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Le zoo de Beauval : une saga familiale hors du commun

À l’origine, la famille Delord possédait quelques oiseaux dans son jardin. Elle est aujourd’hui à la tête d’un des plus beaux parcs animaliers du monde. 

Entreprendre - Le zoo de Beauval : une saga familiale hors du commun

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À l’origine, la famille Delord possédait quelques oiseaux dans son jardin. Elle est aujourd’hui à la tête d’un des plus beaux parcs animaliers du monde. 

Pas peu fier, Beauval a accueilli le 11 septembre dernier François Hollande. Qui l’aurait cru ? Certainement pas Françoise Delord ! Comment celle qui présentait les spectacles de Brel et Brassens à Bobino aurait-elle pu imaginé fonder l’un des plus importants zoos d’Europe ?

Et pourtant, pendant 2 heures, le président de la République, a parcouru les allées du zoo situé dans le Loir-et-Cher. Surtout, il est le premier chef d’État français à se rendre en visite officielle dans un zoo, dans un contexte pourtant extrêmement tendu de crise des migrants. Et si François Hollande a pris la peine de se déplacer, ce n’est pas uniquement parce que Beauval fête ses 35 ans, mais bien parce que ce n’est pas un zoo ordinaire.

Accueillant plus de 1 million de visiteurs chaque année, Beauval est l’un des fleurons du tourisme français. «C’est une véritable reconnaissance : pour notre entreprise mais aussi pour le travail accompli quotidiennement par tous les parcs zoologiques de France. C’est une belle victoire pour toute la profession !», se réjouit Rodolphe Delord, 44 ans, directeur général du zoo et président de l’Association française des parcs zoologiques.

Lors de cette visite, le dynamique quadra ne s’est pas gêné pour lui faire part de ses revendications et inquiétudes, notamment en termes de fiscalité. Taxé historiquement à 5,5%, au même titre que l’ensemble des parcs zoologiques, sous le quinquennat socialiste, Beauval a vu ses charges augmenter en même temps que la TVA aujourd’hui à 10%.

«Je lui ai demandé de revenir au taux raisonnable 5,5%, celui auquel nous aurions dû rester, afin de faciliter les investissements autant que les embauches». Il espère être entendu… même si la langue de bois de François Hollande ne fait guère de doute. «De toute manière, j’ai l’impression qu’il est difficile de vous dire non, à vous…», a-t-il rétorqué avec un sourire de circonstance.

Un empire animalier

En effet, difficile de dire non à ce chef d’entreprise et sa famille, propriétaire du plus grand et du plus beau zoo de France. Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Beauval est le premier site visité en région Centre et l’un des parcs animaliers les plus fréquentés d’Europe, avec plus de 1 million d’entrées par an.

Outre les 600 espèces et 7.000 animaux qu’il dorlote et expose, le zoo accueille également le plus grand nombre d’espèces rares dans l’Hexagone, koalas, gorilles, okapis et autres tigres blancs en tête. Près de 80 soigneurs, vétérinaires et biologistes sont mobilisés au quotidien pour veiller au bien-être des animaux aux quatre coins du parc de 35 hectares, sur les 300 salariés du zoo (500 en haute saison, soit 9 M€ de masse salariale).

À cela s’ajoutent 800.000 € de nourriture, dont 150.000 € pour les seuls koalas (exclusivement nourris d’eucalyptus importés du Royaume-Uni), la communication (4 M€), les charges fixes (eau, électricité… 600.000 €)… et les taxes (800.000 €). Budget total : 18 M€. Enfin, l’échange et le transfert d’animaux s’opèrent dans le cadre d’un programme d’élevage international, certaines acquisitions d’espèces rares se révélant être un lourd investissement (lire «Deux pandas géants, symboles de l’amitié franco-chinoise»).

Plus qu’un zoo

Pour que les familles puissent profiter du spectacle animalier sur plusieurs jours, les Delord ont investi près de 30 M€ dans un complexe hôtelier de 900 lits. Un investissement important pour le groupe, mais le signe d’une vitalité économique et d’une stratégie gagnante.

D’ailleurs, le CA de la PME passe de 30 M€ en 2014 à 40 M€ en 2015, la famille finançant l’ensemble de ses investissements en fonds propres et par l’emprunt bancaire (30 M€ d’endettement). Les recettes proviennent exclusivement des entrées, du merchandising lié à l’activité des boutiques de souvenirs, de l’hôtellerie et des points de restauration installés dans le parc.

Pour faire fonctionner la machine, pas moins de 500 personnes en haute saison : soigneurs animaliers mais aussi fiscalistes, maçons, électriciens, serveurs… «Nous avons même mis en place une usine de méthanisation [un investissement de 2,5 M€, NDLR] qui recycle les déchets de nos animaux.

Transformés en gaz, ils nous permettent de chauffer certaines cages : la maison des éléphants, la serre des gorilles et le bassin des lamantins, notamment», indique fièrement Rodolphe. Au total, le groupe investit entre 5 et 10 M€ chaque année. «Actuellement, nous construisons de nouvelles installations pour accueillir des hippopotames dans un biotope africain de 1 hectare, pour 7 M€», confirme l’entrepreneur.

 

Deux oiseaux en cadeau

Des sommes vertigineuses, bien loin de la petite volière de Françoise Delord, nichée sur un balcon parisien, il y a près de 40 ans. À l’époque, la jeune femme rêve plutôt d’intégrer le show-biz parisien. Après des études de théâtre, elle présente d’ailleurs les spectacles de Brassens, Barbara, Brel… à Bobino.

Un jour qu’elle abonne sa fille de 3 ans, Delphine, à un magazine de mode pour enfants, elle reçoit en cadeau deux perruches. Sa passion dévorante était née. L’élégante Parisienne achète toutes sortes d’oiseaux exotiques (cacatoès, toucans…) et les installe sur son balcon, qu’elle a fait grillager pour l’occasion.

Très vite, elle doit faire un choix : sa carrière ou ses oiseaux. La décision s’impose à Françoise Delord, qui déménage à la campagne, dans la petite commune de Saint-Aignan (Loir-et-Cher). C’est à partir de l’exposition de ses 2.000 oiseaux en 1980 que débute le fabuleux succès du zoo de Beauval.

Une réussite familiale, celle d’une mère, souvent prise pour une «folle» lors de son arrivée à Saint-Aignan, de sa fille Delphine, 48 ans,  aujourd’hui directrice de la communication, et de son fils Rodolphe, directeur de l’entreprise. «Notre réussite, nous la devons avant tout à notre passion viscérale pour les animaux, mais aussi à notre volonté infinie de construire et de développer sans cesse. Nous sommes des bâtisseurs !». Un bel exemple à suivre.


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