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La prometteuse start-up Remade Group rachète Save

En quelques années, la jeune pousse normande s'est imposée dans le reconditionnement des smartphones. Acteur majeur de l'économie circulaire, elle prend d'assaut le marché de la réparation en rachetant Save.  

Entreprendre - La prometteuse start-up Remade Group rachète Save

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En quelques années, la jeune pousse normande s’est imposée dans le reconditionnement des smartphones. Acteur majeur de l’économie circulaire, elle prend d’assaut le marché de la réparation en rachetant Save.
 

Matthieu Millet est de ceux qui ont gravi tous les échelons. Entré comme apprenti chez Satelec, qu’il préside puis rachète à 23 ans, il est aujourd’hui le président fondateur de Remade Group. Depuis sa création en 2011, la jeune pousse connaît un développement fulgurant sur le marché des smartphones «reconditionnés», ces appareils d’occasion réparés, repackagés et revendus de 15 à 40% moins cher qu’un modèle neuf.

Dans la baie du Mont Saint-Michel, l’usine Remade tourne à plein régime, recevant des milliers de portables endommagés chaque jour.

«Nous avons un réseau d’approvisionnement en BtoB, principalement des opérateurs télécoms, des assurances et des spécialistes du déstockage. Nous travaillons nos fournisseurs pays par pays», explique le dynamique entrepreneur. Cet ex-réparateur de téléviseurs de 38 ans a de quoi se réjouir : avec 500.000 appareils écoulés en 2016, son groupe affiche près de 133 M€ de CA (23 M€ il y a seulement 2 ans).

Sa recette ? «Nous avons focalisé notre métier sur le processus de recyclage et non uniquement la réparation, et nous avons adressé la GSA et la GSS [Grande Surface Alimentaire et Grande Surface Spécialisée, NDLR], essentiellement en opérations catalogues au début. La grande surface comprend désormais qu’il y a un segment à prendre et nous entrons dans les rayons. Notre stratégie de développement est de devenir des permanents dans les magasins», explique le P-DG.

Afin d’assurer sa rentabilité, la jeune pousse s’est d’abord centrée sur les produits Apple, dont la valeur de transaction est plus élevée, même d’occasion.

«Nous ne voulions pas nous disperser sur trop de marques car notre R&D en aurait souffert. Celles qui n’avaient pas les mêmes valeurs résiduelles à échéance d’un an ont été privilégiées, c’est le cas des produits Apple. Nous avons attendu que des marques émergent avec des valeurs résiduelles à échéance d’un an plus élevées pour les recycler». Pour se développer, Remade Group a levé 17 M€ fin 2015 auprès de Novi 2 et Alter Equity, gérés par Idinvest Partners, après avoir débuté son aventure sur les fonds propres de l’entrepreneur.

Intégrer toute la chaîne

Chez Remade Group, la distinction est importante entre le métier de la réparation et celui du reconditionnement. «Réparer, c’est rétablir un produit en panne. Le reconditionnement, c’est diagnostiquer tout le téléphone et être capable de changer les composants qui pourraient lâcher.

On déconstruit, on vérifie et on ré-assemble pour donner au consommateur une qualité d’expérience totale». La réparation d’un smartphone demandant un savoir-faire particulier, Matthieu Millet a ouvert la Remade Academy, qui dispense 400 heures de formation aux personnes intéressées de rejoindre les 700 salariés du groupe. Une initiative mise en place avec Pôle Emploi, et qui débouche sur un CDI pour tous les participants.

«Tout le monde a sa chance, il suffit d’avoir envie et d’être un peu manuel. Le salarié bénéficie ensuite de 400 heures de formation supplémentaires la première année d’embauche». La start-up recrute à tour de bras : 150 créations d’emplois d’ici la fin du mois !

Pour poursuivre son expansion, le Normand à l’esprit conquérant vient de racheter un acteur complémentaire à son business. Fin avril, Remade a avalé Save, start-up leader de la réparation express d’objets connectés en redressement judiciaire. Matthieu Millet ajoute ainsi une nouvelle corde à son arc.

«Notre stratégie est d’intégrer toute la chaîne de valeur de notre métier, au niveau de l’achat, du traitement et de l’esthétique du produit. Nous voulons développer notre capacité à réparer sur un réseau». Dans cette logique de conquête, Remade Group entend conserver la marque Save, ses 200 salariés et ses 70 points de vente.

Le P-DG s’apprête également à franchiser l’ensemble des corners Save afin d’accélérer son déploiement sur l’Hexagone, et à lancer une application mobile qui orientera les clients vers le point de réparation le plus proche ou les mettra en contact avec un technicien qualité.

Déjà, début 2016, la jeune pousse basée à Poilley avait mis la main sur Pixmania, ancien géant de la vente en ligne spécialisé dans le matériel high-tech. «Nous avons besoin de plusieurs briques. L’activité Web, qui est notre grand laboratoire, l’endroit où l’on teste l’avenir, et le reste, comme le rachat de sociétés complémentaires, qui nous permet de bâtir notre business. Nous cherchons à mutualiser pour réduire les coûts… et baisser les prix. Résultat ? Nous augmentons notre présence à l’achat !», se réjouit Matthieu Millet.

Le reconditionné représente près de 2 millions de smartphones vendus l’an dernier selon l’institut GFK, contre 20 millions de neufs. L’empilement d’activités de Remade Group devrait ainsi lui permettre de s’imposer face à une concurrence de plus en plus sérieuse.

L’appel de l’international ?

La start-up possède un réseau de distribution fourni. Carrefour, Auchan, SFR, Vente Privée ou encore la Fnac vendent ses appareils, souvent en marque blanche, afin de répondre à une demande qui a explosé depuis 2 ans. Face à cette augmentation, Matthieu Millet a déjà posé le pied à l’étranger, notamment en Espagne et aux États-Unis, et entend bien poursuivre sur cette voie.

«Les process que nous avons développé ne peuvent pas l’être dans tous les pays de manière autonome. C’est pourquoi nous réfléchissons à la franchise industrielle qui nous permettrait d’aller au Mexique et en Chine. Nous nous sommes freinés en privilégiant d’abord le travail dans notre propre usine, en créant ces process ISO qualifiés. Aujourd’hui, ils ont vocation à être dupliqués à l’étranger.

C’est le bon moment car nous avons de l’avance sur nos concurrents». En attentant de partir à la conquête du monde, l’optimiste et ambitieux P-DG vient tout juste de mettre en service une 2ème usine, à Beaucouzé, près d’Angers. Sachant que le marché de l’occasion est le 3ème constructeur mondial de la téléphonie, il est clair que Remade Group n’a pas fini de faire parler de lui !


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