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Ce projet politique qui cherche l’égalité sociale dans la laideur partagée…

Entreprendre - Ce projet politique qui cherche l’égalité sociale dans la laideur partagée…

Tribune. Kalophobie ou callophobie: haine de la beauté. C’est ce qu’on voit dans la torture de la langue comme dans le négligé des accoutrements. C’est plus qu’une mode, sans doute un projet politique qui cherche l’égalité sociale dans la laideur partagée. Une folie, quoi !

On connaissait la sculpture grecque nommée Venus Callypige (autrement nommée en français: la Venus aux belles fesses). Certes, celle-ci se fût en tous les cas gardée d’être tatouée du haut en bas pour éviter l’usure, l’âge venant, et le parcheminage plus évocateur en lieu du Tendre et de sa carte aimée, d’un vieux journal chiffonné abandonné par tel amant distrait dans des lieux que l’on ne dit pas.

En grec ancien Kalos veut dire beau. Au milieu de débats idiots où l’ignorance le dispute à la partisanerie, cernés que nous sommes par les homophobes supposés, les Christophobes, christianophobes, aristophobes au sens de l’aristie  (cette discipline si chère au poëte Paul Valery que son Faust est occupé dans la pièce qui lui est dédiée à en rédiger le traité), et plus généralement les phobes en tous genres que nous  pourrions regrouper commodément sous le terme générique de boniphobes, ennemis du bon, ou beniphobes, ennemis du bien, justiphobes, ennemis du juste, etc… la liste est longue. Il existe aussi, espèce nouvelle, les islamophobes, et l’on peut se demander si tous ces phobes ne vont pas se transformer en jour en vores, soit homovores, islamovores, toutovores et j’en passe à force d’excès. Et si l’on parlait un peu des philes, au lieu des phobes, pour changer en plus aimable.

En distinguant bien sûr le Théophile , charmant garçon ami de Dieu, Amadeus donc comme Mozart et E.T.A Hoffmann, auteur des contes du même nom, (Ernst Theodor Amadeus), mais sans pouvoir éviter hélas le pédophile , ami des enfants, à l’inverse de l’ogre de Charles Perrault, dévoreur d’enfants, donc pédovore, comme le prince Ogrousky de Victor Hugo qui mérita amplement l’apostrophe du poëte: « Vous qui cherchez à plaire, ne mangez pas l’enfant dont vous aimez la mère ! ».

Admettons qu’il y a un pas de la pédophilie à la pédophobie que ne franchissent ni tous les ogres ni tous les poëtes. Que dire alors d’Alfred Jarry qui répondit à la question : « Aimez-vous les enfants ? », ainsi : – «  oui, bien cuits ! » . Tous ces littérateurs qu’il ne faudra plus lire ! On ne rit plus !, c’est la nouvelle Doxa. On ne lit plus, non plus ! Alors que fait-on ? On brûle les bibliothèques, comme dans la province de l’Ontario au Canada, où l’on a saccagé et proscrit le charmant Tintin. Brûlons aussi le Général De Gaulle, tant qu’on y est. N’a-t-il pas confié à un journaliste : « En fin de compte mon seul rival international c’est Tintin ? ».

L’Eglise quant à elle a compris d’où venait le danger et a débaptisé en toute hâte un saint  connu sous le nom de pédophile,  car il aimait les enfants ce que ce nom veut littéralement dire, pour ne pas prêter à la confusion. Mais à la confusion l’on prête un peu trop justement, elle ne remboursera jamais. A-t-on vu d’ailleurs la confusion mettre la main à la poche ? Adieu Hugo, adieu Jarry, adieu Gautier aussi, bien sûr, car de Théophile à Pédophile il n’y a que la différence qui sépare le « p » du « t ». Tout un programme !

La dernière trouvaille des interdicteurs (quel joli mot, il fallait y penser) c’est qu’après l’interversion des genres, l’on a inventé l’adjectif « genré ».  Adjectif ?

Inadjectif plutôt, inapte, inepte, insane. Généré eut été à mon sens plus correct, l’étymologie nous ramenant au latin genius, d’où sont venus gendre, genre, génie, génération, genèse, et la règle euphonique imposant la présence d’un «e » muet après le « n ». Tant pis ! La langue, ça ne sert à rien qu’à compliquer les rapports humains en instituant des barrières sociales, autant de haies à sauter par l’acquisition de connaissances, forcément inégalitaires, car celui qui  domine  par le savoir  en sait donc trop aujourd’hui ! Comme on est loin des lamentations du pauvre François :

Hé! Dieu ! Si j’eusse étudié

Au temps de ma jeunesse folle,

Et à bonnes mœurs dédié,

J’eusse maison et couche molle !

Mais quoi ! Je fuyais l’école,

Comme fait le mauvais enfant.

En écrivant cette parole,

À peu que le cœur ne me fend.

Cinq siècles ont passé. On peut encore lire Francois Villon. Pour combien de temps encore ? Ecoutez le bien :  Ah si j’eusse étudié…

Une langue se meurt….

Le pays va suivre!

Jean-François Marchi


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