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Orséry, la start-up qui imprime vos livres en 8 minutes

Fondée par Christian Vié en 2013, la start-up entend révolutionner le marché de l'édition en proposant de l'impression à la demande directement en librairie. Adossé au leader mondial de l'impression, Ricoh, et soutenu par des éditeurs, Orséry se rêve en futur « GAFA européen ».  

Entreprendre - Orséry, la start-up qui imprime vos livres en 8 minutes

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Fondée par Christian Vié en 2013, la start-up entend révolutionner le marché de l’édition en proposant de l’impression à la demande directement en librairie. Adossé au leader mondial de l’impression, Ricoh, et soutenu par des éditeurs, Orséry se rêve en futur « GAFA européen ».
 

Que faisiez-vous avant de lancer Orséry ?

Christian Vié : J’ai reçu une double formation d’ingénieur et de commercial. J’ai été consultant et j’ai dirigé de très gros projets informatiques autour des ressources humaines à la Société Générale, chez Areva, Orange et au Ministère des affaires étrangères.

En 2012, vous quittez l’univers des grands groupes pour devenir entrepreneur. Pourquoi ?

Tout a basculé lors d’un dîner durant lequel un entrepreneur a parlé à ma femme de l’impression à la demande en vogue aux Etats-Unis. Nous avons trouvé l’idée intéressante. J’ai voulu aller plus loin en le proposant directement en librairie. Je suis allé à la rencontre des éditeurs, des libraires, des distributeurs… Je voulais comprendre le marché pour le réinventer.

En juillet 2013, vous lancez Orséry avec trois associés…

Après avoir quitté Areva, j’avais travaillé un an en « sous-marin » sur mon temps de chômage pour tester le marché. Lorsque nous avons démarré en 2013, nous n’avions aucune technologie, juste une idée et un début de modèle économique. Cela fait 6 ans que je travaille sur ce projet et l’histoire commerciale commence tout juste.

 

Que propose exactement Orséry ?

On veut lutter contre un syndrome : les lecteurs ne vont plus dans les librairies de proximité car ils ne trouvent que trop rarement le livre qu’ils cherchent. Avec Orséry, votre livre sera toujours disponible : il vous suffit de l’imprimer chez votre libraire en moins de dix minutes sur une imprimante industrielle. C’est plus rapide qu’Amazon, plus économique et plus écologique. Il est aussi possible de personnaliser son livre : polices pour les dyslexiques, caractères agrandis… Nous confions du matériel professionnel d’impression à des non professionnels. Les volumes potentiels sont gigantesques. Dans 10 ans, il sera normal d’imprimer son livre en librairie.

« Vous pouvez imprimer votre livre chez votre libraire en moins de dix minutes sur une imprimante industrielle. C’est plus rapide qu’Amazon, plus économique et plus écologique »

Combien avez-vous déjà déployé de machines en France ?

Nous comptons trois machines dans les espaces culturels Leclerc et trois autres vont suivre rapidement. Nous sommes également présents chez Cultura.

Combien proposez-vous de livres ?

Notre catalogue comporte 6000 titres. Nous visons entre 60 000 et 70 000 livres dans les mois à venir. Avoir un catalogue complet prendra plusieurs années. L’idée, c’est que d’ici 2-3 ans, les gens se disent : « je vais sur Orséry car ils ont tout ».

Vous êtes en train de créer un nouveau marché. Quel est son potentiel ?

Nous suivons une stratégie de type « océan bleu » (créer un marché vierge de toute concurrence, NDLR). Quand le marché va s’ouvrir, la seule limite sera notre propre capacité à fournir.

La situation actuelle du secteur du livre vous favorise-t-elle ?

L’offre est pléthorique mais la demande est très morcelée. Une librairie réalise un tiers de son chiffre d’affaires sur des livres vendus à plus de 10 000 exemplaires, et deux tiers sur ceux à moins de 10 000. Alors que tout le monde se focalise sur les bestsellers, nous renversons la table en visant exclusivement les livres vendus à moins de 2000 exemplaires (30 à 35 % du CA d’une librairie, NDLR). Sur ces petits volumes, les taux de retour sont énormes. Notre ambition est que le bas de la pyramide redevienne rentable.

Avec cette solution, n’êtes-vous pas en train d’ubériser le marché de l’édition ?

Au contraire ! Nous sommes l’une des rares start-up à vouloir « jouer » avec les acteurs historiques en les aidant à augmenter leurs marges, soit l’inverse d’Uber ou Airbnb. Nous n’avons aucune vocation à remplacer les éditeurs, nous sommes complémentaires.

Et par rapport à Amazon ?

Nous sommes une vraie alternative car nous permettons aux libraires et aux éditeurs de se diversifier. Notre idée est de remettre du commerce de proximité dans les centre-villes et de développer l’emploi dans les territoires. Le livre est un objet magique, il crée du lien social et favorise l’échange, c’est un remède contre la solitude.

Hervé de la Martinière, fondateur du groupe La Martinière, vous soutient depuis le début. Mais comment ont réagi les autres éditeurs ?

C’est un monde très conservateur, sur la défensive. Nous n’avons reçu quasiment aucun coup de main de la profession… Les grands éditeurs sont un peu comme les supertankers : leur faire prendre un virage est une manœuvre complexe. Mais avec l’intérêt des petits éditeurs pour notre solution et les premiers déploiements de nos machines en magasin, ils finiront par suivre, nous ne sommes pas inquiets.

« Orséry a vocation à devenir un géant européen, un équivalent des GAFA américains ou des BATX chinois »

Quid de votre modèle économique ?

On vend un service en mettant à disposition une machine, des consommables, des logiciels, et une prestation de maintenance. Nous nous rémunérons au nombre d’exemplaires imprimés après avoir versé une part à l’éditeur et à la librairie sur chaque livre. Nous sommes une sorte d’agrégateur entre les fournisseurs de contenus et les points de vente. Orséry se finance en évitant la surproduction et en fluidifiant les flux. Dans la mesure où chaque impression correspond à une vente, il n’y a pas d’invendus ou de surproduction : c’est rentable pour le libraire et l’éditeur.

Si votre plan se déroule comme prévu, où en sera Orséry dans 10 ans ?

Très très loin. Orséry doit devenir un acteur majeur de la culture dans le monde. On doit devenir l’un des géants européens, l’équivalent des GAFA américains ou des BATX chinois. La révolution engendrée par Orséry équivaut au passage de l’ordinateur professionnel au PC de bureau il y a 30 ans.

Les machines d’Orséry ont été produites par le groupe japonais Ricoh (15 Mds€ de CA en 2016). Que vous apporte ce partenariat ?

Ils sont capables de déployer notre solution dans plus de 200 pays. Ce sont leurs techniciens (1000 techniciens de maintenance rien qu’en France, NDLR) qui s’occupent de la maintenance. Je conçois Orséry comme une tour de contrôle.


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