de ces experts sur la plateforme. Nous nous rétribuons en prenant 20% de frais sur les transactions, qui sont effectuées sur la plateforme mais ceci essentiellement pour couvrir nos coûts. Notre gain final revient à 5%. Notre solution permet à nos experts d’augmenter leur chiffre d’affaires de 30%, car l’application leur permet d’optimiser leur temps et d’augmenter leur volume d’activité. En augmentant leur activité et en facturant mieux leur expertise, ils compensent largement les 20% qui reviennent à la plateforme. 

Pour conclure, et, puisque l’année se termine, quel est votre bilan et quelles sont vos perspectives ? Vous voulez doubler de taille en 2022, si j’ai bien noté ?

Nous sommes très satisfaits de cette année où nous avons pu tester techniquement l’application. Aujourd’hui, nous sommes vraiment fiers de l’application telle qu’elle se présente. Tous nos efforts sont axés maintenant pour convaincre de plus en plus d’experts de l’adopter. Nous sommes passés du concept à son élaboration (le fameux Poc, Proof of concept), puis, maintenant à son développement commercial. On pense qu’on pourra facilement avoir au cours de 2022 près d’un millier d’experts actifs sur la plateforme.

Enfin, il me semble que vous avez une dernière passion, atypique, mais d’actualité, celle des crèches de Noël. 

Oui, c’est ma passion coup-de-cœur, effectivement. Elle remonte à ma plus tendre enfance. J’ai commencé ma collection de crèches, étant jeune. Elle a grandi progressivement, en même temps que moi. Par un concours de circonstances incroyable, tout récemment, j’ai pu obtenir une grande partie de la collection de Paul Chaland, qui était rédacteur en chef de Paris Match, puis, de Marie-Claire, et, qui avait, également, la passion des crèches. Je suis très ému de reprendre son flambeau. Cette collection va être exposée en permanence à Assise en Italie, la ville de St François qui est en fait le créateur de la première crèche ! La boucle est bouclée.

Au fond, vous êtes resté un enfant.

Je crois qu’il faut garder une âme d’enfant, car seuls les enfants savent rêver. Ma devise a toujours été depuis ma plus tendre jeunesse : « Rêve autant que tu veux, mais réalise dès que tu peux« . Je suis heureux aujourd’hui de pouvoir offrir à l’enfant que j’étais la réalisation d’une partie de ses rêves.

Pour conclure vraiment et pour revenir à la finance, auriez-vous un tuyau à nous donner ?

Un tuyau ? Vous m’amusez. Bon, à dire vrai, je ne suis pas très optimiste sur le sujet. Et, je crois même que nous sommes au bord de l’un des plus grands krachs boursiers de l’histoire. Donc, je conseille de sortir des positions actions, et de se positionner sur des obligations très sûres, à très longue maturité. Celles-ci sont, actuellement, délaissées par crainte de l’inflation, mais elles prendront énormément de valeur quand le krach financier aura lieu. Evidemment, je ne le souhaite pas. Sinon, si vous voulez plus de conseils appelez-moi sur Fibler (sourires).

Interview réalisée par Antoine Bordier


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