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Michel Onfray : « Nous avons un État maastrichtien qui impose le libéralisme »

Michel Onfray est interviewé par Benjamin Duhamel sur RMC/BFMTV à Paris, France, le 3 mars 2023 Photo by Alain Apaydin/ABACAPRESS.COM

Extrait de l’émission Face aux territoires, réalisée en partenariat avec Géostratégie magazine (Groupe Lafont Presse), et présentée par Cyril Viguier en direct chaque jeudi matin.

Tom Benoit : La sédimentation de règles, de lois, et de taxes également – motivantes ou ayant pour objet de condamner -, n’a jamais été aussi considérable. Particulièrement sur le sol européen. Ne manque-t-on pas aujourd’hui d’un caractère libéral en Europe ?

Michel Onfray : D’abord il faut s’entendre sur ce que signifie le mot libéral. Parce qu’entre sa signification au 18e siècle…

Au sens de Locke ou d’Adam Smith.

Absolument. Là c’est autre chose, par rapport au libéralisme d’aujourd’hui. À cette époque-là, vous avez la plupart du temps une monarchie assez autoritaire. On réagit à la monarchie autoritaire de Louis XIV par exemple, et on dit : “Si on pouvait être plus libéral dans l’éducation, dans la presse… ça ne serait pas plus mal”.

Même sur les sujets purement économiques.

Bien sûr. Laissez-faire, laissez-passer.

La main invisible

La main invisible. Je ne crois pas à la main invisible (sourire) – mais ça, c’est un libéralisme qui ne va pas contre ma fibre libertaire.

Si le libéralisme consiste à laisser le marché faire la loi, alors allons-y, mais vraiment. On a un néolibéralisme. Ça n’est pas tout à fait la même chose. Là, nous avons un État maastrichtien qui impose le libéralisme.

Ça n’est plus du libéralisme, c’est de la supercherie !

Bien sûr. L’ensemble de la presse française fonctionne uniquement grâce aux subventions de l’État.

Des pans entiers de l’économie aussi… Cela me fait penser à Hubert Védrine qui, il y deux ans, au sortir de l’enregistrement d’une émission, m’avait fait remarquer un point intéressant. Les mouvements altermondialistes ont été traditionnellement investis par la gauche, alors que l’altermondialisme n’était pas nécessairement une contradiction exclusivement de gauche. Avez-vous l’impression que l’on assiste aujourd’hui à un altermondialisme de droite ?

Droite, gauche… C’est compliqué aujourd’hui. Je pense que la droite et la gauche sont fractionnées par des souverainistes et des gens qui ne le sont pas. Effectivement il y a une droite souverainiste, une gauche souverainiste. C’est un peu le problème que nous avons à Front Populaire.

Vous êtes toujours un homme de gauche ?

Je le pense. Si vous dites, je ne suis pas communiste au sens de Fabien Roussel, je ne vote pas pour le candidat socialiste, je ne vote pas Mélenchon. On dit automatiquement : “Vous n’êtes pas de gauche, donc vous êtes de droite et vous êtes d’extrême-droite”. Non. La gauche proudhonienne existe aussi.

La gauche proudhonienne c’est la gauche socialiste pour ainsi dire…

C’est la gauche de l’invisibilité et des provinces…(Extrait)

Propos recueillis par Tom Benoit


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