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Eric Favre : « Je suis né pour être un leader »

À 54 ans, l’entrepreneur français revendique un héritage familial teinté de valeurs paysannes et rurales. Le fondateur du groupe Eric Favre (39 M€ de CA en 2017), spécialisé dans le sport, le bien-être et la nutrition, vit l’entrepreneuriat comme une vocation.

Entreprendre - Eric Favre : « Je suis né pour être un leader »

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À 54 ans, l’entrepreneur français revendique un héritage familial teinté de valeurs paysannes et rurales. Le fondateur du groupe Eric Favre (39 M€ de CA en 2017), spécialisé dans le sport, le bien-être et la nutrition, vit l’entrepreneuriat comme une vocation.

Comment peut-on vous décrire ?

Je suis un autodidacte, né sauvage paysan et entrepreneur. J’ai deux enfants, Jonathan (30 ans) et Mathieu (28 ans) et je suis grand-père de deux petits-enfants, Brayden (8 ans) et Elana (1 an). Mon ouvrage « Je suis né sauvage, paysan… et entrepreneur ! » (Editions Terre d’Hommes) retrace mon histoire.

Quelles sont vos passions ?

Je suis très sensible à la nature et à l’écologie. J’ai des passions très hétéroclites comme le sport – VTT, Sports de combat et musculation -, la poésie – Verlaine, Rimbaud et tant d’autres – et le business.

Quelle est votre philosophie de vie ?

Je vis l’instant présent en pratiquant le lâcher-prise, le pardon et l’amour.

Quels sont vos rêves ?

J’ai la chance de vivre mes rêves chaque jour qui sont de pouvoir rester dans l’impression de pouvoir faire ce que je veux quand je veux, où je veux et avec qui je veux. Illusion ou réalité, « that is the question » !

« Je n’ai peur de rien »

Quel entrepreneur êtes-vous ?

J’ai un profil très commercial et je suis assez intuitif. Je n’ai peur de rien mais je reste cependant lucide.

Comment s’organise votre journée type ?

Compte tenu de mes nombreuses activités, je n’ai aucune journée type. J’essaye cependant d’y introduire une heure de sport et de méditation le plus régulièrement possible.

Quelles sont les clés de votre réussite ?

Ma réussite tient à mon énergie naturelle, mon esprit positif et mon instinct de survie. Mes valeurs familiales et paysannes sont ancrées très profondément en moi. La ferme familiale où travaillait toute ma famille il y a 30 ans, et dont mon grand-père était le patriarche, a aujourd’hui été remplacée par le groupe familial au sein duquel je travaille avec mes deux fils et de nombreux membres de ma famille. Je suis devenu à mon tour le patriarche et le chef de famille. Notre entreprise génère beaucoup d’emplois et développe des richesses humaines et matérielles à l’image de ce que faisait l’exploitation agricole d’antan.

Comment a évolué le chiffre d’affaires du groupe ?

Il a progressé de 15,5 % en 2017. Nous avons créé 60 emplois sur ces dernières années. Beaucoup d’autres emplois seront créés à l’avenir en France et à l’étranger.

Votre ancrage local est-il une composante essentielle de l’entreprise ?

Notre implantation en milieu rural, dans les Monts du Lyonnais, fait vivre beaucoup de familles, de commerces et d’artisans. Nous sommes très attachés à cet ancrage au sein d’un univers écologique naturel qui nous ramène à de vraies valeurs rurales. Notre philosophie d’entreprise consiste à rester enraciné en milieu rural tout en nous implantant dans les plus grandes villes à travers le monde. C’est un rêve d’enfant qui se réalise.

Diplômé d’un BEP agricole, vous avez renoncé à reprendre l’exploitation agricole de votre grand père. Pourquoi ?

Longtemps, j’ai cru être libre en exerçant le métier de paysan et en étant proche de la nature et des animaux. J’ai eu un déclic en rentrant de l’armée, j’avais envie de bouffer le monde entier ! J’ai finalement pris conscience que je vivais ce métier comme une prison. J’ai réalisé que j’étais né pour être un leader. Je n’aspirais pas à devenir un chef de troupeau mais je souhaitais être et demeurer le maître de ma propre existence.

« Notre philosophie d’entreprise consiste à rester enraciné en milieu rural »

Comment se sont déroulés vos débuts dans la vie professionnelle en tant que commercial dans le secteur de l’assurance ?

Mes débuts ont été un peu chaotiques car je n’avais pas les compétences mais mon énergie et ma capacité de travail acquises dans l’exploitation agricole m’ont permis d’évoluer très rapidement. Par ailleurs, les valeurs que ma famille m’avait inculquées – toujours aller au bout des choses, être à l’écoute, avoir de la compassion, ne jamais renoncer à ses rêves – m’ont permis de devenir l’entrepreneur que je suis aujourd’hui.

Comment en venez-vous, en 1985, à vendre des produits diététiques ?

Après avoir passé une année dans le secteur de l’assurance, j’ai eu l’opportunité de pouvoir réunir mon goût pour les produits naturels et mon envie de développer ma carrière commerciale. J’ai saisi cette opportunité sans hésiter et accepté un poste de commercial chez Distriborg (devenu Bjorg, Bonneterre et compagnie, Ndlr).

Quels enseignements avez-vous tiré de ces premières expériences ?

Le premier enseignement est que je n’étais pas fait pour être dirigé et subir bêtement une politique d’entreprise qui ne me correspondait pas et dans laquelle je me sentais asphyxié. J’avais pressenti en moi cette incapacité à tolérer l’autorité et à m’exécuter dès mes premières années de scolarité.

Vous décidez ensuite de reprendre vos études dans une école de naturopathie. A quoi correspond cette nouvelle orientation ?

Lorsque j’ai décidé de me mettre à mon compte en 1989, j’ai souhaité compléter ma formation dans le domaine de la santé au naturel qui me passionnait. J’avais à cœur de proposer un service 100% professionnel à mes clients, les magasins diététiques et les pharmacies orientées sur la phytothérapie.

Vous vous lancez dans l’aventure entrepreneuriale en 1993 en créant votre propre société, Les 3 Chênes. Que retenez-vous de la découverte de ce nouvel univers ?

Cette création d’entreprise s’inscrit dans la continuité d’un combat que j’ai décidé de mener à la sortie de l’armée en ne reprenant pas l’exploitation. Ce ne fut qu’une simple étape de ma trajectoire personnelle et professionnelle. Rien ne plus, rien de moins.

« J’ai promis à mon père que le nom de notre famille et de son fils seraient un jour en lettre de feu dans le ciel »

Comment avez-vous réussi à développer la marque au fil des années et à assurer une forte croissance ?

J’ai une vision très puissante de ce que je veux faire dans la vie et de la manière dont je souhaite mener mes entreprises, et notamment mes deux projets – le laboratoire Les 3 Chênes et Eric Favre Wellness – qui sont ancrés en moi avec une foi inébranlable nourrie par une promesse que j’ai faite à mon père et mon grand-père. Concernant Les 3 Chênes, j’ai promis à mon grand-père qui avait le cœur déchiré de me voir abandonner la lignée familiale de paysans, qu’un jour, je créerai une entreprise portant le nom des 3 Chênes que j’implanterai dans le monde entier. Mon père, quant à lui, me rabâchait depuis ma tendre enfance que j’étais et resterai un bon à rien. Je lui ai promis que le nom de notre famille et de son fils seraient un jour en lettre de feu dans le ciel. En dehors de ces deux promesses et de ma vie d’entrepreneur, tout le reste n’est pour moi que littérature.

Comment renouvelez-vous vos idées ?

J’ai la chance de beaucoup voyager. J’ai une curiosité très exacerbée et je suis une véritable éponge qui absorbe et se nourrit de tout ce qui l’entoure. Je n’ai aucune appréhension à me remettre en question chaque jour qui passe et j’ai un goût immodéré pour l’inconnu. Je n’ai peur ni de la réussite ni de l’échec. Cet état d’esprit me permet de vivre chaque jour comme si c’était le premier – et non le dernier ! -, dans l’émerveillement.

Quelle est votre stratégie commerciale ?

La vision que j’ai de mon entreprise est celle d’une vie et non celle d’un simple coup médiatique ou financier. Je me vois chef d’entreprise jusqu’à mon dernier souffle, chef de tribu, chef de famille en ayant sans cesse en tête le développement de ce merveilleux groupe familial à 100% français. Ma stratégie est celle d’un paysan qui sème des graines dans une terre bien travaillée et au fil du vent. Pour résumer, je n’ai jamais cherché mes stratégies, ni dans les livres, ni dans les cabinets de stratégie théorique. Je vis et réfléchis ma stratégie dans l’action.

Quels furent les moments clés du développement du groupe ? Les principaux freins ?

Il est difficile pour moi de vous parler de liberté en évoquant l’existence de clés ou de freins, la vie même d’une entreprise étant constituée de hauts et des bas, d’opportunités et de déboires. Comme tout homme responsable, j’affronte à bras-le-corps les moments plus difficiles avec mes équipes. Toutes les expériences, qu’elles soient positives ou négatives, me rendent encore plus fort qu’hier.

En quoi l’introduction en Bourse du Laboratoire Les 3 Chênes en 2000 fut-il un levier important ?

L’introduction en Bourse n’a pas constitué un important levier sur le plan financier mais elle a probablement joué un rôle sur la visibilité de l’entreprise. J’en retiens une incroyable rencontre avec Louis Thannberger, le pionnier des introductions en Bourse, lequel m’a donné une magnifique leçon en m’ouvrant les yeux sur ce qu’était le monde de la finance. Ce fut une magnifique révélation. Il m’a convaincu d’introduire mon entreprise en bourse, et je peux affirmer aujourd’hui que cette décision a profondément modifiée sa destinée. Le changement opéré n’est pas lié à l’introduction elle-même, mais à ce que cet homme a éveillé en moi. Louis m’a en effet permis de voir plus grand et plus loin.

Quels sont vos ambitions à l’export ?

Aujourd’hui, le groupe travaille dans 70 pays. La marque Eric Favre s’implante à travers des distributeurs, des filiales (Suisse, Maroc, Tunisie), des ouvertures de centres Eric Favre Gym et Eric Favre Store (Inde, Suisse, Tunisie, Maroc, Chine, Dubaï…). Nos ambitions n’ont pour limite que le nombre de pays qui composent le monde.

« Ma stratégie est celle d’un paysan

qui sème des graines »

En 2004, vous avez créé la holding Eric Favre Finance (GEFF) composée d’une petite dizaine de sociétés. Quel est le fil conducteur de ces différentes entités ?

L’idée directrice consiste à mieux segmenter nos offres et nos différents réseaux de distribution, qui sont aujourd’hui organisés en marque (santé, beauté, sport, service, formation…) à travers des réseaux comme les pharmacies, les parapharmacies, les clubs, les magasins de sport, Internet, les clubs et les magasins concept.

Comment analysez-vous l’engouement autour du sport et bien-être ?

Nous avons 20 ans de retard par rapport à des pays comme les États-Unis. Nous avons une population qui vieillit de mieux en mieux et qui a de plus en plus envie de rester performante. Il y a également une évidence que nous défendons depuis des années : l’activité physique est essentielle pour lutter contre beaucoup de maladies moderne (diabète, cholestérol, problèmes cardiaques et cardiovasculaires…). Par conséquent, une alimentation saine et équilibrée, des suppléments alimentaires adaptés et une pratique intelligente du sport sont des facteurs clés pour une vie en pleine santé.

Comment imaginez-vous l’avenir ? Avez-vous des projets en incubation?

Nous avons une multitude de projets avec une mise en place imminente dans le domaine de la santé, du sport et de la formation avec un développement à l’international soutenu, dont je m’occupe depuis 4 ans.

Êtes-vous tenté par une expérience entrepreneuriale dans un autre secteur ou autour d’un autre concept ?

Le sport, la santé, la beauté se déclinent dans tellement de parcelles de nos vies qu’ils se traduisent par l’obligation de toucher à une multitude de métiers pour les décliner et les emmener auprès du citoyen et du consommateur. Il ne me suffira pas d’une vie pour développer de nouveaux projets dans tous ces domaines : Internet, intelligence artificielle, objets connectés, secteur médical, formation, accessoires de sport, chaîne de distribution, etc. Je me réjouis donc d’avoir mes fils à mes côtés et souhaite vivement qu’il puisse continuer de développer cette saga familiale encore très longtemps.

[FIN][FIN][FIN] Les chiffres clés

CA 2017 :

39 M€

avec pour objectif 45 M€ en 2018 et 100M€ à moyen terme

200

salariés

Présence dans plus de

70

pays

Plus de

700

références de cosmétiques et nutrition


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